Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Hrsg.]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Hrsg.]: Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire (40.1923)

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n'en doute; mais il y avait aussi des praticiens de bonne foi qui avaient vu ce qu'ils
décrivaient ou qui pensaient l'avoir vu. Nous devons donc nous demander s'il n'y avait
pas quelque réalité dans les phénomènes qu'ils dépeignent de façon si précise, et
si vraiment ils ne ressentaient pas le choc d'apparitions surnaturelles, sensibles par la
vue et par l'ouïe pour leur médium ou pour eux-mêmes. Il est difficile que des pra-
tiques aussi compliquées et, il ne faut pas se le dissimuler, aussi dangereuses, se
soient perpétuées pendant des siècles, sans qu'il y ait eu des faits qui permettaient
aux adeptes de croire qu'elles étaient efficaces au moins dans des cas donnés. Après
avoir étudié longuement la question et en avoir éclairé les parties obscures par des
rapprochements avec les œuvres de la magie moderne en Occident et en Orient, j'en
suis arrivé à me convaincre que les magiciens égyptiens de l'époque impériale et leurs
clients, lorsqu'ils suivaient fidèlement les préceptes de leur rituel, étaient les victimes
d'hallucinations véritables amenées par intoxications volontaires et par autosuggestions.
Il y a, en effet, trois moments dans la conjuration par la lampe ou par le vase, telle
que je viens de la décrire : celui de la préparation mentale et matérielle, celui de
l'évocation proprement dite, et enfin celui où les invisibles se manifestent ou refusent
d'apparaître. Examinons ce qui se passe dans chacun d'eux et cherchons à déterminer
quelle est la part de la suggestion et celle de l'intoxication W.

G. Maspero.

(I) Cette intéressante étude n'a malheureusement pas été achevée; le manuscrit laissé par M. Maspero se
termine ici. — E. C.