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148 —

prendront à se connaître, à se comprendre
ei à s’aimer. Etudions les gloires de l’esprit
en nous transportant dans ce domaine idéal
qui échappe par sa nature à toute contro-
verse, à toute question irritante et où tous
les esprits élevés et tous les nobles cœurs
se rencontrent sur un terrain commun et
dans un sentiment unanime : l’étude et la
contemplation du beau.

» Au sein des pénibles labeurs, des souf-
frances et des désillusions de la vie, au
milieu des agitations qui passent et des lut-
tes stériles où les caractères se rapetissent
et où les esprits s’épuisent, allons nous
abreuver souvent à ces sources intarissables
et toujousjaillissantesoù les âmes se retrem-
pent dans les inspirations de l’art,de la scien-
ce, de la vertu, du génie, à cette fontaine
de Jouvence qui descend des collines éter-
nelles. »

LE SALON DE GfAND.

(deuxième article.)

A côté de ceux qui s’élèvent, nous voyons
avec une profonde peine ceux qui tombent.
Nous n’avons jamais épargné à M. van Lerius
les éloges, alors que ceux-ci lui étaient dus,
et même nous avons quelquefois, peut-être
avec plus de courage que de bonheur, dé-
fendu cet honorable artiste contre des atta-
ques un peu vives. Aujourd’hui, notre sévé-
rité ne saurait être trop grande et elle ne
fait, après tout, que refléter le sentiment
public. La délivrance des vierges de Venise est
une toile malheureuse dans laquelle on au-
rait grand’peine à retrouver l’auteur de cette
Cendrülon qui eut jadis un si légitime suc-
cès. L’artiste nous saura gré, pensons-nous,
de chercher à pallier sa défaite d’aujourd’hui
en rappelant son triomphe d’autrefois.

M. V an Camp est encore un de ceux qui
après avoir donné de grandes espérances., se
sont fourvoyés dans la recherche d’un systè-
me. C’est dans cette recherche que se noient
aujourd’hui des qualités sérieuses auxquel-
les nous avons applaudi des premiers. M.Van
Camp fait au Salon de Gand, dans ses ta-
bleaux de genre,du coloriage et non pas de
la peinture. C’est grand dommage,en vérité,
de voir tant de talent aboutir à si peu de
chose.

Les Orphelines, de M. Van Hove, ont été
trop vantées. C’est déjà un ancien tableau
qui a deux torts. Le premier de ne signifier
absolument rien, pas même des orphelines.
Le second d’être d’une grandeur insolite.
Comme peinture, c’est assez louable, mais
cela ne dépasse en quoi que ce soit les limi-
tes de la peinture ordinaire. L'inquiétude
nous représente une tète de femme admira-
blement modelée et des mains d’un réalisme
brutal ; l’ensemble manque totalement de
distinction.

M. Portaels est toujours ce maître aux
allures remarquablement élégantes et qui
sait répandre sur ses œuvres une poésie dra-
matique dont il a le secret. L’intrigue est,
dans son genre, l’œuvre capitale du Salon,
non-seulement comme pensée, mais aussi

commeexécution. Vanneaude mariage, d’une
tonalité plus riche, constitue également un
des succès du Salon, mais nous devons
avouer ne pas comprendre le sentiment
d’indicible tristesse qui s’est emparé de la
jeune femme à la vue de cet anneau de ma-
riage qui devrait lui inspirer des pensées
moins sombres. Y a-t-il,sous entendu,un dra-
me dont le sens nous échappe ? M. Portaels
n’a pas eu ici, dans ce génie Shakspearien
qu’il s’est si bien approprié depuis quelques
années, toute la clarté voulue.

M. Verlat a une admirable souplesse de
talent. Le Salon de Gand possède de lui un
portrait de Liszt, d’une facture très vi-
goureuse et très originale ; un portrait de
dame en peinture mate (peinture, disons-
le en passant, qui ne convient nullement
à reproduire les transparences fines et dou-
ces de la peau des dames). Ce dernier por-
trait est d’un dessin fier et gracieux à la
fois. Comme expression, il a un grand char-
me et dépose dans le souvenir du specta-
teur une trace qui y reste. Les Moutons,
toile vaste et bien remplie, nous représente
le talent du maître anversois dans une de
ses manifestations si multiples. C’est tou-
jours le même bonheur dans la composi-
tion et la même puissance dans le rendu.
M. Verlat, est, à coup sûr, un des peintres
les plus personnels (quoique, et peut-être à
cause de cela, des moins soumis à un sys-
tème ou à un genre) qu’ait produits l’école
contemporaine belge. Comme toujours, l’é-
tranger qui sait mieux que nous profiter de
nos richesses, nous a enlevé M. Verlat pour
fortifier l’enseignement de ses artistes.
Quand donc comprendra-t-on que sous l’in-
signe honneur qu’on fait à la Belgique, il y
une amère ironie et une cruelle leçon. Un
jour peut-être aurons-nous à revenir sur
celte question.

M. Lagye est allé très loin cette fois-ci
avec sa Marguerite à l'église. C’est une œuvre
presque complète et d’un attrait irrésistible.
Pensée, composition, exécution, tout y est.
Nous sommes heureux de pouvoir enfin fé-
liciter sans restriction un artiste auquel de-
puis longtemps nous avons dit, Dieu merci !
des vérités assez dures. On nous croira
donc quand nous faisons ici l’éloge de l’œu-
vre qui marquera dans la carrière du maître.
Les deux autres tableaux du même ont des
lourdeurs et des minuties qui en gâtent les
bons côtés.

M. Gussow, un Allemand de Weimar, a
exposé une chose charmante qui fait rage à
l’exposition : Le portrait de l’amant. C’est
une jeune fille qui vient de recevoir un por-
trait chéri;toile d’une naïveté d’expression
à nulle autre pareille et aussi très naïve d’exé-
cution. Il est presqu’impossible de ne pas
rire de la joie sereine et vive qui éclate sur
cette physionomie ouverte, franche et si
palpitante de vérité.

Un autre Allemand, de Dusseldorf, M.As-
chenbraich, nous a envoyé une Madone avec
l’enfant Jésus, où règne malheureusement
un parti pris d’imitation servile des maîtres
du genre à côté d’un talent incontestable.

C’est d’un effet direct qui ne laisse pas que
d’impressionner vivement.

La ville de Gand a le droit d’être fière de
ses artistes. En effet, après les frères De
Vriendt dont nous avons parlé (M. Lagye est
aussi gantois,pensons-nous, ainsi que M. Van
Hove), nous trouvons au Salon M. Tytgadt,
qui marche à pas de géant et dont le voyage
en Italie a réglé le talent. Les quatre tableaux
de cet artiste sont d’une valeur sérieuse,
surtout ses deux beaux tableaux religieux,et
nous montrent un peintre dont notre école
pourra s’enorgueillir s’il continue, avec la
même persistance et dans les mêmes pro-
portions, à suivre sa voie. Nous avons re-
marqué chez lui une intelligence juste, une
manière sage et habile et un sentiment très
exact de la nature; M. Adolphe Diilens ex-
pose Les patineurs sur le Zuiderzee, peinture
grasse, ciel profond, types vrais, nature
exacte. Cet artiste qui revient d’un voyage
en Espagne, nous prépare, dit-on, des ta-
bleaux d’observation charmants ; M. Cogen
qui, lui aussi, est en progrès. Son iJaysage
des Ardennes, son Faucheur et son Repos en
fenaison ont une saveur toute flamande q ui
fait bon de déguster. Un ciel vaste etpur,gé-
néralement pris vers l’heure dernidi,des sites
simples et vrais, des ombres franches, une
lumière vive, un je ne sais quoi qui devien-
dra le type de sa manière, se rencontre là et
vous pénètre immédiatement ; les deux de
Cock qui ont pris à l’étranger une façon
primesautière et tout à fait superficielle de
rendre la nature sans contraste, et, disons-
le, sans tact, ont exposé des œuvres dont
on a grand tort de s’engouer. Ces artistes
ont beaucoup de talent, mais ils sont tom-
bés dans l’afféterie et le maniérisme à force
de vouloir rester dans la nature. C’est là le
malheur de l’école de Tervueren comme ce
fut celui de i’école de Barbizon dontMM.de
Cock procèdent directement ; M. Anseele
qui a un beau portrait d’homme remarqué
et applaudi ; M. Pauwels coloriste avant tout
et dont les œuvres ont un cachet qui les sau-
vera ; M. Capcinick dont la manière s’est
tout-à-coup élargie et agrandie et qui a pris
rang parmi nos meilleurs peintres de fleurs
du pays. Sentiment de la nature fleurie,
finesse de pinceau suffisante pour ne pas
tomber dans la miniature, tels sont les prin-
cipales qualités de cet artiste qui n’en res-
tera pas là. Son grand tableau de Fleurs et
fruits accuseun progrès trop décisifsur sesaî-
néspournepasconvaincre le publicquel’œu-
vre prochaine sera plus méritante encore. Le
succès obtenu par M. Capeinick est un signe
heureux que nous accueillons avec joie. Le
genre fleurs et fruits, un des plus difficiles,
a été trop longtemps négligé, fl importe qu’il
soit,tout au moins,mis au niveau des autres,
et c’est ce quele public des Salons commence
à comprendre ; M. De Keghel,dans sa Petite
maman,s’est montré coloriste avant tout et
coloriste d’une franchise qu’il ne faudra pas
exagérer. Son tableau est une œuvre agré-
able de composition etd’aspect ; M. Boulan-
ger se raffermit encore dans ses vues de
ville où il acquiert une notoriété légitime. M.
Boulanger affecte surtout des vues animées,
 
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