[14] LES SCÈNES DE CHASSE ASSYRIENNES ET ÉGYPTIENNES. 171
réguliers, indiquant, les côtes. On pourrait dire que les animaux égyptiens sont autant
stylisés que ceux des sculptures assyriennes sont réalistes. A moins d'y voir différentes
espèces zoologiques?
§ 33. Du reste, en Égypte, les animaux de chasse ne luttent pas contre l'homme;
ils fuient, soit directement — c'est le cas le plus général — soit en tournant la tête
(Ramsès III).
En Assyrie, au contraire, la chasse est un véritable combat du roi contre le carnas-
sier, sur lequel nous reviendrons plus loin.
S 3â. Si l'art assyrien est plus réaliste que l'art égyptien, ce dernier est aussi plus
symbolique, en ce sens qu'il veut indiquer ou impressionner plutôt que reproduire
la réalité : un exemple frappant est la scène de Ramsès III tenant, par le bout, une
lance démesurée et la poussant vers le taureau; quoique maniée du côté du specta-
teur, elle passe derrière le cou du roi et derrière le cheval. Les chevaux, trop grands,
couvrent plusieurs cadavres de taureaux. L'eau foisonne de poissons de dimension
énorme. Les feuilles de papyrus atteignent une hauteur exagérée. Ce manque de pro-
portion n'existe pas dans les scènes assyriennes, et du reste, sous le corps des chevaux
cabrés on n'y voit jamais plus d'un animal tué.
§ 35. Au point de vue de la perspective, une différence sensible se remarque dans
l'espacement des sujets (lions, chèvres, onagres). Le sculpteur assyrien les isole poul-
ies mieux faire valoir, tandis que l'égyptien aime le fouillis, l'enchevêtrement qui
confine à la confusion et qui doit produire l'impression d'une mêlée nombreuse comme
celle (Ramsès III) d'une bataille. On constate même que les scènes de guerre et les
scènes de chasse sont conçues d'après un plan semblable (cf. les scènes militaires de
la XIXe dynastie) — ce qui n'est pas le cas pour les scènes assyriennes. De plus,
certains motifs, comme celui du roi se retournant dans son char, se retrouvent dans
les scènes guerrières W.
§ 36. Après avoir relevé ce que les deux arts ont de commun et de dissemblable,
demandons-nous enfin lequel des deux répertoires est le plus riche non seulement au point
de vue des sujets, mais encore au point de vue de la manière dont ceux-ci sont
représentés.
Dans cet ordre d'idées, la palme revient indiscutablement au sculpteur assyrien;
de nombreux motifs n'ont pas leur équivalent en Egypte, pas même dans les scènes
les plus variées de Ramsès III. Abstraction faite des éléments examinés précédemment,
c*3 Exemples (le Séti I" : Rosellixi, Monvmcnti delFEgilto, t. I, pl. XLIX, LVIII; de Ramsès II : ibid.,
pl. XCV, etc.
2q .
réguliers, indiquant, les côtes. On pourrait dire que les animaux égyptiens sont autant
stylisés que ceux des sculptures assyriennes sont réalistes. A moins d'y voir différentes
espèces zoologiques?
§ 33. Du reste, en Égypte, les animaux de chasse ne luttent pas contre l'homme;
ils fuient, soit directement — c'est le cas le plus général — soit en tournant la tête
(Ramsès III).
En Assyrie, au contraire, la chasse est un véritable combat du roi contre le carnas-
sier, sur lequel nous reviendrons plus loin.
S 3â. Si l'art assyrien est plus réaliste que l'art égyptien, ce dernier est aussi plus
symbolique, en ce sens qu'il veut indiquer ou impressionner plutôt que reproduire
la réalité : un exemple frappant est la scène de Ramsès III tenant, par le bout, une
lance démesurée et la poussant vers le taureau; quoique maniée du côté du specta-
teur, elle passe derrière le cou du roi et derrière le cheval. Les chevaux, trop grands,
couvrent plusieurs cadavres de taureaux. L'eau foisonne de poissons de dimension
énorme. Les feuilles de papyrus atteignent une hauteur exagérée. Ce manque de pro-
portion n'existe pas dans les scènes assyriennes, et du reste, sous le corps des chevaux
cabrés on n'y voit jamais plus d'un animal tué.
§ 35. Au point de vue de la perspective, une différence sensible se remarque dans
l'espacement des sujets (lions, chèvres, onagres). Le sculpteur assyrien les isole poul-
ies mieux faire valoir, tandis que l'égyptien aime le fouillis, l'enchevêtrement qui
confine à la confusion et qui doit produire l'impression d'une mêlée nombreuse comme
celle (Ramsès III) d'une bataille. On constate même que les scènes de guerre et les
scènes de chasse sont conçues d'après un plan semblable (cf. les scènes militaires de
la XIXe dynastie) — ce qui n'est pas le cas pour les scènes assyriennes. De plus,
certains motifs, comme celui du roi se retournant dans son char, se retrouvent dans
les scènes guerrières W.
§ 36. Après avoir relevé ce que les deux arts ont de commun et de dissemblable,
demandons-nous enfin lequel des deux répertoires est le plus riche non seulement au point
de vue des sujets, mais encore au point de vue de la manière dont ceux-ci sont
représentés.
Dans cet ordre d'idées, la palme revient indiscutablement au sculpteur assyrien;
de nombreux motifs n'ont pas leur équivalent en Egypte, pas même dans les scènes
les plus variées de Ramsès III. Abstraction faite des éléments examinés précédemment,
c*3 Exemples (le Séti I" : Rosellixi, Monvmcnti delFEgilto, t. I, pl. XLIX, LVIII; de Ramsès II : ibid.,
pl. XCV, etc.
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