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HISTOIRE DES AMES DANS l'ÉGYPTE ANCIENNE

sut pas se débarrasser des signes d'idées et de syllabes qui en
compliquaient le mécanisme. Sa religion s'éleva jusqu'à la
conception du dieu unique, immatériel, insaisissable, et ne
sut pas se débarrasser de l'adoration de l'homme et des
animaux. Après avoir considéré l'âme comme une matière à
peine plus fine que la matière du corps, on la spiritualisa et
on l'identifia à l'intelligence divine dans ce qu'elle avait de
plus pur : mais on ne sut pas se débarrasser des âmes
grossières qu'avaient imaginées les ancêtres, et on garda
jusqu'au bout la croyance en l'homme complexe. Une fois
arrêté dans son développement, toutes les énergies que ce
peuple avait dépensées à produire des formes nouvelles, il les
employa à se conserver: il dura plus qu'aucun autre peuple
au monde et fit pulluler autour de lui les monuments de lui-
même. Tandis qu'en Grèce et à Rome on mesure les textes à
la ligne, en Égypte on les mesure au mètre : les inscriptions
s'y entassent sur les inscriptions et les tableaux sur les
tableaux ou, pour mieux dire, depuis Syène jusqu'au Caire,
pendant plus de cent lieues, l'Egypte entière n'est qu'une
inscription gravée et peinte sur les deux rives du Nil. Les
quelques feuillets- déchiffrés de ce livre de pierre nous
ont enseigné tant de choses que la face du monde ancien
s'en est trouvée comme renouvelée : que serait-ce si le livre
entier nous était connu ? Par malheur, les hommes manquent
à la tache, et le temps et l'argent. Ce qu'on a copié n'est rien
au prix de ce qui reste à copier, ce qu'on sait n'est rien au
prix cle ce qui reste à savoir : la moitié des trésors que
renferment les seuls musées d'Europe est soustraite à nos
regards, et, même au Louvre, nous n'avons pas pu contrain-
dre tous les monuments à nous livrer leur secret.
 
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