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pèce de triomphe qu’on nous fait aura-t-il
calmé enfin tant d’appréhensions et mis d’ac-
cord les enthousiastes quand même et les
sceptiques à outrance, ou bien ceux-ci au-
rontbls quelque excuse encore pour sauver
leur amour-propre ?

Mais un fait intéressant à noter, c’est que
ce n’est pas seulement par delà la mer du
Nord que les œuvres de nos artistes empor-
tent la palme et s’emportent. La Belgique
s’est vue dans ces derniers temps presque
dépouillée de tout ce qu’elle possédait en
fait de tableaux. Les frères valider Donckt
pourraient vous en dire quelque chose.
Leurs collections ont été tellement enta-
mées par les achats,qu’ils ont dû faire force
commandes. Ce sont des Américains sur-
tout qui exploitent notre marché, (me per-
mettez-vous le mot, bien qu’il ne se justifie
pas ici dans son sens absolu) qui enlèvent
tout de notre marché, si vous voulez, et,
pour autant que je puisse répondre de l’ex-
actitude de mes renseignements, ils ne dis-
cutent point les prix.

J’ai pu vérifier ce dernier point, de visu,
à l’exposition des aquarellistes. Des dessins
ont été achetés et payés, sans que l’on dé-
battit un instant les chiffres. Et il ne s’agis-
sait pas d’une maigre somme : car la même
personne acquiert parfois quatre, cinq et
six cadres. Quelques prix m’ont été indi-
qués. La belle et puissante aquarelle de
Mrac Bisschop, de La Haye, s’est vendue
5100 frs. Ce n’est point trop. La ravissante
Vue du grand canal de Venise,par Van Moer,
a été achetée 1000 francs, les deux aquarel-
les de Stroobant (la vue d’Heidelberg et le
canal du Rosaire à Bruges), respectivement
600 et 800 frs. Ce n’est pas assez. Mais
toujours est-il qu’on ne discute pas les pré-
tentions des artistes, et c’est là le meilleur
de tous les signes.

L’exposition des aquarellistes est d’ail-
leurs très en vogue et parfaitement accueil-
lie. Elle n’attire pas la foule ; elle n’est
pas faite pour cela. Mais tout ce qui est
réellement amateur s’empresse d’y aller et
y retourne. Le progrès est général. Quel
pas on a fait depuis les premières exposi-
tions ! B y a là des dessins d’une puissance
et d’une vigueur de tonalité qu’il serait bien
difficile, non pas de dépasser, mais d’attein-
dre dans la peinture à l’huile. Soixante trois
exposants, à peine, représentés par \47
œuvres, ce n’est guère pour la quantité.
Mais la valeur cette fois supplée au nombre.
La Hollande, à qui appartient le plus grand
contingent, y compte des artistes vraiment
hors ligne. En tête de tous, il faut citer
Bosboom, et aussi Ch. Rochussen. Le des-

sin de ce dernier, qui représente le Convoi
funèbre de Florent V, comte de Hollande,
se distingue par la science et le talent qui
y sont répandus. C’est un vrai tableau d’his-
toire et tout est d’une exactitude de dessin,
d’une correction de style vraiment remar-
quables. Madame Bisschop,de La Haye,dont
j’ai parlé déjà ci-dessus, a un incontestable
succès avec son aquarelle gouachée : Où est
mon père? M.Allebé, d’Amsterdam, amis de
l’humour et de l’originalité dans ses deux
dessins, en Nourrice et Crépuscule. Les au-
tres artistes néerlandais sont Israëls, David
Blés, Springer, si connus et toujours si in-
téressants, Greive, d’Amsterdam,VanEver-
dingen, d’Utrecht, etc. L’Allemagne a beau-
coup moins de représentants. Cela se conçoit.
Les artistes ont eu d’autres préoccupations
et d’autres occupations pendant les derniers
mois de 1870 et les premiers mois de 1871.
Le temple de Jupiter Olympien à Athènes,
par Louis Spangenberg, de Berlin, est une
œuvre importante et consciencieuse ; et
dans sa Sortie du bois, un autre artiste ber-
linois, M. Engelhardt, a mis un fini qui
n’ôte rien à la bonne impression de l’en-
semble ; il y a là beaucoup de fraîcheur,
d’air et de lumière. Je cite ces deux artis-
tes entre autres.

L’Angleterre, la terre classique de l’a-
quarelle, compte surtout Edwin Toovey
parmi ceux de ses peintres qui sont venus
soutenir la réputation des trois royaumes.
Edwin Toovey, que nous avons connu par-
mi nous, que nous avons vu commencer et
grandir, est actuellement un des aquarel-
listes les plus remarqués du Salon. II a le
sentiment de l’étendue. Ses deux Vues de
file deWight et duYorkshire sont très bien
rendues, d’un faire facile et d'une excel-
lente composition.

Quant aux Italiens qui s’étaient toujours
montrés si empressés à nous faire des en-
vois, au talent et au mérite desquels nous
avons toujours applaudi et dont nous avions
tant de plaisir à admirer les productions,
ils se sont complètement abstenus. Il y avait
dans cette circonstance matière à sensation.
L’exposition manquait ainsi d’un de ses élé-
ments de succès et de vogue. Aussi les
commentaires n’ont-ils pas manqué pour
expliquer cet événement, et, malgré les
bruits qui ont couru et qui courent encore,
jamais je ne consentirai à croire que c’est
une sorte de ressentiment politique qui a
inspiré cette petite bouderie , ce serait
puéril. Le fait est qu’ils ont annoncé pure-
ment et simplement et en termes d’ailleurs
fort polis et fort gracieux, qu’ils n’avaient
rien à exposer cette année.

Nos comptes réglés avec l’étranger, nous
pouvons nous occuper de nos compatriotes.
El je me hâte de le constater, non sans un
sentiment d’orgueil, la plupart d’entre eux
occupent une place fort distinguée.

Les Clays, les van Moer, les Cluyse-
naar, les Hermans, les Wauters, les De
Mol, les Huberti, sont des plus remarqua-
bles. Ce sont eux surtout qui ont marqué,
par la sincérité et les qualités de toute na-
ture régnant dans leurs aquarelles, ce
progrès si extraordinaire dont je vous par-
lais tout à l’heure. Il y a chez tous une
franchise d’allures, une manière d’être, de
comprendre et de rendre, qui frappent et
saisissent.

Ce n’est point que les autres, tels que
Lauters, Pecquereau, Roelofs, Kubnen,
Dell’Acqua, n’aient point aussi une réelle
valeur. Mais il y avait, ce me semble, un
dernier degré à franchir, un je ne sais quoi
à atteindre, qui se trouve déjà dans les
uns et n’est pas encore tout entier dans les
autres.

Notre pauvre et regretté Simonau a six
dessins dont quelques-uns rappellent ce
qu’il a fait de mieux, lui qui a été si
longlemps un de nos plus forts aquarel-
listes.

Je vous ai annoncé par une petite note
que vous avez fait passer dans les faits di-
vers de votre dernier numéro, les résultats
du concours pour le modèle du monument
qu’Anvers va élever à Leys. Si mes rensei-
gnements sont exacts et j’ai lieu de les
croire tels, le projet de De Braekeleer est
très bien conçu et le monument aura des
proportions réellement grandioses.

J’espère être à même de vous donner
dans mon prochain courrier, quelques dé-
tails sur l’exposition de Londres et sur les
œuvres d’art que les différents pays y ont
envoyé. E. G.

P. S. On a eu la bonne idée de réunir un
certain nombre de tableaux de Navez et de
les exposer dans la galerie Ghémar, rue du
Persil On y a soumis aussi à l’examen du
public, les études du maître pendant qu’il
était à l’atelier de David, et je vous assure
que cette exhibition offre le plus vif intérêt.
Jamais peut-être il n’avait été donné à per-
sonne de mieux apprécier le mérite et le
talent de l’ancien et vénéré chef de l’Aca-
démie de peinture de Bruxelles. M. Louis
Alvin, dans son excellente biographie de
Navez, avait su faire estimer tout à la fois
l’homme et l’artiste. L’exposition qui est
ouverte est,quant au jugement à porter sur
ce dernier, un complément très-éloquent
 
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