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LA SOURCE ET SES ABORDS

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de remplacement d’une forme de culte par une autre. A partir du début du IIe siècle
apparaît la formule anonyme, répondant à une conception nouvelle du divin, mais elle
n’est pas exclusive. Quelques dédicaces à « Ba'alsamên bon et miséricordieux » 65, quelques
représentations confirmées épigraphiquement de la triade du dieu anonyme, identique
à celle de Ba'alsamên 66, montrent l’influence du culte établi. La piété spiritualisée,
insistant sur le caractère moral du dieu qui est non plus seulement « bon et rémunérateur »,
mais aussi « miséricordieux et compatissant », tendait à confirmer sa transcendance par
l’omission du nom et l’exclusion des parèdres, sans se montrer toujours conséquente.
Le culte de « Celui dont le nom est béni » était dans ses manifestations une affaire privée
à une exception de près 67. Les autels sont dédiés par des particuliers presque toujours
« pour leur vie et la vie » de leurs enfants et proches, en ajoutant parfois d’autres pré-
cisions 68 ; ce sont des ex-votos voués en action de grâces ou pour appuyer une prière.
La nouvelle forme du culte n’avait pas besoin des cadres institutionnels.
Comment dès lors s’attendre à ce que tous les autels soient érigés dans un seul endroit ?
Un groupe s’est formé près de la source, un autre dans le quartier ouest ; deux autels ont
été dressés devant la porte de Damas 69 ; à l’intérieur du péribole de Bel on en a retrouvé
un nombre suffisamment important70 pour exclure qu’ils aient pu être apportés de loin.
Pour la plupart des cippes, l’endroit exact de leur trouvaille, et encore davantage leur
emplacement primitif, restera inconnu. Le plus probablement, on les rencontrait même
hors de quelques sites privilégiés par la coutume progressivement établie. Il n’y avait
point de sanctuaire du dieu anonyme. Le dieu n’exigeait ordinairement d’autres hommages
que l’offrande d’un autel symbolique où on lui brûlait quelques grains d’encens lors de
l’installation et peut-être à des occasions ultérieures. Des holocaustes pouvaient lui être
offerts à dates fixes. L’un des autels d’el-Karâsi dédiés au dieu anonyme par la ville de
Palmyre portait en bas-relief l’image d’un siège ou lit de banquet ; c’est l’unique monu-
ment officiel du dieu. Si les autorités municipales ont choisi la formule alors nouvelle pour
marquer les autels du carrefour désertique, elles visaient en réalité Ba'alsamên. Les deux
cultes n’étaient pas strictement délimités, surtout au début 71. Ce sont cependant les
autels privés qui, par leur nombre même, caractérisent la piété du dieu non nommé.
Le problème dont je suis parti, la coexistence de Yarhibôl avec le dieu anonyme auprès
de la source, ne présente donc aucune difficulté : le premier restait toujours maître de la
grotte, y avait son image cultuelle, donnait des avis lorsqu’on lui demandait de choisir
un fonctionnaire ou de juger sa conduite. S’il n’y a pas de dédicaces à son nom, c’est
parce que le sanctuaire n’exigeait guère de constructions. Après tout, combien sont les
dédicaces à Bel lui-même dans son sanctuaire 72 ? Une seule fois, nous voyons un curateur
65 Cf. H. Seyrig, AS I, p. 97, Syria 14, 1933, pp. 248-249, RSP 128.
66 Collart, Baalshamin, pp. 218-220; CIS II 3981, 4001, 4002; H. S e y r i g, Syria 14, 1933, pp. 279-
282, 251; J. Cantineau, Syria 13, 1932, p. 135.
67 CIS II 3994 ; Chabot, Choix d’inscriptions de Palmyre, p. 77, pl. 23 ; H. Seyrig, Syria 14,
1933, p. 276, fig. 9. La conviction de J. T. Milik qu’il s’agit « d’une décision religieuse de la ville d’introduire
un culte tout particulier, essentiellement municipal » n’est pas justifiée.
68 Cf. CIS II 3992-4107; RSP 106-127, 129-131, 134-142, 144-146; Inv. XI, 1-11,13-42; Dunant,
Baalshamin 27; J. Cantineau, Syria 12, 1931, p. 135 suiv., n° 15-16; 14, 1933, p. 188 suiv., n° 11; 17,
1936, p. 346 suiv., n° 21-22; Syria 48, 1971, p. 407.
69 J. Starcky, MUSJ 1949/50, p. 51, pl. 16.
70 Syria 12, 1931, p. 135 suiv. Inv. XI, 11, 13, 44, 45, 47, 48 (la formule de quatre derniers endommagée).
71 Cf. H. Seyrig, Syria 14, 1933, pp. 275-276.
72 Inv. XI, 74, 78 ? ; la provenance est hypothétique.
 
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