DES POISSONS DU NIL. 4j
Comment donc est-il arrivé qu'après un témoignage aussi positif, Gmelin n'ait
admis qu'une partie de l'opinion de Forskal, et qu'en insérant dans son cata-
logue la nouvelle espèce de ce voyageur, dont il changea seulement le nom en
celui de salmo sEgyptius, il ait ensuite donné cette étrange assertion, que c'étoit-là
le néfasch des Égyptiens, le salmo Nilottcus d'Hasselquist! On doit sans doute de
l'indulgence à d'aussi grandes compilations que celle d'un Systema natures : mais
cependant, quand on considère que de tels ouvrages deviennent, par l'insou-
ciance du plus grand nombre des naturalistes, des livres classiques, on ne sauroit
trop vivement regretter qu'il s'y introduise de semblables erreurs.
On a cru y remédier dans ces derniers temps (i) par le nom de néfasch rendu
à ce poisson, tandis qu'on a, au contraire, laissé les choses dans le même état
en se bornant à traduire la description de Gmelin (2), qui, en dernière analyse,
n'est qu'un assemblage monstrueux de traits qui appartiennent, partie au néfasch ,
et partie au rai.
Enfin nous avons adopté les noms de M. le comte de Lacepède (3), parce
que le néfasch fait effectivement partie du nouveau genre characin établi par ce
savant ichthyologiste.
Le néfasch, systématiquement parlant, appartient à ce genre, d'après la con-
sidération de ses quatre rayons branchiostéges : mais d'ailleurs il a tant d'affinité
avec le serrasalme citharine, qu'il devra en être très-voisin dans une méthode
naturelle. Il forme même un chaînoFx intermédiaire qui lie cette espèce aux vé-
ritables characins : plus long que la citharine, il est plus court que ceux-ci. Sa
plus grande hauteur est à sa longueur à-peu-près dans la proportion de 1 à 3,
et ces parties sont dans la citharine comme 1 à 2, et dans les autres salmo ou
characins du Nil, comme 1 à l\.
Le néfasch, comparé à la citharine, a le museau plus obtus et pourtant plus
alongé, la nageoire dorsale moins élevée et semi-elliptique, l'adipeuse plus pe-
tite et pyriforme, toutes les autres nageoires, particulièrement celle de l'anus,
beaucoup moins étendues, et les dents bien plus distinctes.
Ces dents sont grêles, nombreuses, alongées, flexibles, contiguës, disposées
sur deux rangs, et sur-tout remarquables par la bifurcation de leur extrémité : le
crochet d'une dent forme, en s'appuyant sur le crochet d'une dent voisine, une
sorte d'engrenage qui rend toutes ces dents susceptibles de quelque résistance, et
propres à de continuelles recherches dans les terrains du fond des rivières.
La langue est libre en partie, déprimée, cartilagineuse, obtuse et glabre en dessus.
La ligne latérale est comme dans la citharine. Les écailles sont dans le même
cas, mais plus petites : on en trouve sur deux nageoires qui en sont ordinaire-
ment dépourvues, telles que la seconde dorsale et la caudale.
(•) Salmo néfasch, Bonnaterre, Encyclopédie méthod. néfasch, et le reste, copié littéralement de Forskal, de
planches de l'ichtyologie. celle du raï-
U) Nous la rapporterons ici : Radiis D. 23 , dorso (3) Histoire naturelle des poissons , in-4,', tome V,
virescente , dentibus maxillœ inferions majoribus. Ce pages 27o et 274.
grand nombre de rayons est pris de la description du
Comment donc est-il arrivé qu'après un témoignage aussi positif, Gmelin n'ait
admis qu'une partie de l'opinion de Forskal, et qu'en insérant dans son cata-
logue la nouvelle espèce de ce voyageur, dont il changea seulement le nom en
celui de salmo sEgyptius, il ait ensuite donné cette étrange assertion, que c'étoit-là
le néfasch des Égyptiens, le salmo Nilottcus d'Hasselquist! On doit sans doute de
l'indulgence à d'aussi grandes compilations que celle d'un Systema natures : mais
cependant, quand on considère que de tels ouvrages deviennent, par l'insou-
ciance du plus grand nombre des naturalistes, des livres classiques, on ne sauroit
trop vivement regretter qu'il s'y introduise de semblables erreurs.
On a cru y remédier dans ces derniers temps (i) par le nom de néfasch rendu
à ce poisson, tandis qu'on a, au contraire, laissé les choses dans le même état
en se bornant à traduire la description de Gmelin (2), qui, en dernière analyse,
n'est qu'un assemblage monstrueux de traits qui appartiennent, partie au néfasch ,
et partie au rai.
Enfin nous avons adopté les noms de M. le comte de Lacepède (3), parce
que le néfasch fait effectivement partie du nouveau genre characin établi par ce
savant ichthyologiste.
Le néfasch, systématiquement parlant, appartient à ce genre, d'après la con-
sidération de ses quatre rayons branchiostéges : mais d'ailleurs il a tant d'affinité
avec le serrasalme citharine, qu'il devra en être très-voisin dans une méthode
naturelle. Il forme même un chaînoFx intermédiaire qui lie cette espèce aux vé-
ritables characins : plus long que la citharine, il est plus court que ceux-ci. Sa
plus grande hauteur est à sa longueur à-peu-près dans la proportion de 1 à 3,
et ces parties sont dans la citharine comme 1 à 2, et dans les autres salmo ou
characins du Nil, comme 1 à l\.
Le néfasch, comparé à la citharine, a le museau plus obtus et pourtant plus
alongé, la nageoire dorsale moins élevée et semi-elliptique, l'adipeuse plus pe-
tite et pyriforme, toutes les autres nageoires, particulièrement celle de l'anus,
beaucoup moins étendues, et les dents bien plus distinctes.
Ces dents sont grêles, nombreuses, alongées, flexibles, contiguës, disposées
sur deux rangs, et sur-tout remarquables par la bifurcation de leur extrémité : le
crochet d'une dent forme, en s'appuyant sur le crochet d'une dent voisine, une
sorte d'engrenage qui rend toutes ces dents susceptibles de quelque résistance, et
propres à de continuelles recherches dans les terrains du fond des rivières.
La langue est libre en partie, déprimée, cartilagineuse, obtuse et glabre en dessus.
La ligne latérale est comme dans la citharine. Les écailles sont dans le même
cas, mais plus petites : on en trouve sur deux nageoires qui en sont ordinaire-
ment dépourvues, telles que la seconde dorsale et la caudale.
(•) Salmo néfasch, Bonnaterre, Encyclopédie méthod. néfasch, et le reste, copié littéralement de Forskal, de
planches de l'ichtyologie. celle du raï-
U) Nous la rapporterons ici : Radiis D. 23 , dorso (3) Histoire naturelle des poissons , in-4,', tome V,
virescente , dentibus maxillœ inferions majoribus. Ce pages 27o et 274.
grand nombre de rayons est pris de la description du