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149

contrairement aux Stroobant et aux Van
Moer qui placent la poésie de leurs vues dans
les monuments mêmes. Lui, répand la vie
active et circulante au milieu de ses vieilles
maisons. Ce système a du bon en ce qu’il
égaie. Il a aussi la propriété de faire dater
les tableaux à cause des costumes. C’est un
bien, dans certains cas, et nous pensons que
les tableaux de M. Boulanger gagnent con-
sidérablement à être rendus ainsi ; M. De
Baerdemaecker, que nous croyons aussi de
Gand, est devenu un paysagiste qui prend
rang,chose peu facile au milieu des artistes
distingués en ce genre que possède la Bel-
gique aujourd’hui. Sa manière s’est diver-
sifiée et éclaircie dans la Vanne à Grupont,
la Vue de Vire lies et la Vue de Marienbourg.
Dans les Ruines de Bourbes elle s’est un peu
alourdie et le vert domine trop. Une qualité
assez rare à rencontrer chez les paysagistes,
qui sacrifient assez vite et volontiers aux
exigences d’un tableau,c’est l’exactitude.M.
De Baerdemaecker possède cette qualité qui
n’enlève rien à sa façon d’animer la nature ;
M. Delvin s’est essayé à peindre une tète de
lion d’après nature. C’est osé et réussi. Nous
n’avons pas, jusqu’ici, rencontré 1 ’Approche
de l'orage du même auteur; nous y revien-
drons; M. Sunaert s’absorbe dans l’amour
de la couleur et s’en occupe plus que du
dessin. Ce que nous savons de ce peintre
et de ses aptitudes artistiques, nous autorise
à affirmer qu’il n’a qu’à vouloir pour pou-
voir; M.Vandervin a déjà été plus heureux;
M. Geens a la composition facile et le dessin
leste et agréable. Un peu plus de soieil sur
sa palette donnerait à ses petits tableaux de
soldats le rayonnement qui leur manque. Il
ne leur faudrait guère que cela pour acqué-
rir immédiatement de la popularité ; M. Cor-
kole fait de lents progrès mais enfin il en fait.

A tous ces noms gantois viennent s’ajou-
ter ceux de Schepens, Cardinael, Braet,
Dangotte,H. Dillens, De Bleecker,de Bruyc-
ker.de Vivario, De Vos,Geirnaert, Houfelin,
Lemaire, Lybaert, Maeterlinck, Matlelé,
Minne et d’autres peut-être que nous ou-
blions sans le vouloir et qui forment, comme
on le voit,un noyau d’école fort respectable.

Et pour finir, citons le Gantois Papeleu
qui es! allé chercher en France celte tou-
che sûre,ce goût dominant pour les profon-
deurs planométriques et ce cachet de poésie
empreint sur toutes ses œuvres.

M. A. Robert a exposé un tableau inti-
tulé : Elude et rêverie. Ce sont, naturelle-
ment, deux moines. L’un est assis, et, tout
en humant sa prise, il étudie le texte de quel-
que livre sacré. L’autre est debout, ap-
puyé contre une colonne, et regarde le ciel.
Il rêve. A qui ? à quoi ? On ne sait. Mais ce
que l’on sait,c’est que c’est là une œuvre de
talent qui fait plaisir à voir et dans laquelle
l’esprit et le cœur du spectateur entrent
tout entiers.

M.Baudin réalise des tours de force, tout
en conservant à sa peinture les qualités qui
font sa puissance et son attrait. Il est très
fâcheux pour lui que la mode en soit ve-
nue à faire des succès bruyants à des œuvres
légèrement faites et enlevées pour ainsi

dire à la pointe du pinceau. Le travail lent
et patient, la peinture exacte et moelleuse,
l’intérêt,en un mot,que cet artiste sait don-
ner à mille détails,donnent à ses œuvres une
saveur peu commune que l’on trouvait jadis
aux productions de Metzu, deMieris,et,tout
récemment,à celles de Dyckmans. M. Baudin
appartient à cette école qu’apprécient cer-
tains raffinés mais ceux-ci ne forment pas
masse. Pour nous, qui aimons tout ce qui
est beau et bon, nous louons hautement les
travaux de M. Baudin et il est avec son
maître, M.Dyckmans, le seul qui ait su con-
server à l’école belge un genre exigeant un
talent que la popularité ne récompense pas
toujours mais dont la postérité appréciera
la valeur. On ne se lasse pas de regarder
dans les détails les plus infiniment petits
cette Fin de deuil,si jolie et si ambrée dans
son ton général, ainsi que la Réprimande.
Quant à la gouache, Le porlrail de bonne
lanle, nous y avons été pris. Nous nous
sommes cru devant une miniature peinte à
l’huile.

Une grande toile de M. Boudrenghien est
brossée avec énergie ; elle représente les
Filles deSion. Il y a là une noble crânerie et
un sentiment général convenant à une œu-
vre de celte nature. L’artiste a réalisé des
progrès sérieux. Quelques personnages de
cette toile ont, comme création et comme
exécution, un mérite réel. M.Meunier a fait
aussi un tableau religieux très simple et
très poignant. Mater dolorosa. La scène
morne, désolée et d’une tristesse à nulle
autre pareille, est rendue avec un accent
d’une navrante vérité. M. Van Hammée s’é-
gare, nous n’osons pas encore dire qu’il se
perd. M. Ghauvin a peint une Education de
la Vierge avec infiniment de noblesse et
d’originalité.

Il nous est presqu’impossible de suivre,
pour notre compte-rendu, un mode plus ou
moins méthodique. Que le lecteur qui a
bien voulu nous accompagner dans notre
promenade,veuille bien être assez indulgent
pour nous permettre une course de fantai-
sie dans les nombreux compartiments ou-
verts devant nous.

Nous voici devant une peinture un peu
grise, et, malgré cela, toute pleine de feu,
d’action, d’entrain et de verve. G’est une
scène dans un cabaret italien et c’est signé :
Philippet. Or, ce Philippe! est un Liégeois de
vingt ans à peine! satoileest un pêle-mêle,
un toliu bohu, un infernal mélange de chan-
sons, de cris, de glous-glous, de flons-flons
à vous assourdir. Gela est peint de grandeur
naturelle, à mi-corps, comme faisaient Va-
lentin et le Caravage. Il y a 1 à des tôles su per-
bes, enlevées avec une prestesse étonnante,
un brio fulgurant. L’homme debout qui
chante, la jeune femme assise qui écoute,
la vieille, l’homme qui vide une gourde et
bien d’autres encore,sont ce que nous avons
vu de plus accentué dans notre école belge
moderne. Si nous n’étions pas si habitués
au coloris flamand, si les grisailles de Goya
et la peinture bituminée des Espagnols nous
étaient plus familières, à coup sûr nous au-
rions pour l’œuvre du jeune Philippet un

étonnement profond, et, jusque à un certain
point,une admirative sollicitude.Pour nous,
il y a quelquesannées déjà que nous l’avons
dit, Philippet sera une des forces de l’art
moderne belge. Notre prophétie commence
à se réaliser. Attendons encore et l’on verra
ce qui va sortir de cette puissante origina-
lité se traçant un beau et large chemin sans
avoir recours à d’autres qu’à elle-même. Il
est regrettable qu’on ait donné à l’œuvre
de Philippet une place si peu faite pour eiie.
Nous exprimons un semblable regret pour
le Fax vobis! scène délicieuse, vigoureuse-
ment brossée. Nous avons remarqué à An-
vers la même circonstance fâcheuse pour les
œuvres du jeune Liégeois. G’est regrettable
à beaucoup de titres, mais cela changera.

M. Dell’Acqua nous arrive aujourd’hui
avec le Repos de la Sultane. Comme toujours,
c’est d’une peinture élégante, fraîche, trans-
parente et dans ce style harmonieux qui est
le propre de l’auteur. M. De Los Bios est
l’auteur d’une Marguerite que quelques ex-
centriques ad mirent et qui noussem bleà nous
une peinture japonaise éch ppée à quelque
paravant de laque. M. Robert-Fleury a peint
un peu lourdement un tableau de chevalet
représentant la Première œuvre de Rem-
brandt.

M. Henri Schaefels nous présente un tra-
vail exécuté avec cet aplomb flamand qui
n’appartient qu’à lui. G’est la Visite de Marie
de Médicis à Rubens en 1651. Tout es! por-
trait là dedans, on y retrouve cette riche
pléiade qui formait la cour du grand pein-
tre. Toutes ces belles et plantureuses phy-
sionomies y sont représentées dans leur
exubérance et dans leur éclat. Une grande
et belle lumière inonde celte scène d’appa-
rat qui est, en même temps,une page histo-
rique et dans laquelle M. Schaefels a déployé
toutes les ressources de sa brillante orga-
nisation d’artiste.

M. De Winne a exposé deux portraits où
l’on reconnaît du talent mais qui n’offrent
rien au dessus de la moyenne. Son portrait
de jeune fille,d’une couleur éteinte et es tom-
pée,dénote,beaucoup plus de science que de
goût. Gomme portraitiste, un des héros du
Salon est M. Van Havermaet. Son portrait
de MmeL. mérite tout le succès qu’il a; c’est
peint d’une manière serrée, à la façon des
vieux Flamands. Comme eux, l’artiste a su
donner à son modèle une âme et cela sans
appeler à son secours d’autresressourcesque
celles de la nature. Toilette d’une simplicité
préméditée, pose qui n’en est presque pas
une, aucun oripeau de mode, pas de fond,
rien, et tout y est! G’est merveilleux dans
son ensemble par la naïveté de la compo-
sition et du faire; c’est non moins merveil-
leux par l’émotion dont ce portrait vous
pénètre. Les deux autres portraits du même
ont beaucoup moins de valeur quoique très
habilement faits aussi.

Encore un joli succès que celui qu’obtient
le tableau de M. Baugniet : C’est bien lui!
Jamais l’artiste ne s’est montré si coloriste,
si observateur et si élégant. Il se dégage de
son œuvre un parfum de distinction, une
poésie de sentiment, un ensemble de qua-
 
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