CHAPITRE CXV. IC;3
Nous retrouvâmes au caravansérail de Boutchiea
les gens de notre suite, qui s'étaient largement ré-
galés du jus de la treille, pour dire adieu aux vins
de la Phliasie. J'observai que la vallée d'où nous al-
lions sortir réunit dans cet endroit les deux branches
de l'Àsope, qui viennent, Tune du mont Olovos, une
lieue au nord, et l'autre du Soron-Oros, qui est à
l'occident, mais un peu plus éloigné. Je me trouvais
près d'un aqueduc moderne qui sert à porter des eaux
à plusieurs moulins situés à sa décharge; et de là je
promenai long - temps mes regards sur la Phliasie,
vallée entourée de montagnes nues et grisâtres. Des
bergers, campés à peu de distance, sous des huttes
en clayonage, animaient, seuls avec leurs troupeaux,
cette terre autrefois vivifiée par une population nom-
breuse. Leurs casquettes de joncs, surmontées de
houppes, attachées sous leurs mentons avec des cor-
dons flottant sur leurs épaules,, me rappelaient la
coiffure des pasteurs arcadiens et de ceux du Latium.
Ils chantaient, et l'un d'eux fit entendre ce refrain, qui
me rappela les temps de leur félicité pastorale : Quel
pays produit comme le nôtre du miel, des figues et du
pain (i)? Et les femmes, en faisant tourner rapide-
ment leurs fuseaux, répondaient : Enfants, bénissez le
dieu tout puissant ; c'est lui qui nous donne ces trésors !
(i) Cet enthousiasme respectable des Grecs pour leur pays a
été remarqué dans tous les temps. Quelle terre, ô Hipponice, pro-
duit du miel, des figues et du pain ! s'écrie un interlocuteur cité
par Athénée, Otx $'h X"?a pe'pet xb p.s'Xt, tcùç âprouç, rà erjza.
Athek., Deipnosoph., Iih. III, c. i,
IF. i3
Nous retrouvâmes au caravansérail de Boutchiea
les gens de notre suite, qui s'étaient largement ré-
galés du jus de la treille, pour dire adieu aux vins
de la Phliasie. J'observai que la vallée d'où nous al-
lions sortir réunit dans cet endroit les deux branches
de l'Àsope, qui viennent, Tune du mont Olovos, une
lieue au nord, et l'autre du Soron-Oros, qui est à
l'occident, mais un peu plus éloigné. Je me trouvais
près d'un aqueduc moderne qui sert à porter des eaux
à plusieurs moulins situés à sa décharge; et de là je
promenai long - temps mes regards sur la Phliasie,
vallée entourée de montagnes nues et grisâtres. Des
bergers, campés à peu de distance, sous des huttes
en clayonage, animaient, seuls avec leurs troupeaux,
cette terre autrefois vivifiée par une population nom-
breuse. Leurs casquettes de joncs, surmontées de
houppes, attachées sous leurs mentons avec des cor-
dons flottant sur leurs épaules,, me rappelaient la
coiffure des pasteurs arcadiens et de ceux du Latium.
Ils chantaient, et l'un d'eux fit entendre ce refrain, qui
me rappela les temps de leur félicité pastorale : Quel
pays produit comme le nôtre du miel, des figues et du
pain (i)? Et les femmes, en faisant tourner rapide-
ment leurs fuseaux, répondaient : Enfants, bénissez le
dieu tout puissant ; c'est lui qui nous donne ces trésors !
(i) Cet enthousiasme respectable des Grecs pour leur pays a
été remarqué dans tous les temps. Quelle terre, ô Hipponice, pro-
duit du miel, des figues et du pain ! s'écrie un interlocuteur cité
par Athénée, Otx $'h X"?a pe'pet xb p.s'Xt, tcùç âprouç, rà erjza.
Athek., Deipnosoph., Iih. III, c. i,
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