Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
JULES PASCIN 2
(1883 —1930)
PAR PIERRE MAC ORLAN

GCest tres pretentieux, tres inutile et
surtout tres difficile de presenter l'lart
de Pascin qui se suffit, sans le secours
des exegetes, parce que c’est un art
qui contient en soi son exacte proportion
de litterature, ou plus simplement d’ima-
gination. Tout ce que je peux dire c’est
que les ceuvres de Pascin m’enchantent
parce qu’elles me sont utiles, qu’elles ; Fascin par Riene
completent ma propre imagination ol l’'excitent selon Il’heure pour des departs vers
des mysteres qui tiennent a notre terre comme le paradis Ilui-rm&me et l’'enfer des
petites filles.

Les sept ou huit details essentiels de Il’Europe sont interpretes a travers l’ceuvre de ce
peintre, prodigieusement attentif, dans un sens qui leur apporte tous les enchantements
de la religion et tous les caprices roses et bleus d’un vieux monde savant qui finit par
adopter une jeune danseuse. La fillette secoue dans les plis de sa jupe tous les airs
populaires du xxe siecle rythmes par les accordeons de la mer, les banjos de la Floride
et les tambours bibligqgues qui roulent dans le passe comme les vieux tonnerres de
Vancienne splendeur de |’Asie.

Un jour, dans un orage burlesque combine dans l’atelier du boulevard de Clichy, le
monde se soulevera dans un cataclysme d’interet pictural: Il’hommage de la nature ä
Pascin. Des poissons, droits sur leur queue de cristal, suivrant en procession les rou-
tes de la terre pour apporter au peintre la conque oüll naquit Venus et qu’un juif de
Galicie perdit en emigrant, avant d’atteindre Long Island; des petits chevaux pour m6-
decins de campagne de couleur piafferont devant leur rätelier en fieurs, toutes les
grenouilles du Colorado s’accorderont dans un choceur a trois voix et les femmes,
pavoisees comme des fregates, celebreront le retour de l’enfant prodigue.

Un soir, une belle ne&gresse v6e&tue de blanc avec sur son epaule la croix latine que
portaient les enfants de la Croisade, frappera, dans le de&cor de Gethsemani-Place-Pigalle,
a la porte du peintre. Elle Iui dira. « Maitre !... » et s’affaissera dans les plis de son
pays natal. Et Pascin, ayant donne un sens nouveau au mot: classique, acceptera dans
cette attitude les presents des trois Rois mages venus des quartiers de l’Asie, de
l’Europe et de l’Amerique au nom du feu oü les couleurs vivent, du ciel olı les anges
de coupent des images et de l’eau olı Venus medite.

Anl. einer Ausstellung in der Galerie Pierre in Paris 1924.

147

10*
 
Annotationen