DANS l/ÉGYPTE ANCIENNE
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se soulager n'existaient pas pour l'Égyptien. Celui-ci, s'il
avait voulu opérer sa restitution, n'avait pas la ressource cle
glisser un billet de banque dans une enveloppe et cle l'expé-
dier par la poste cle telle sorte qu'on ne sût jamais l'origine
de l'argent : le demi-bœuf ou le bœuf entier, la douzaine
d'oies, les boisseaux de blé qui représentaient sa faute ne
se prêtaient pas à la restitution anonyme, et, à les remettre
lui-même, il aurait couru le risque d'être puni pour son
délit passé plus que loué pour sa vertu présente. L'outillage
des sociétés modernes favorise donc le jeu des consciences
modernes, et, pour juger le jeu des consciences pharaoni-
ques d'après des procédés analogues à ceux dont il autorise
l'emploi, il faut, outre la connaissance approfondie cle l'ou-
tillage matériel des sociétés égyptiennes, une attention
perpétuelle à ne jamais perdre de vue le contre-coup qu'il
répercute sur toutes les parties constituantes cle ces sociétés.
C'est un travail très minutieux, très délicat, où le moindre
détail mal observé au début ou même au cours de l'étude
peut produire des réfractions très imprévues, et faire dévier
l'observateur jusqu'à l'entraîner presque à l'opposé du but
qu'il souhaite atteindre. Je crois que M. Pétrie a eu raison
de signaler ce moyen de recherches aux égyptologues et
plus généralement aux historiens des religions : je crois
aussi que l'on aura raison cle ne l'employer que rarement et
avec toute sorte cle précautions.
En résumé, le lecteur aurait tort de chercher dans le livre
cle M. Pétrie un Manuel de Religions ou cle Mythologies
égyptiennes : il n'y trouverait rien cle pareil. Il devra com-
mencer par s'instruire ailleurs des noms des dieux princi-
paux, de leurs figures, de leurs attributs, cle leurs parentés
et de leurs alliances mutuelles, de leurs rapports avec
l'homme et avec le monde, et de la nature de l'homme
vivant ou mort : quand il aura des notions sur tous ces
points, alors seulement l'usage du livre de M. Pétrie lui
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se soulager n'existaient pas pour l'Égyptien. Celui-ci, s'il
avait voulu opérer sa restitution, n'avait pas la ressource cle
glisser un billet de banque dans une enveloppe et cle l'expé-
dier par la poste cle telle sorte qu'on ne sût jamais l'origine
de l'argent : le demi-bœuf ou le bœuf entier, la douzaine
d'oies, les boisseaux de blé qui représentaient sa faute ne
se prêtaient pas à la restitution anonyme, et, à les remettre
lui-même, il aurait couru le risque d'être puni pour son
délit passé plus que loué pour sa vertu présente. L'outillage
des sociétés modernes favorise donc le jeu des consciences
modernes, et, pour juger le jeu des consciences pharaoni-
ques d'après des procédés analogues à ceux dont il autorise
l'emploi, il faut, outre la connaissance approfondie cle l'ou-
tillage matériel des sociétés égyptiennes, une attention
perpétuelle à ne jamais perdre de vue le contre-coup qu'il
répercute sur toutes les parties constituantes cle ces sociétés.
C'est un travail très minutieux, très délicat, où le moindre
détail mal observé au début ou même au cours de l'étude
peut produire des réfractions très imprévues, et faire dévier
l'observateur jusqu'à l'entraîner presque à l'opposé du but
qu'il souhaite atteindre. Je crois que M. Pétrie a eu raison
de signaler ce moyen de recherches aux égyptologues et
plus généralement aux historiens des religions : je crois
aussi que l'on aura raison cle ne l'employer que rarement et
avec toute sorte cle précautions.
En résumé, le lecteur aurait tort de chercher dans le livre
cle M. Pétrie un Manuel de Religions ou cle Mythologies
égyptiennes : il n'y trouverait rien cle pareil. Il devra com-
mencer par s'instruire ailleurs des noms des dieux princi-
paux, de leurs figures, de leurs attributs, cle leurs parentés
et de leurs alliances mutuelles, de leurs rapports avec
l'homme et avec le monde, et de la nature de l'homme
vivant ou mort : quand il aura des notions sur tous ces
points, alors seulement l'usage du livre de M. Pétrie lui