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Rocznik Historii Sztuki — 8.1970

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II. Z zagadnień sztuki polskiej
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Kowalczyk, Jerzy: Fasada ratusza poznańskiego: Recepcja form z traktatu Serlia i antyczny program
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https://doi.org/10.11588/diglit.13396#0182
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JERZY KOWALCZYK

ments de la Bible se virent étayés par ceux de la mythologie antique et par des exemples édifiants tirés de l'histoire grecque et
romaine. Ainsi, sur le pilori élevé en 1535 devant l'hôtel de ville on plaça une citation de l'Énéide de Virgile. Il en était de même
à l'intérieur du bâtiment où, au-dessus d'un portail, menant à la salle de justice et datant de 1508, figure un verset de l'Écriture
Sainte, alors qu'au-dessus d'un autre, du milieu du XVIe siècle, on grava une maxime de la Politique d'Aristote.

Les bas-reliefs ornant les encoignures des arcades comportent les représentations allégoriques des vertus (Ier niveau), les
victoires ailées (IIe niveau) et les motifs végétaux (IIIe niveau). Les personnifications des vertus sont accompagnées d'attributs
et d'inscriptions. L'arcade centrale abrite Fides et Spes. Dans d'autres se situent Iustitia, Fortitudo, Caritas, Temperantia, Patientia
et Prudentia. Du côté droit se tiennent Lucrèce et Cléopatre. Ainsi, ces deux héroïnes antiques ont été promues au rang de person-
nages allégoriques.

Le choix et la disposition des vertus n'étaient guère un fait du hasard. A côté des trois vertus théologales (Fides, Spes,
Caritas) apparaissent les quarte cardinales: Iustitia, Fortitudo, Prudentia et Temperantia et une vertu rare (Patientia). A l'exception
des trois vertus théologales toutes les autres procèdent de l'éthique des philosophes antiques. Dans ce contexte-là Prudentia,
Fortitudo, Iustitia et Temperantia peuvent être définies et comme vertus chrétiennes et comme vertus postulées par Platon, Aris-
tote et Cicéron. Même Patientia tire son origine de l'éthique stoïcienne. Lucrèce et Cléopatre sont présentées au moment du
suicide, ce dernier ayant été considéré à l'époque comme un acte de courage. Cette juxtaposition des vertus prouve qu'il s'y
opéra, sur le plan de l'éthique, une réconciliation tellement significative pour la Renaissance, entre l'Antiquité païenne et
l'esprit chrétien.

Les reliefs aux encoignures des arcades du IIe niveau se laissent définir comme allégories des victoires morales corres-
pondant aux allégories des vertus du niveau inférieur.

Aucune des inscriptions primitives de la façade principale ni des façades latérales ne s'est conservée à nos jours. A en
croire les documents, elles exaltaient les vertus civiques. Avec les représentations picturales le programme de la façade était
fondé sur les principes de l'éthique d'Aristote et de celle professée par les stoïciens et par Cicéron.

Le modèle antique, en matière d'éthique, de droit et de culture propre à la ville exerça son poids sur le choix qui paraît
conscient des formes antiques, romaines, pour la façade de l'hôtel de ville de Poznań. Les arcades avec les basreliefs à leurs
encoignures font penser aux travées d'un arc de triomphe romain, ce qui amène impérieusement à l'esprit la signification sym-
bolique attribuée au motif de l'arcade et de la porte à arcades dans les édifices publics de l'empire romain. La loggia à arcades
sertie de blocs en maçonnerie constitue une espèce de porte d'une ville et signifie une entrée d'apparat au temple de la justice —
«atrium templi iustitiae».

Remanié et développé avec art, l'attique se vit conférer la fonction de «symbole d'une ville-cité, urbs-civitas». Or si
l'attique symbolise «Civitas Posnaniensis » ; la loggia en constitue en quelque sorte la base philosophique et juridique. Une
conception pareille se retrouve sous forme picturale au tableau d'Isaac van den Blocke Allégorie du commerce à Gdańsk, datant
de 1608.

L'auteur delà forme architecturale de l'hôtel de ville de Poznań fut, comme on l'a indiqué plus haut, Giovanni Battista
Quadro. Mais le programme idéologique et iconographique de l'édifice avait pour auteurs les bourgmestres et les maires de
Poznań. Leurs noms furent pérennisés dans une collection héraldique unique en son genre — celle des insignes à initiales dans
la loggia du premier étage. L'un des insignes appartenait à Kasper Goski, médecin et astrologue de renommée européenne,
bourgmestre de Poznań de 1555 à 1558 et plus tard. Formé à Cracovie et à Padoue, compté au nombre des patriciens de Venise
pour avoir prédit la victoire de Lépante, il fut le personnage le mieux placé pour concevoir un programme de l'hôtel de ville,
tâche à laquelle il aurait associé Józef Struś, médecin célèbre également.

L'ensemble des cartouches à insignes et des panneaux à maximes constitue un ensemble ornemental homogène de grande
classe d'inspiration maniériste néerlandaise. Leur auteur pouvait être Erazm Kamyn — éminent orfèvre et ornementiste
poznanien.
 
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