INTRODUCTION.
u ,\ n d je considere l'homme calculant les révolutions périodiques
des astres , portant ses savans regards jusques aux plus élevées des étoiles,
& sondant les plus profondes cavernes de la terre, afin d arracher pour
ainfî dire , à la nature , ses mysteres les plus secrcts, je vois en lui
l'être le plus admirable, le plus parfait chef-d'œuvre qui pût sortir des
mains du tout-puissant. Mais si , d'un autre côté , je le vois dans ses tem-
ples courber ses genoux tremblans devant des idoles que lui-même s'est
fabriquées ; si je le suis dans ses écoles, où s'agitent tant de questions
frivoles , absurdes, contradictoires , impies même, touchant la divinité
qu'il cherche à approfondir ; si je parcours cette foule d'ouvrages , que
tant de gens instruits ont publiés pour accréditer la magie, l'astrologie
judiciaire, & tant d'autres folies de cette espece ; en un mot, si, en
entrant dans le cabinet de Newton , je trouve cet incomparable géomètre
occupé à commenter l'apocalypse, mon admiration cesse, pour faire
place au mépris, à la honte , à l'indignation, à la pitié ; & cet être s
qui me paroissoit, un mometlt auparavant, si sage , si pénétrant , &
dont l'ame approchoit tant de l'intelligence dîvine , n'est plus à mes
yeux, qu'un sophiste pointilleux, qu'un raisonneur louvent peu sensé,
qu'un ensant livré à toutes les foiblesses de son âge. Enfin, la vie des
hommes les plus doctes, les plus sages & les plus éclairés, toute éton-
nante qu'elle nous paroisse, étant tracée par une main habile, peut, Ci
l'on prend la peine de l'approfondir, être comparée au tableau de cet
artiste , qui peignit un borgne de profil, pour cacher aux speétateurs la
difformité du portrait.
Quoique notre intention ne soit-pas de tracer, dans cet ouvrage,
toutes les. foiblelîes dont le genre humain s'est rendu coupable, nous
en rapporterons cependant assez pour faire sentir à l'homme ce qu'il est,
& quel est le degré d'élévation ou de baiselse auquel il peut atteindre.
Placé sur la terre avec le germe de toutes les connoissances qui lui
étoient nécesfaires pour le rendre heureux , & portant dans son ame
le caractère inessaçable de l'être immortel qui le créa, ce n'est qu'en
sophistiquant sur la simplicité de ses idées, en attribuant à son auteur
u ,\ n d je considere l'homme calculant les révolutions périodiques
des astres , portant ses savans regards jusques aux plus élevées des étoiles,
& sondant les plus profondes cavernes de la terre, afin d arracher pour
ainfî dire , à la nature , ses mysteres les plus secrcts, je vois en lui
l'être le plus admirable, le plus parfait chef-d'œuvre qui pût sortir des
mains du tout-puissant. Mais si , d'un autre côté , je le vois dans ses tem-
ples courber ses genoux tremblans devant des idoles que lui-même s'est
fabriquées ; si je le suis dans ses écoles, où s'agitent tant de questions
frivoles , absurdes, contradictoires , impies même, touchant la divinité
qu'il cherche à approfondir ; si je parcours cette foule d'ouvrages , que
tant de gens instruits ont publiés pour accréditer la magie, l'astrologie
judiciaire, & tant d'autres folies de cette espece ; en un mot, si, en
entrant dans le cabinet de Newton , je trouve cet incomparable géomètre
occupé à commenter l'apocalypse, mon admiration cesse, pour faire
place au mépris, à la honte , à l'indignation, à la pitié ; & cet être s
qui me paroissoit, un mometlt auparavant, si sage , si pénétrant , &
dont l'ame approchoit tant de l'intelligence dîvine , n'est plus à mes
yeux, qu'un sophiste pointilleux, qu'un raisonneur louvent peu sensé,
qu'un ensant livré à toutes les foiblesses de son âge. Enfin, la vie des
hommes les plus doctes, les plus sages & les plus éclairés, toute éton-
nante qu'elle nous paroisse, étant tracée par une main habile, peut, Ci
l'on prend la peine de l'approfondir, être comparée au tableau de cet
artiste , qui peignit un borgne de profil, pour cacher aux speétateurs la
difformité du portrait.
Quoique notre intention ne soit-pas de tracer, dans cet ouvrage,
toutes les. foiblelîes dont le genre humain s'est rendu coupable, nous
en rapporterons cependant assez pour faire sentir à l'homme ce qu'il est,
& quel est le degré d'élévation ou de baiselse auquel il peut atteindre.
Placé sur la terre avec le germe de toutes les connoissances qui lui
étoient nécesfaires pour le rendre heureux , & portant dans son ame
le caractère inessaçable de l'être immortel qui le créa, ce n'est qu'en
sophistiquant sur la simplicité de ses idées, en attribuant à son auteur