[18] LES SCÈNES DE CHASSE ASSYRIENNES ET ÉGYPTIENNES. 175
la scène de chasse en char a été inspirée aux Égyptiens par des scènes militaires ou
cynégétiques soit gravées et importées, soit vues au nord de Syrie et que, par consé-
quent, les Assyriens n'ont pas du chercher ce motif dans la vallée du Nil, avec laquelle
ils ne vinrent en rapport, d'après les annales égyptiennes, que depuis le règne de
Toutmès III (milieu du xve siècle)'1'. Au contraire, tout porte à croire que les Assy-
riens ont trouvé la plupart de leurs sujets en Mésopotamie, c'est-à-dire chez eux et
dans la contrée limitrophe, celle des Hittites avec laquelle leurs relations économiques
remontent au 3e millénaire.
Il est inutile, dès lors, de supposer que les Assyriens aient traversé la Syrie pour
s'inspirer des scènes égyptiennes. Ils n'ont du reste conquis Memphis et Thèbes la capi-
tale que beaucoup plus tard (sous Asarhaddon en 670 et sous Ashourbanipal en 661).
Inutile aussi d'admettre que seuls les objets importés d'Egypte les aient inspirés.
§ 45. Deux autres raisons militent en faveur de cette hypothèse. D'abord que les
Assyriens sont un peuple guerrier et chasseur comme tous leurs voisins de la Cappa-
doce et de la Mésopotamie occidentale et qu'ils ont par conséquent pu développer,
après l'avoir vécu, le thème de la lutte contre les quadrupèdes, dans une contrée
infestée de fauves et de carnassiers comme la leur.
S 46. En second lieu, que depuis les origines ils ont vu des scènes de chasse
et de lutte entre héros et quadrupèdes, gravées sur les pierres chaldéo-élamites '2',
répandues dès le /ie/3e millénaire dans toute la Mésopotamie et reproduites non seu-
lement sur les pierres syro-hittites de la même époque, mais encore sur les intailles
assyriennes postérieures. Le nombre de ces scènes est aussi grand que le sujet même
est varié. Or, les scènes de chasse du roi assyrien ne sont pas seulement des scènes
de chasse; ce sont aussi des scènes de lutte — nous lavons déjà constaté — elles
sont la continuation de l'ancien thème chaldéo-élamite de Gilgamech-Engidu, déve-
loppé et rajeuni et qui sert du ix° au vn° siècle à illustrer la force héroïque du roi
assyrien, comme il glorifiera plus tard la valeur des rois achéménides.
Dans la sculpture égyptienne, au contraire, toute idée de lutte héroïque est exclue;
on n'y voit jamais un corps à corps du chasseur et du fauve'3'. C'est donc aux scènes de
lutte des intailles mésopotamiennes que nous préférons, en dernière analyse, ratta-
cher nos scènes assyriennes; nous y retrouvons ces dangereux corps à corps, cette
(,) Sethe, Urkunden des alten Âegyptens, t. IV, p. 701 : une des premières mentions de l'Assyrie, mais qui
n'exclut pas, il est vrai, des relations antérieures.
(J) La pierre n" &207 du Musée de Berlin publiée dans Der aile Orient, années 17 et 18, 19QO, 2' vol.,
p. 1 o3, n" 515, et quelques pièces des pages suivantes.
W Rappelons, toutefois, la scène de lutte, figurée sur le manche du couteau de Gcbel el-Arak, dont l'ori-
gine égyptienne probable est encore sérieusement contestée.
la scène de chasse en char a été inspirée aux Égyptiens par des scènes militaires ou
cynégétiques soit gravées et importées, soit vues au nord de Syrie et que, par consé-
quent, les Assyriens n'ont pas du chercher ce motif dans la vallée du Nil, avec laquelle
ils ne vinrent en rapport, d'après les annales égyptiennes, que depuis le règne de
Toutmès III (milieu du xve siècle)'1'. Au contraire, tout porte à croire que les Assy-
riens ont trouvé la plupart de leurs sujets en Mésopotamie, c'est-à-dire chez eux et
dans la contrée limitrophe, celle des Hittites avec laquelle leurs relations économiques
remontent au 3e millénaire.
Il est inutile, dès lors, de supposer que les Assyriens aient traversé la Syrie pour
s'inspirer des scènes égyptiennes. Ils n'ont du reste conquis Memphis et Thèbes la capi-
tale que beaucoup plus tard (sous Asarhaddon en 670 et sous Ashourbanipal en 661).
Inutile aussi d'admettre que seuls les objets importés d'Egypte les aient inspirés.
§ 45. Deux autres raisons militent en faveur de cette hypothèse. D'abord que les
Assyriens sont un peuple guerrier et chasseur comme tous leurs voisins de la Cappa-
doce et de la Mésopotamie occidentale et qu'ils ont par conséquent pu développer,
après l'avoir vécu, le thème de la lutte contre les quadrupèdes, dans une contrée
infestée de fauves et de carnassiers comme la leur.
S 46. En second lieu, que depuis les origines ils ont vu des scènes de chasse
et de lutte entre héros et quadrupèdes, gravées sur les pierres chaldéo-élamites '2',
répandues dès le /ie/3e millénaire dans toute la Mésopotamie et reproduites non seu-
lement sur les pierres syro-hittites de la même époque, mais encore sur les intailles
assyriennes postérieures. Le nombre de ces scènes est aussi grand que le sujet même
est varié. Or, les scènes de chasse du roi assyrien ne sont pas seulement des scènes
de chasse; ce sont aussi des scènes de lutte — nous lavons déjà constaté — elles
sont la continuation de l'ancien thème chaldéo-élamite de Gilgamech-Engidu, déve-
loppé et rajeuni et qui sert du ix° au vn° siècle à illustrer la force héroïque du roi
assyrien, comme il glorifiera plus tard la valeur des rois achéménides.
Dans la sculpture égyptienne, au contraire, toute idée de lutte héroïque est exclue;
on n'y voit jamais un corps à corps du chasseur et du fauve'3'. C'est donc aux scènes de
lutte des intailles mésopotamiennes que nous préférons, en dernière analyse, ratta-
cher nos scènes assyriennes; nous y retrouvons ces dangereux corps à corps, cette
(,) Sethe, Urkunden des alten Âegyptens, t. IV, p. 701 : une des premières mentions de l'Assyrie, mais qui
n'exclut pas, il est vrai, des relations antérieures.
(J) La pierre n" &207 du Musée de Berlin publiée dans Der aile Orient, années 17 et 18, 19QO, 2' vol.,
p. 1 o3, n" 515, et quelques pièces des pages suivantes.
W Rappelons, toutefois, la scène de lutte, figurée sur le manche du couteau de Gcbel el-Arak, dont l'ori-
gine égyptienne probable est encore sérieusement contestée.