DU PALMIER DOUM. f C
des branches est mou, léger, et n'a point de couleur. Les feuilles sont employées
à faire des tapis, des sacs et des paniers fort commodes et d'un usage très-
répandu. Les fruits ont une pulpe pleine de fibres ; ce qui n'empêche pas les
paysans du Sa'yd d'en manger quelquefois. On en apporte beaucoup au Kaire, où
on les vend à bas prix. On les regarde plutôt comme un médicament utile que
comme un fruit agréable; ils plaisent cependant aux en fan s , qui en sucent la
pulpe , dont la saveur est exactement celle du pain d'épice. On en fait par infusion
un sorbet qui ressemble à celui que l'on prépare avec la racine de réglisse ou avec
la pulpe des gousses de caroubier. Cette liqueur est douce, et passe pour salutaire.
Le Doum fleurit tous les ans au mois d'avril. Il n'est pas besoin d'aider la
fécondation en portant des fleurs mâles sur les grappes femelles ; la poussière des
étamines, en volant dans l'air , imprègne suffisamment les ovaires. Les paysans
du Sa'yd assurent qu'un Doum mâle peut féconder plusieurs pieds femelles éloi-
gnés. Quoiqu'il avorte beaucoup de fruits sur les grappes, ils y sont fort serrés ;
s'ils nouoient tous, ils manqueraient d'espace pour se développer : une grappe
en produit environ trente ou quarante. Ils sont très-pesans avant leur matu-
rité. Ils se colorent et se recouvrent d'une poussière glauque, comme des prunes
fraîches.
La semence ou l'amande de ces fruits est d'abord cartilagineuse et remplie d'une
eau claire sans saveur : dans les fruits mûrs, elle se durcit assez pour que l'on puisse
en tourner des anneaux et des grains de chapelet faciles à polir.
Pococke a donné, dans ses Voyages, un dessin et une description du Doum, qu il
nomme Palma Thebdica, et qu'il regarde comme le Cucifera de Théophraste.
L'Ecluse et les Bauhin en avoient aussi parlé, mais très-brièvement. Gartner a
décrit et figuré le même fruit : il en a formé un genre particulier, Hyphœne, à
cause de la position de l'embryon au sommet de la graine. Deux espèces de ce
genre sont décrites dans l'ouvrage de Gsertner : l'une, Hyphœne crinira (i), est la
même que le Doum; l'autre, Hyphœne coriacea (2), diffère par son fruit élargi au
sommet : ces fruits se ressemblent d'ailleurs beaucoup. On découvre dans les deux
espèces le même tissu de fibres, lorsque la pulpe et l'écorce fine des fruits com-
mencent à se détruire; mais ces fibres, par une grande vétusté, se séparent plus
facilement de X Hyphœne coriacea que de XHyphœne crin'ua.
M. de Jussicu m'a fait voir un fruit XHyphœne coriacea qui est dans l'état où
l'a figuré Gsertner, c'est-à-dire, privé de ses fibres extérieures et réduit à l'enveloppe
coriace de la semence. Il suffit de lire la description de Gsertner pour se convaincre
que ce fruit est très-fibreux dans son état naturel ; et lorsque Grew l'a décrit sous
le nom de nucïdactylus, il en a comparé les fibres aux crins d'une brosse. On ne
peut assigner, entre les deux Hyphœne, d'autre différence qui paroisse constante,
que celle de la forme des fruits. L'arbre qui produit XHyphœne coriacea, n'est pas
encore connu.
La figure de ce fruit ou nucïdactylus de Grew (3) mérite d'être citée pour
l'exactitude du genre. Elle représente très-bien les deux tubercules formés par les
(1) Gamner, tom. Il, p. ,j>, tab. 82, (2) Ibid. tom. I, p. 28, tab. 10. (3) Mus, tab. 16, n.° 1.