[16] LES SCÈNES DE CHASSE ASSYRIENNES ET ÉGYPTIENNES. 173
ment où le fauve changeait de mouvement ou de direction; il l'a exprimé avec une
audace qui parfois nous fait douter de la possibilité de ces attitudes.
Les scènes de libation sur les cadavres (Place, pl. 5*7; Paterson, Assyrian Sculptures,
pl. LVI1I) et celle où le roi étend les mains sur les cadavres sont également unièmes.
§ 42. Les assistants, soldats, piqueurs, etc., se distinguent, eux aussi, par des
attitudes que le ciseau égyptien n'a pas rendues dans les scènes de chasse; citons :
les soldats dans le char du roi, défendant celui-ci du bouclier — ceux qui amènent
au roi son cheval et ses armes; le cavalier excitant le lion au moyen de la cravache;
les porteurs de cadavres de lions; ceux qui luttent dans la barque; ceux qui assistent
au terrible corps à corps et dont l'impassibilité nous étonne.
Les assistants égyptiens, au contraire, ont une allure qu'on retrouve dans toutes
les scènes militaires de la XIXe dynastie; elle manque de variété; c'est toujours celle
du soldat s'avançant, ou au repos, ou décochant un trait. Le groupement des fan-
tassins est indiqué par des lignes parallèles comme celles qui délimitent le contour
des chevaux du char royal. Sans la présence des bêtes de chasse, on pourrait croire
qu'il s'agit de scènes de guerre. La même observation peut se faire pour l'attitude du
roi lui-même; elle est identique à celle qu'il prend lorsqu'il combat des ennemis. Ces
attitudes, d'ailleurs, prouvent que les. scènes de guerre ou de chasse égyptiennes sont
composées dans un même esprit, ce qui n'est pas le cas pour les scènes assyriennes.
VI. — L'ORIGINE DES SCÈNES ASSYRIENNES.
§ /i3. Nous avons vu dans les paragraphes précédents : i° que certains motifs de
chasse sont communs aux deux pays, sans qu'il faille nécessairement admettre copie
ou emprunt de la part des Assyriens (§28); 20 que le répertoire assyrien est infini-
ment plus riche et varié et que sa réalisation est obtenue par d'autres moyens
(§ — Comme corollaire, nous pouvons ajouter, 3° qu'il est difficile de trouver
dans les scènes assyriennes des motifs dont l'emprunt aux Egyptiens est incontestable.
Loin de prétendre que les Assyriens aient copié les Egyptiens, il faut se demander
si ces derniers n'ont pas emprunté des sujets aux Asiatiques, car on constate que
certains motifs assyriens qui semblent indiquer une origine égyptienne, viennent en
réalité de l'Asie. Il en est ainsi, par exemple, du motif du particulier ou du roi chassant
en char. Nous savons, en effet, que le char n'est pas égyptien; il n'apparaît que bien
tard dans l'iconographie égyptienne; il a été importé en Egypte par les Asiatiques,
probablement avec le cheval'1), sous le régime des Hyksos. Au surplus, rappelons-
t1' Nous supposons que le premier usage que les Égyptiens ont fait du cheval est celui de traîner un
véhicule; comme monture nous ne le rencontrons dans la sculpture que sur les reliefs de la fin de la XVI11"
dynastie, par exemple : Horemheh (Bologne, n° 1889 : Journal of Egyptian Ârchœology, 1921, vol. VII,
pl. VI), et plus tard.
ment où le fauve changeait de mouvement ou de direction; il l'a exprimé avec une
audace qui parfois nous fait douter de la possibilité de ces attitudes.
Les scènes de libation sur les cadavres (Place, pl. 5*7; Paterson, Assyrian Sculptures,
pl. LVI1I) et celle où le roi étend les mains sur les cadavres sont également unièmes.
§ 42. Les assistants, soldats, piqueurs, etc., se distinguent, eux aussi, par des
attitudes que le ciseau égyptien n'a pas rendues dans les scènes de chasse; citons :
les soldats dans le char du roi, défendant celui-ci du bouclier — ceux qui amènent
au roi son cheval et ses armes; le cavalier excitant le lion au moyen de la cravache;
les porteurs de cadavres de lions; ceux qui luttent dans la barque; ceux qui assistent
au terrible corps à corps et dont l'impassibilité nous étonne.
Les assistants égyptiens, au contraire, ont une allure qu'on retrouve dans toutes
les scènes militaires de la XIXe dynastie; elle manque de variété; c'est toujours celle
du soldat s'avançant, ou au repos, ou décochant un trait. Le groupement des fan-
tassins est indiqué par des lignes parallèles comme celles qui délimitent le contour
des chevaux du char royal. Sans la présence des bêtes de chasse, on pourrait croire
qu'il s'agit de scènes de guerre. La même observation peut se faire pour l'attitude du
roi lui-même; elle est identique à celle qu'il prend lorsqu'il combat des ennemis. Ces
attitudes, d'ailleurs, prouvent que les. scènes de guerre ou de chasse égyptiennes sont
composées dans un même esprit, ce qui n'est pas le cas pour les scènes assyriennes.
VI. — L'ORIGINE DES SCÈNES ASSYRIENNES.
§ /i3. Nous avons vu dans les paragraphes précédents : i° que certains motifs de
chasse sont communs aux deux pays, sans qu'il faille nécessairement admettre copie
ou emprunt de la part des Assyriens (§28); 20 que le répertoire assyrien est infini-
ment plus riche et varié et que sa réalisation est obtenue par d'autres moyens
(§ — Comme corollaire, nous pouvons ajouter, 3° qu'il est difficile de trouver
dans les scènes assyriennes des motifs dont l'emprunt aux Egyptiens est incontestable.
Loin de prétendre que les Assyriens aient copié les Egyptiens, il faut se demander
si ces derniers n'ont pas emprunté des sujets aux Asiatiques, car on constate que
certains motifs assyriens qui semblent indiquer une origine égyptienne, viennent en
réalité de l'Asie. Il en est ainsi, par exemple, du motif du particulier ou du roi chassant
en char. Nous savons, en effet, que le char n'est pas égyptien; il n'apparaît que bien
tard dans l'iconographie égyptienne; il a été importé en Egypte par les Asiatiques,
probablement avec le cheval'1), sous le régime des Hyksos. Au surplus, rappelons-
t1' Nous supposons que le premier usage que les Égyptiens ont fait du cheval est celui de traîner un
véhicule; comme monture nous ne le rencontrons dans la sculpture que sur les reliefs de la fin de la XVI11"
dynastie, par exemple : Horemheh (Bologne, n° 1889 : Journal of Egyptian Ârchœology, 1921, vol. VII,
pl. VI), et plus tard.