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Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Editor]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Editor]
Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire — 9.1887

DOI issue:
Nr. 3-4
DOI article:
Ménant, Joachim: La stèle de Chalouf
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https://doi.org/10.11588/diglit.12256#0166
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156

La stèle de Chaloup.

éclairer l'expression de la volonté que Darius avait manifestée, notre interprétation, appuyée
déjà sur l'autorité d'Hérodote, paraîtra bien plausible.

L'historique que nous avons fait des travaux dont le canal de Néco et de Darius a été
l'objet, vient jeter un grand jour sur ce point trop obscurci. Il est, sans, doute, facile, pour
combler les lacunes, d'y introduire des mots conformes au sens que l'on désire, soit que l'on
se rattache au témoignage d'Hérodote, soit qu'on suive la tradition de Pline ou de Strabon ;
mais l'ensemble des monuments de Darius nous donne ici un renseignement des plus précieux.

La Stèle de Chalouf n'est pas d'ailleurs complètement perdue, et peut-être quelque frag-
ment oublié viendra-t-il combler un jour la fin des dernières ligues? D'un autre côté, la Stèle
de Chalouf n'était pas isolée : d'autres avec elle jalonnaient les rives du canal de Darius.
Nous ignorons, sans doute, ce qui était écrit sur ces monuments égarés, mais ou peut affirmer
que Darius ne les avait pas élevés pour dire de détruire son œuvre. Voilà pourquoi nous
avons tenu à bien préciser la position de chacune de ces stèles, car cette position indique
assez que le canal était libre dans tout son parcours.

La stèle de Tell-el-Maskhutah, dont l'existence nous est signalée par M. Naville se trou-
vait précisément à l'endroit où Darius reprenait le travail de Néco pour le continuer jusqu'à
la mer; elle ne pouvait donc être élevée pour enregistrer l'ordre d'interrompre un travail à
peine commencé. Ce n'est pas non plus pour dire de suspendre le travail que Darius avait
élevé une stèle au seuil du Sérapéum (kilom. 14). Il n'avait pas à craindre une inondation
de la Mer Rouge; aussi il a continué ses travaux, et il faut bien admettre qu'ils sont arrivés
au seuil de Chalouf, c'est-à-dire au kilom. 61. Le travail était alors bien avancé; plus de
la moitié du trajet (les deux tiers) était parcouru. Or, pour suivre la traduction proposée, il
faudrait admettre que c'est précisément à cet endroit que Darius se serait aperçu de l'impru-
dence de son entreprise et aurait ordonné, non seulement de discontinuer les travaux, mais
encore de détruire ce qui était déjà fait! — Le bon sens se refuse à admettre cette inter-
prétation. Quoi! Darius, dans un texte égyptien destiné à être lu par tous ses sujets des
bords du Nil, aurait étalé tous ses titres, énuméré toutes les provinces de son vaste empire
et se serait couvert de l'autorité du dieu Ra qui parle par sa bouche, pour avouer qu'il avait
été imprudent, qu'il avait déjà creusé un canal à grand' peine, avec des efforts considérables,
et qu'il fallait abandonner cette entreprise! Enfin, pour que ses sujets perses, mèdes et assy-
riens n'en ignorent, il aurait répété sur tout le parcours le même aveu d'imprévoyance dans
les trois langues des Achéménides!

Il y a plus, et je crois que cette dernière observation est décisive : Darius a continué
le canal au-delà de Chalouf. La preuve ? c'est qu'il a élevé une stèle sur les bords de la Mer
Rouge et peut-être deux, à l'endroit où précisément son oeuvre était achevée. Rappelons-nous,
en effet, que M. F. de Lesseps A VU au kilomètre 83, à 7 kilomètres au Nord de Suez, une
stèle achéménide. Rappelons-nous encore que M. Roziére A VU à six heures et demie de marche
au Nord de Suez une stèle sur laquelle il a copié le nom de Darius !

Ces stèles se trouvaient alors comme aujourd'hui au débouché du canal, sur le littoral
de la Mer Erythrée (la Mer Rouge), où Hérodote nous dit précisément que le canal devait
aboutir. L'œuvre de Darius était donc terminée, et ce n'était pas pour en proclamer l'inutilité
et les dangers qu'il avait élevé des stèles dans ces parages.

Je me suis abstenu de parler des villes qui se trouvaient situées sur les bords du canal

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