Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Hrsg.]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Hrsg.]
Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire — 40.1923

DOI Artikel:
Chassinat, Émile: Les trouvailles de monnaies égyptiennes à légendes hiéroglyphiques
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.12747#0166
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
156 É. GHASSINAT. [26]

frappés pour Gyrène pendant la satrapie de Ptolérfiée (32 3-3 o 5 ) montrent sur l'un des
côtés un cheval galopant à droite, bridé ou libre, tout à fait semblable à celui de nos
pièces d'or M. La cavalerie numide était célèbre; et, suivant Strabon (XVII, m, 7),
tous les peuples libyens se servaient des mêmes petits chevaux vifs et ardents. Rien de
plus naturel, donc, que l'on eût adopté cet animal à titre de symbole dans une région
où il tenait une place aussi importante.

Il semble toutefois qu'il fut admis comme tel à Carthage pour des raisons d'oppor-
tunité qu'il n'est pas indifférent de préciser. Les Carthaginois avaient pour armes
parlantes le palmier (^oïvjf ), qui rappelait leur origine. La tète de cheval (capat acris
eqiti) représentée sur les beaux tétradrachmes à l'effigie d'Aréthuse et d'Hercule, à côté
du dattier, se rattache à une légende relative à la fondation de la cité punique men-
tionnée par Virgile'2'. Le cheval, par contre, n'appartient pas à la symbolique phéni-
cienne; c'est évidemment un emprunt fait au fonds libyque, de même que le lion'3),
qui figure aussi, passant devant un palmier, sur une autre pièce remarquable de Car-
thage. Ici une remarque s'impose. Carthage ne commença à monnayer que vers
&10, après qu'elle eut envahi la Sicile. Elle le fit par suite de la nécessité où elle se
trouvait de solder en numéraire ses troupes tenant garnison dans l'île. Le caractère
exclusivement militaire de plusieurs séries de ces monnaies est indiqué par les légendes
qui y sont inscrites : Makhanat, am Makhanat, Mekhasbim, le ce camp n, le ce Peuple du
camp il ; les ce questeurs n '4). On sait, d'autre part, que les peuplades de la Libye four-
nissaient des contingents considérables à l'armée carthaginoise. C'est là, il me semble,
la cause la plus probable de l'admission du cheval parmi les symboles de la ville.

Le cas de Carthage et de l'Egypte frappant pour la première fois monnaie dans
un même but et marquant de plus toutes deux leur numéraire d'un signe identique,
le cheval, qui n'est ni phénicien ni égyptien, impose un rapprochement. Simple coïn-
cidence fortuite, dira-t-on. La rencontre est indubitablement accidentelle et sans lien
sur un point; mais il en est, je crois, tout autrement en ce qui concerne l'autre.
L'emploi des mercenaires a donné naissance aux mêmes besoins dans les deux pays et
conduit à des mesures semblables. L'homme qui venait se louer et que sa carrière
aventureuse n'attachait à aucun lieu ne pouvait se contenter d'être payé en nature ou
en métaux bruts. Il lui fallait des espèces sonnantes. On en créa pour lui où il n'y en
avait pas encore. A Carthage, dont le gros de l'armée était composé d'auxiliaires afri-
cains, cavaliers émérites pour la plupart, il était naturel que l'on prît un symbole
local, admis déjà sans doute dans l'ensemble du pays, et qui rappelait le mieux les

(1> E. Babelon, Traité des monnaies grecques el romaines, 2° partie, t. III, p. 1098, n" 1920-1922, et
p. 1099, n" 1928; 3" partie, pl. GGLXVIII, fig. 5-g et i5.
(2) Ênélde, I, vers 442-445.

^ Cf. MïJller, Numism. de i'anc. Afrique, t. I, p. i32.
(i) Il s'agit des questeurs préposés à l'armée.
 
Annotationen