Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Lortet, Louis; Gaillard, Claude
La faune momifiée de l'ancienne Égypte (Band 2) — Lyon, 1909

DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.5427#0080
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
CRANES DE L'ANCIEN CIMETIÈRE COPTE D'ASSOUAN

69

Gomme l'avait déjà signalé M. Wiedmann lui-même1, à Négadah: « Le défunt, immédiate-
ment après sa mort, était enterré dans sa maison ou tout auprès, c'est-à-dire dans les terrains
cultivés ; le corps une fois pourri, on aurait retiré les ossements pour les nettoyer — opération
qui expliquerait les marques de grattage sur les os — les transporter à la nécropole et les
déposer dans la tombe définitive. » Nous avons la presque certitude que l'hypothèse de
M. Wiedmann explique tout naturellement ce qui s'est passé à propos de ce double ensevelisse-
ment. D'après nous, il n'y a pas eu de décapitation. A Khozam ou à Rôda, pas de dépècement
du cadavre, pas même de grattage des os, encore moins d'anthropophagie comme cela a été
dit, mais tout simplement cueillette des ossements, plus ou moins
complets, lorsque le cadavre était décomposé.

Peut-être le corps était-il placé sur un bûcher funéraire non
allumé, exposé à l'air, aux oiseaux de proie, aux animaux carnas-
siers, ou bien enseveli provisoirement dans son champ, ou dans un
trou creusé dans le sol de sa hutte. Cette manière de faire est encore
corroborée, par le fait que nous avons déjà signalé plus haut, la pré-
sence constante de vases cylindriques dans toutes les tombes, vases
remplis volontairement d'une terre provenant d'un champ cultivé, et
non avec du sable qui servait toujours à combler la tombe définitive.
D'après l'examen attentif que M. le professeur Schweinfurth a bien
voulu faire, il résulte que cette terre a été versée dans ces vases à l'état
demi-liquide, ou peut-être fortement humectée. A la base surtout de
ce culot de terre, remplissant presque entièrement le vase, on constate
la présence de certains ruissellements vermiculaires qui paraissent
indiquer une pareille consistance au moment du remplissage. D'après
M. Schweinfurth, cette terre provient du terrain nilotique sablon-
neux, tel qu'on le trouve dans les îles, au moment de l'étiage, et
sur lequel les indigènes sèment actuellement des melons et des con-
combres'2 (fig. 50).

Dans certains cas, à Négadah par exemple, des vases différents
de ceux de Rôda, renfermaient, avec de la terre, des cendres et des

fragments de bois plus ou moins carbonisés, provenant probablement du foyer abandonné
dans la hutte mortuaire. Mais à Khozam et à Rôda, on ne trouve que de la terre arable,
tandis que la tombe elle-même est presque toujours comblée avec le sable ou le gravier du
désert. La terre des vases cylindriques ne renferme aucun débris végétal, tel que des frag-
ments de paille ou des glumes de graminées qui se conservent presque indéfiniment. Il n'y
a non plus aucune trace de substance animale, les analyses chimiques minutieuses faites par
M. Hugounenq, professeur à la Faculté de Lyon, le prouvent avec évidence. La terre de ces
vases n'a donc pas été mêlée aux reliefs d'un repas funéraire, et comme nous l'avions pensé
d'abord, ces récipients cylindriques, dont la forme n'est évidemment pas pratique, ne sont
donc pas les ancêtres des Ganopes, renfermant des fragments des organes thoraciques ou
abdominaux du mort.

Fig. 50. — Vase funéraire.
Rôda.

1 Wiedmann, in de Morgan, Origines de l'Egypte, II, p. 203.
s Sclnveinfurth. in litt. Juillet i907.
 
Annotationen