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Rocznik Historii Sztuki — 8.1970

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II. Z zagadnień sztuki polskiej
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Samek, Jan: Res-imagines: Ze studiów nad rzemiosłem artystycznym czasów nowożytnych w Polsce (lata 1600-1800)
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https://doi.org/10.11588/diglit.13396#0253
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RES-IMAGINES

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sovie, dont il existe plus d'une dizaine de versions dans diverses églises du pays. Les chaires en forme de nef symbolisant la
nef de l'Église sont également connues en Allemagne, en Autriche, en Hongrie et en Slovaquie.

Dans le dernier groupe, celui des représentations héraldiques, on a distingué des motifs en forme d'armes de la noblesse,
d'armoiries des villes et d'emblèmes des ordres religieux.

Le matériel présenté autorise à des réflexions d'un ordre plus général. Il a permis de constater que les res-imagines appa-
rurent dans l'art polonais des temps modernes principalement aux XVIIe et XVIIIe siècles. Leur apogée se situe dans les
deuxième et troisième tiers du XVIIIe siècle. La répartition géographique de ces objets-images n'est pas, non plus, homogène:
particulièrement nombreux dans la Grande Pologne et en Silésie, assez fréquents dans la Petite Pologne, ils deviennent rares
à l'Est du pays. Il s'agit d'objets faisant partie de l'aménagement intérieur des églises: retables, tabernacles, chaires, fonts baptis-
maux, lavatoires, orgues, bancs et chandeliers; de vases sacrés: ostensoirs, custodes, ciboires, et enfin d'objets de culte: reliquaires
et ex-voto. Parmi les objets de caractère laïque dont un petit nombre s'est conservé à nos jours on peut mentionner des
traînaux, l'arme de taille et les enseignes des châteaux. Pour ce qui est du rapport du thème à l'objet on peut, dans les objets-
-images observer trois types de représentations: fragmentaire, partielle et intégrale. Les premières en date, les plus faciles à réa-
liser, furent les représentations partielles ; ce n'est qu'au XVIIIe siècle qu'apparurent en nombre plus important les représentations
intégrales. Ce qui frappe et ce qu'on retrouve souvent dans ces objets-images, c'est leur caractère délibérément réaliste et une
juxtaposition, sur un même plan logique, des éléments relevant de la croyance religieuse et de ceux qui peuvent se prévaloir
d'une existence matérielle dans le cadre de la vie réelle.

Pour pouvoir expliquer la genèse des objets-images dans l'art polonais des temps modernes il faut tenir compte des deux
éventualités hypothétiques :

1. Origine locale des objets-images à partir des sources littéraires sur la base de la connaissance des combinaisons typo-
logiques traditionnelles et des symboles avec, quelquefois, au stade d'exécution, le recours à des modèles graphiques.

2. Diffusion des objets-images sous une impulsion extérieure, c'est-à-dire adoption des procédés de représentation mis
au point dans d'autres milieux géographiques et culturels (Autriche, Allemagne du Sud). Dans cette hypothèse il importe toute-
fois de ne pas exclure l'éventualité que les mêmes conceptions pussent voir le jour dans différents centres culturels indépendam-
ment les unes des autres.

Une explication plus complète de la genèse des objets-images dans l'art décoratif polonais ne peut être tentée que si l'on
essaye d'étudier ce phénomène artistique tel qu'il apparaissait à différentes époques dans l'art européen et dans celui des autres
régions du monde. C'est que les objets-images constituent un phénomène dont on constate l'existence dès l'origine de la création
artistique de l'homme et qui se manifeste dans presque toutes les cultures. De tels objets se retrouvent dans l'antiquité égyptienne,
dans les cultures antiques grecque et hellénistique et aussi dans l'art chrétien ancien s'inspirant de l'Antiquité. Les objets auxquels
on donnait de préférence la forme de res-imagines furent des vases et des récipients de toute nature; on comiaît cependant
d'autres produits pour lesquels on adoptait cette formule. Les représentations généralement adoptées étaient celles des animaux,
de l'homme et des parties de son corps, quelquefois des motifs puisés au monde végétal et à celui des choses. Ce qu'on peut
constater c'est que, même dans ces époques reculées, les objets-images vivaient des périodes d'épanouissement, ce dont témoignent
les ritonis persans et grecs.

Au Moyen Age et dans les temps modernes jusqu'à l'époque du baroque incluse, les objets-images font leur apparition
dans tous les styles dans l'art et plus particulièrement dans l'art roman et dans le maniérisme. Le caractère courant des objets-
-images dans l'art roman se trouve confirmé par le témoignage de nombre de produits en métal, ouvrages de fonderie géné-
ralement: aquamaniles, suspensions, pupitres, lavatoires, encensoirs et reliquaires. Ayant reçu à l'époque une forme bien déter-
minée, les objets-images furent repris et continués par l'art gothique; ce ne fut que le déclin de ce style qui apporta de nouvelles
compositions hardies. Dans cette période-là les objets-images sont l'oeuvre des plus éminents artistes franchissant le seuil d'un
style nouveau, tels qu'Albrecht Durer ou Wit Stwosz.

La Renaissance adopta les objets-images en liaison avec sa réception de l'art antique; toutefois c'est le maniérisme qui
marquera l'époque de leur épanouissement: en Italie les objets-images se généraliseront dans les bronzes d'Andréa Briosco dit
Riccio, de Jacopo Sansovino, de Leone Leoni et des autres maîtres travaillant à Rome, à Padoue, à Milan et à Venise.

Les objets-images se sont particulièrement répandus en Allemagne grâce aux objets d'orfèvrerie créés selon cette formule
dans les ateliers d'artisans de ce pays, non sans l'influence d'ailleurs des bronzes italiens ; ils se retrouvent encore parmi les
produits en verre et en faïence. Pour ce qui est des autres milieux, on peut, à titre d'exemple, indiquer les esquisses des projets
de vases de Cornelis Floris conçus entièrement dans l'esprit des objets-images.

Ainsi le baroque pouvait se prévaloir de riches antécédents artistiques en fait d'objets-images: il pouvait y puiser et puisait
abondamment. Plus qu'à tout autre stade de son évolution, l'art des pays catholiques prit un caractère dévot. Grâce à la forme
qu'ils revêtaient, celle des objets-images, une chaire, un ostensoir, des fonts baptismaux pouvaient mieux contribuer à la réali-
sation du programme anti-Réforme de l'Eglise.' De même que les tableaux et les sculptures, les objets-images propageaient d'une
manière suggestive les vérités enseignées par l'Eglise, leur forme originale ayant été de nature à éveiller la curiosité, à divertir
et à former des esprits.

D'autres raisons ont également concouru à l'activité et à l'épanouissement exceptionnel des objets-images dans l'art ba-
roque. Il convient de relever ici la prédilection de cet art pour des représentations pittoresques et peu ordinaires et aussi, au
XVIIIe siècle surtout, pour le naturalisme. En effet, l'époque du baroque manifeste une inclination à des représentations étranges
et surprenantes, exprimant des idées compliquées, chose qui se laisse observer dans l'oeuvre des plus grands artistes du temps,
tel Giovanni Lorenzo Bernini. Tout compte fait ce n'est que dans l'art baroque que les objets-images, jusque-là presque exclu-
sivement de petit format, prennent de l'envergure pour faire partie de l'aménagement intérieur des églises.

L'architecture baroque fit également une place aux phénomènes comparables à celui des objets-images. On élevait les
édifices sur des plans symboliques, par exemple en forme de triangle, de trois cercles se recouvrant partiellement ou d'octogone
 
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