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LE GRAND TEMPLE
adopte πε[ρίσ]τ[ρ]ωμ[α] au lieu de τ[ραπεζ]ώ[ματα] de Haussoulier. Les traces des lettres
à mon avis ne permettent pas de trancher ; on se gardera plutôt de remplir les lacunes. La
restitution τήν τής ά[δύτου κ]λείνην m’a été suggérée par J. Starcky. Je la crois plus sûre
que τής Άσ[τ]άρ[της ·9-εας] de Milik. Malgré ces points douteux, il me semble possible
d’améliorer la compréhension du texte. Il convient d’abord de remarquer que le ΰυμιατήριον
est probablement un pyrée portable, analogue à ceux figurés sur nombre de monuments,
plutôt qu’un encensoir, comme le voulait Cantineau. D’autre part, on n’a pas remarqué
jusqu’ alors le parallélisme de la rédaction du texte :
1. εις [το ίερ]ον σπονδοφό[ρον] και θυμιατήριν χρυσά έγ δηναρίων ρν’
2. και τ[-φι]άλια τέσσαρα χρυσά έγ δη . ρκ’
3. καί τ[-- — κ]αί πρ[οσ]κεφαλάδιον εις τήν τής ά[δύτου κ]λείνην ήγορασμένα
αργυρίου δηναρ[ίων. . .]
Les objets mentionnés dans la première clause valaient 150 deniers et étaient destinés
aux sacrifices ; c’était un vase de libations et un pyrée, les deux en or, ou plutôt dorés.
La troisième clause nomme les objets destinés au lit (peut-être celui du thalamos,
sud) : un coussin et un couvert, si on accepte les restitutions proposées, achetés à un prix
dont le montant n’est pas conservé.
Les objets de la deuxième clause, qui valaient 120 deniers, sont à rattacher soit au
premier, soit au second groupe ; ce sont quatre [φι]άλια en or, patères ou coupes, peut-être
ciselées d’après la restitution de Ch. Clermont-Ganneau. Il ne s’agit donc pas uniquement
du mobilier du lectisterne 14 ; les instruments énumérés servaient à deux rites distincts —
l’offrande des liquides et de l’encens, telle qu’elle apparaît sur de nombreux bas-reliefs
votifs et sur les grands tableaux du temple lui-même, et l’hiérogamie. Au témoignage
de la fessère qui représente la klinè de Bel1S, on ajoutera celui d’une autre tessère 16 qui
fait une allusion assez claire au rite du mariage sacré : l’avers contient la légende ’gn bl
bny ydÿbl, « banquet de Bel, benê Yedi'bel », le revers un lit de banquet devant lequel
se trouve un pyrée flanqué de deux oiseaux, ainsi que l’inscription ’strt. Le lectisterne
où Bel et 'Astart se réunissaient était donc dans ce cas associé au banquet offert par les
benê Yedi'bel. Une restitution de J. T. Milik pourrait ainsi trouver sa justification.
Deux expressions du notre texte introduites par εις visaient évidemment deux endroits
différents du temple : comment ne pas reconnaître les deux thalamos dont le principal
(nord) abritait les idoles du sanctuaire, tandis que l’autre (sud) un objet portable ou le
pulvinar. Malheureusement, les noms de ces parties de l’édifice sont endommagés dans
l’inscription. On peut hésiter si [ίερ]όν est la bonne restitution pour le thalamos nord où
l’encens et les liquides s’offraient aux images divines ; on songera plutôt à οΐκος comme
nom approprié au « saint des saints ». Le nom du thalamos sud se trouvait au milieu
de l’expression εις την τής α[— -κ]λείνην, « pour la klinè de [l’adyton ?] ».
Moqîmû a ainsi pourvu le temple des ustensils essentiels du culte, en remplaçant
sans doute les objets analogues, moins luxueux, dont on se servit immédiatement après la
consécration de la cella.
Comme on le voit par les dates des inscriptions, le chantier était déjà ouvert en 17 p.C.
14 Comme a pensé H. Seyrig, Syria 14, 1933, pp. 260-261.
15 Ibidem, pp. 261-263 et RTP 60.
16 RTp 124; cf. infra, p. 84 et Syria 48, 1971, p. 407 (pour l’hiérogamie supposée de Belhammôn et
Manawat).
LE GRAND TEMPLE
adopte πε[ρίσ]τ[ρ]ωμ[α] au lieu de τ[ραπεζ]ώ[ματα] de Haussoulier. Les traces des lettres
à mon avis ne permettent pas de trancher ; on se gardera plutôt de remplir les lacunes. La
restitution τήν τής ά[δύτου κ]λείνην m’a été suggérée par J. Starcky. Je la crois plus sûre
que τής Άσ[τ]άρ[της ·9-εας] de Milik. Malgré ces points douteux, il me semble possible
d’améliorer la compréhension du texte. Il convient d’abord de remarquer que le ΰυμιατήριον
est probablement un pyrée portable, analogue à ceux figurés sur nombre de monuments,
plutôt qu’un encensoir, comme le voulait Cantineau. D’autre part, on n’a pas remarqué
jusqu’ alors le parallélisme de la rédaction du texte :
1. εις [το ίερ]ον σπονδοφό[ρον] και θυμιατήριν χρυσά έγ δηναρίων ρν’
2. και τ[-φι]άλια τέσσαρα χρυσά έγ δη . ρκ’
3. καί τ[-- — κ]αί πρ[οσ]κεφαλάδιον εις τήν τής ά[δύτου κ]λείνην ήγορασμένα
αργυρίου δηναρ[ίων. . .]
Les objets mentionnés dans la première clause valaient 150 deniers et étaient destinés
aux sacrifices ; c’était un vase de libations et un pyrée, les deux en or, ou plutôt dorés.
La troisième clause nomme les objets destinés au lit (peut-être celui du thalamos,
sud) : un coussin et un couvert, si on accepte les restitutions proposées, achetés à un prix
dont le montant n’est pas conservé.
Les objets de la deuxième clause, qui valaient 120 deniers, sont à rattacher soit au
premier, soit au second groupe ; ce sont quatre [φι]άλια en or, patères ou coupes, peut-être
ciselées d’après la restitution de Ch. Clermont-Ganneau. Il ne s’agit donc pas uniquement
du mobilier du lectisterne 14 ; les instruments énumérés servaient à deux rites distincts —
l’offrande des liquides et de l’encens, telle qu’elle apparaît sur de nombreux bas-reliefs
votifs et sur les grands tableaux du temple lui-même, et l’hiérogamie. Au témoignage
de la fessère qui représente la klinè de Bel1S, on ajoutera celui d’une autre tessère 16 qui
fait une allusion assez claire au rite du mariage sacré : l’avers contient la légende ’gn bl
bny ydÿbl, « banquet de Bel, benê Yedi'bel », le revers un lit de banquet devant lequel
se trouve un pyrée flanqué de deux oiseaux, ainsi que l’inscription ’strt. Le lectisterne
où Bel et 'Astart se réunissaient était donc dans ce cas associé au banquet offert par les
benê Yedi'bel. Une restitution de J. T. Milik pourrait ainsi trouver sa justification.
Deux expressions du notre texte introduites par εις visaient évidemment deux endroits
différents du temple : comment ne pas reconnaître les deux thalamos dont le principal
(nord) abritait les idoles du sanctuaire, tandis que l’autre (sud) un objet portable ou le
pulvinar. Malheureusement, les noms de ces parties de l’édifice sont endommagés dans
l’inscription. On peut hésiter si [ίερ]όν est la bonne restitution pour le thalamos nord où
l’encens et les liquides s’offraient aux images divines ; on songera plutôt à οΐκος comme
nom approprié au « saint des saints ». Le nom du thalamos sud se trouvait au milieu
de l’expression εις την τής α[— -κ]λείνην, « pour la klinè de [l’adyton ?] ».
Moqîmû a ainsi pourvu le temple des ustensils essentiels du culte, en remplaçant
sans doute les objets analogues, moins luxueux, dont on se servit immédiatement après la
consécration de la cella.
Comme on le voit par les dates des inscriptions, le chantier était déjà ouvert en 17 p.C.
14 Comme a pensé H. Seyrig, Syria 14, 1933, pp. 260-261.
15 Ibidem, pp. 261-263 et RTP 60.
16 RTp 124; cf. infra, p. 84 et Syria 48, 1971, p. 407 (pour l’hiérogamie supposée de Belhammôn et
Manawat).