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Rocznik Historii Sztuki — 8.1970

DOI issue:
II. Z zagadnień sztuki polskiej
DOI article:
Jaroszewski, Tadeusz Stefan: Nurt awangardowy architektury polskiej doby Oświecenia
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https://doi.org/10.11588/diglit.13396#0305
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NURT AWANGARDOWY ARCHITEKTURY OŚWIECENIA

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fices traduisant une conception en apparence contraire, tendant à combiner d'une manière contrastée toute une série de volumes
(E. Szreger: l'église à Skierniewice; W. Gucewicz: projet de l'Hôtel de ville de Wilno; Th. deThomon: projet de pavillon
pour la princesse Isabelle Lubomirska). On passe ensuite aux propositions de renoncer à l'axe de symétrie baroque (S.B. Zug:
pavillon dans le jardin de Mokotów dit Gloriette à la Flamande et Temple de Diane à Arkadia). L'article discute enfin le pro-
blème des interprétations nouvelles de certaines structures d'édifices antiques (J. Kubicki: projets de l'église Ujazdowski; de
l'église collégiale St. Jean et du Théâtre National de Varsovie renouant tous avec le Panthéon romain).

Cette revue des projets et édifices n'est évidemment pas complète; elle ne se propose de montrer que les conceptions les
plus intéressantes et les plus représentatives pour le courant d'avant-garde en Pologne. Essayons d'en dégager les aspects
essentiels :

1) Toutes les conceptions architecturales présentées dans l'article témoignent d'une attitude esthétique semblable de leurs
auteurs, marquant une opposition au baroque. Cette attitude se traduit dans les tentatives d'obtenir une nouvelle expression
plastique au moyen d'expériences avec le volume, la disposition d'ensemble et la surface des édifices, qui marquent une rupture
avec le mode de penser, jusque là en vigueur, et qui offrent des effets faisant penser quelquefois à l'architecture de notre siècle.
Toutes ces tendances en apparence contradictoires qu'on a caractérisées plus haut composent un courant qui se détache nettement
dans le tableau d'ensemble de l'architecture polonaise de la fin du XVIIIe siècle. Ses débuts remontent à la moitié de la décennie
1770—1780 et son importance va grandissant avec le temps.

2) Le terme «avant-garde» dont nous qualifions ce courant semble se justifier parfaitement sur le plan de l'architecture
polonaise. Les projets et les édifices classés dans ce courant constituent un phénomène artistique totalement différent de l'archi-
tecture du classicisme baroque de Domenico Merlini ou du classicisme académique de Stanisław Zawadzki, de Chrystian Piotr
Aigner et de Jakub Hempel. Il s'agit évidemment de quelque chose de plus que du caractère différent de l'orientation artistique
de Szreger, de Zug, de Kamsetzer, de Gucewicz et de Kubicki ; ce qui importe avant tout c'est leur mode de penser nouveau.
Car ce n'est pas dans les catégories de style, mais bien dans celles d'une manière nouvelle de voir, développée à l'égard de l'ar-
chitecture, qu'il faut considérer ce courant d'avant-garde. Il ne faut pas oublier non plus qu'il s'agit là d'une avant-garde valable
uniquement pour la seconde moitié du XVIIIe siècle. De plus, elle ne s'est pas traduite dans la totalité de l'oeuvre des cinq archi-
tectes en question, chacun d'entre eux s'étant en outre essayé dans d'autres conventions artistiques. Il convient toutefois de faire
une réserve en affirmant que la Pologne n'est jamais devenue le terrain des expériences aussi radicales que celles de Ledoux
ou de Boulée, les architectes polonais leur ayant préféré les premières oeuvres beaucoup plus modérées de leur contemporain
Peyre.

3) Les projets conçus au déclin du XVIIIe siècle et classés dans le courant d'avant-garde s'adaptent par leur échellea ux
conditions et aux besoins locaux. Parmi les oeuvres qu'on connaît des architectes polonais du Siècle des Lumières, l'on constate
l'absence des projets fantastiques d'édifices irréalisables, si caractéristiques pour les «révolutionnaires» de l'architecture française.

4) Il importe de souligner que l'avant-garde n'était pas le courant dominant dans l'architecture polonaise de la fin du
XVIIIe siècle, et que loin d'avoir eu, du point de vue numérique, un rang prééminent dans le tableau d'ensemble de l'architec-
ture polonaise du temps, elle ne s'en détache pas moins et cela d'une manière bien nette, sur le fond de la création architecturale
de l'époque. Il importe cependant de ne pas détacher ce courant d'avant-garde d'un courant plus large, celui du classicisme po-
lonais, qui lui servit de base et dont il fut le point extrême.

5) Les architectes cités: Szreger, Zug, Kamsetzer, Gucewicz et Kubicki étaient-ils seuls parmi les architectes polonais
à avoir pratiqué des expériences avec le volume, la disposition des locaux et la surface des édifices à construire? Que non pas! Leur
exemple sut entraîner des architectes de second ordre tels Feliks Kruszewski, auteur d'un intéressant projet de l'église de la
Providence, conçu le plus vraisemblablement en 1791, trahissant une influence très prononcée de l'oeuvre de Zug, et Stani-
sław Zawadzki qui dérogea à son académisme en concevant un projet «révolutionnaire» de la caserne de Kamieniec Podolski
avec une immense façade privée d'ordres architectoniques du côté de la rivière Smotrycz. Des expériences pareilles, mais
d'une hardiesse plus poussée, furent continuées par la génération suivante d'architectes polonais dont Fryderyk Albert Lessel (né
en 1767), Henryk Ittar (né en 1773) et Wilhelm Henryk Minter (né en 1777). Formés dans les centres les plus à la pointe du
progrès de l'architecture, tous les trois rompurent dans nombre de leurs oeuvres avec la tradition de l'architecture antique et
prouvèrent qu'on pouvait se passer admirablement de ses formes. Le Dépôt Central varsovien de Minter (datant de 1800),
le pavillon théâtral à Arkadia d'Ittar (1804) et le Palais « Błękitny* («Bleu») de Lessel (1812—1815) sont déjà des oeuvres par-
faitement "modernes inaugurant une nouvelle époque dans l'histoire de l'architecture polonaise. Les liens entre les deux géné-
rations d'architectes ne manquaient pas : avant d'entreprendre ses voyages Lessel fut le disciple de Kamsetzer, Ittar continuait les
travaux de Zug au projet du Tombeau des Illusions à Arkadia, Minter enfin entra en possession d'une'importante collection de
ses dessins. Le climat à la faveur duquel ils purent déployer leur activité avait été établi en^PologneTà^la fin du XVIIIe siècle par
les expériences de Szreger, de Zug, de Kamsetzer, de Gucewicz et de Kubicki qui accèdent ainsi au rang de pionniers de
l'architecture polonaise moderne.
 
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