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Lortet, Louis; Gaillard, Claude
La faune momifiée de l'ancienne Égypte (Band 2) — Lyon, 1909

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https://doi.org/10.11588/diglit.5427#0078
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CRANES DE L'ANCIEN CIMETIÈRE COPTE D'ASSOUAN 67

Nous avons déjà dit quel était l'âge probable des crânes récoltés par nous dans le grand et
le vieux cimetière d'Assouan. Nous ne reviendrons pas sur ce sujet, mais les formes, les carac-
tères que nous a donnés cette série, malheureusement encore trop petite, quoique étant
d'origine absolument certaine, sont des plus intéressants, puisque ces crânes ressemblent
beaucoup à ceux appelés préhistoriques, provenant des nécropoles archaïques de Rôda et de
Khozam, dont les musées de Lyon et du Caire possèdent de nombreux exemplaires. Ces
anciens Coptes d'Assouan paraissent donc avoir eu de grands rapports de races avec leurs
ancêtres préhistoriques, créateurs des nécropoles de Rôda et de Khozam.

Ils ne paraissent pas avoir été influencés notablement par les populations nubiennes et
négroïdes, qui auraient pu venir à Assouan des régions du Sud. Ils semblent avoir été encore
moins mêlés avec celles du Nord qui, à certaines époques, ont pu remonter le Nil avec les
armées conquérantes. Par contre, ces hommes du Nord ont peut-être donné naissance, dans la
région môme des nécropoles de Rôda, à un type thébain bien caractérisé, et qu'on retrouve très
souvent chez les momies à bitume de cette région.

On peut donc conclure de ces faits, qu'à une époque très éloignée, ne pouvant être
déterminée jusqu'à aujourd'hui, une ancienne race habitait les rives du Nil, dans ces parages
de la haute Egypte, à Kawamil, à Guebel-Silsileh, à Khozam, à Rôda, et probablement dans
beaucoup d'autres localités où des fouilles n'ont point été faites. De cette peuplade, certainement
autochtone, sont descendus les Coptes de la haute Egypte, car, d'après tout ce qu'il nous a été
possible de constater, les Coptes habitant aujourd'hui la région d'Assouan ressemblent encore
d'une façon frappante par l'ossature de leur tête aux crânes découverts par nous dans les
tombes de Rôda. Ceci tendrait encore à prouver ce que nous avancions ailleurs : c'est que
pour nous, les Egyptiens, qui, du reste, ne présentent nullement les caractères propres aux
Asiatiques, ne sont point venus d'Asie, mais qu'ils forment bien une race primordiale,
autochtone, née en Afrique, avec des caractères africains manifestes : prognathisme plus ou
moins prononcé, dolichocéphalie très marquée, tendance à la scaphocéphalie, et enfin, chez le
vivant, grosses lèvres retournées, nez court fréquemment épaté.

On est aussi en droit de se demander quel peut bien être l'âge de ces vieilles nécropoles
de Gébélein, Khozam et Rôda ? et s'il est permis, comme l'a fait le premier M. de Morgan,
avec sa perspicacité bien connue, de leur donner le nom de nécropoles préhistoriques. Nous
répondrons de suite par l'affirmative ; pour nous, elles sont absolument préhistoriques, puisque
aucun monument historique, pouvant les dater, n'y a jamais été rencontré. Par conséquent,
aussi bien que les stations d'Europe, notoirement préhistoriques, elles ont le droit de porter ce
titre qui les différencie nettement de celles ayant appartenu à d'autres époques. Seulement les
difficultés ne sont que repoussées, si l'on veut serrer de plus près la question qui nous préoc-
cupe, car il est bien évident que, quand bien même nous aurions accordé le titre de préhisto-
rique à ces nécropoles archaïques, il ne nous sera cependant pas possible, dans l'état actuel de
ttos connaissances, de dire si celle de Rôda, par exemple, est plus ou moins ancienne que telle
°u telle station préhistorique d'Europe.

Tout ce qu'il est permis d'affirmer aujourd'hui, c'est que les nécropoles que nous venons
d'explorer ne sont datées par aucun monument, aucune inscription, faisant partie de l'his-
toire égyptienne, et que, par conséquent, elles ont le droit de porter le nom de préhistoriques
°omme celles qui se trouvent dans les mêmes conditions en Europe. On a voulu les rattacher
 
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