7o C Ê R E M O NIES
il les reconnoissbient pour les déesses, parce que, dit-on, c'est le scul
poirTon qui ait une sorte de voix. Les parses de l'Inde pensent bien au-
trement à l'égard de ces dernières ; car , au lieu de les adorer & de
leur faire quelques sacrifices ils ne manquent pas de consicrer tous les
ans un jour , par un principe de religion très-ancien chez eux , où tous
ceux de cette nation, hommes, femmes, enfans & vieillards, font un
meurtre solemnel de toutes les grenouilles qui peuvent tomber sous
leurs coups (i). Cette conduite me paroît d'autant plus sage , que cet
animal est très-dangereux à la santé publique, par le miasme qu'il ré-
pand dans les pays-chauds, où les marais delséchés permettent au soieil
de pomper librement leur poison.
Observez que quelques-uns des philosophes de l'antiquité , s'il n'a-
voient pas la foiblesse d'adorer des bêtes, comme la multitude, avoient
néanmoins une étrange idée de leur nature. On croit que Parmenides,
Empedocles , Démocrite & Anaxagore enseignoient que toutes les
bêtes sont douées d'intelligence. Virgile , convaincu du systême de
lame universelle, pensoit comme eux sur ce point. Plusieurs personnes,
dit-il, résséchisîant sur la conduite des abeilles , sur leurs travaux & leur
prudence , ont cru qu elles étoient douées d'un esprit divin , & qu'elles
faisoient partie de l'intelligence suprême.
Ht quidam Jignls, atque exempta secutl,
Ejje apibus partent divinte mentis , & haujîus
^SZthcrios dix ère. . ..........
Arnobe & Laétance, quoique fort attachés à la religion chrétienne
dont ils étoient les défenseurs , bien loin de penser comme S. Augustin
& Descartes, sur l'ame des bêtes dont ils ne faisoient que des automates,
la regardoient comme de la même nature que celle de l'homme ; Se la
seule disférence, sélon eux , qui distinguoit ces deux substances , disfé-
rence purement accidentelle & de peu de considération , consistoit dans
les organes des corps qu'elles animoient. De manière que la supériorité
de celle de l'homme , qu'ils étoient obligés de reconnoître pendant le
tems que duroit l'hypostase , ne tiroit son origine que de la délicatesse
^i) J'ai lieu de croire que ce jour est le cinquième du mois isphendarmaz, qui correspondoit
anciennement à notre mois de Juin ; car on sait que les perses étoient dans l'usage de saire cer-
tains enchantemens ce jour-là , pour chasser les seorpions & les autres animaux venimeux de leur
pays.
il les reconnoissbient pour les déesses, parce que, dit-on, c'est le scul
poirTon qui ait une sorte de voix. Les parses de l'Inde pensent bien au-
trement à l'égard de ces dernières ; car , au lieu de les adorer & de
leur faire quelques sacrifices ils ne manquent pas de consicrer tous les
ans un jour , par un principe de religion très-ancien chez eux , où tous
ceux de cette nation, hommes, femmes, enfans & vieillards, font un
meurtre solemnel de toutes les grenouilles qui peuvent tomber sous
leurs coups (i). Cette conduite me paroît d'autant plus sage , que cet
animal est très-dangereux à la santé publique, par le miasme qu'il ré-
pand dans les pays-chauds, où les marais delséchés permettent au soieil
de pomper librement leur poison.
Observez que quelques-uns des philosophes de l'antiquité , s'il n'a-
voient pas la foiblesse d'adorer des bêtes, comme la multitude, avoient
néanmoins une étrange idée de leur nature. On croit que Parmenides,
Empedocles , Démocrite & Anaxagore enseignoient que toutes les
bêtes sont douées d'intelligence. Virgile , convaincu du systême de
lame universelle, pensoit comme eux sur ce point. Plusieurs personnes,
dit-il, résséchisîant sur la conduite des abeilles , sur leurs travaux & leur
prudence , ont cru qu elles étoient douées d'un esprit divin , & qu'elles
faisoient partie de l'intelligence suprême.
Ht quidam Jignls, atque exempta secutl,
Ejje apibus partent divinte mentis , & haujîus
^SZthcrios dix ère. . ..........
Arnobe & Laétance, quoique fort attachés à la religion chrétienne
dont ils étoient les défenseurs , bien loin de penser comme S. Augustin
& Descartes, sur l'ame des bêtes dont ils ne faisoient que des automates,
la regardoient comme de la même nature que celle de l'homme ; Se la
seule disférence, sélon eux , qui distinguoit ces deux substances , disfé-
rence purement accidentelle & de peu de considération , consistoit dans
les organes des corps qu'elles animoient. De manière que la supériorité
de celle de l'homme , qu'ils étoient obligés de reconnoître pendant le
tems que duroit l'hypostase , ne tiroit son origine que de la délicatesse
^i) J'ai lieu de croire que ce jour est le cinquième du mois isphendarmaz, qui correspondoit
anciennement à notre mois de Juin ; car on sait que les perses étoient dans l'usage de saire cer-
tains enchantemens ce jour-là , pour chasser les seorpions & les autres animaux venimeux de leur
pays.