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Muzeum Narodowe <Breslau> [Editor]; Muzeum Śla̜skie <Breslau> [Editor]
Roczniki Sztuki Śląskiej — 3.1965

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Rozprawy
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Cieński, Tadeusz: La sculpture tombale d'Henri IV, duc de Silésie et de Cracovie par rapport à l'art tombal occidental contemporain
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https://doi.org/10.11588/diglit.13792#0023
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LA SCULPTURE TOMBALE D'HENRI IV DUC DE SILESIE

17

lestes, le Christ, la Sainte Vierge et les Saints.
Toutefois, les sepultures detaillant ainsi l'eve-
nement ne se rencontrent presąue pas a ce mo-
ment la a St. Denis, le tombeau de 1'Abbaye
d'alors etant du type qui se bornait a ce qui
parait essentiel, a la presentation de la halte
du defunt au seuil du Ciel8 (tabl. VII, 1).

Le groupe des tombes de St. Louis consti-
tue le premier ensemble de sculpture tombale
a St. Denis, 1'ensemble d'un caractere encore
idealistę. Les sculptures de ces tombes demon-
trent clairement cette conception d'entree ,,In
Paradisum" de Tantiemie, conforme dans sa
representation au triple principe thomiste Cla-
ritas, integratis, consonantia. La statuę du gi-
sant de ce groupe qu'on nommerait en alle-
mand Gewandjigur (Costume-Figure) se pre-
sente d'habitude comme un bloc allongć le long
duąuel tombent les lignes des plis, en majorite
paralleles, descendant en alternance rythmiąue
souvent ininterrompues jusqu'aux pieds. Deux
ou trois de ces plis, renforces dans leur relief
saillant, se terminent souvent aux chevilles par
des becs debordants appelles aussi plis ,,au
bord d'ecueil" 9. Des festons y viennent s'in-
terposer parfois, toujours allonges, sans nuire
a 1'orientation perpendiculaire dominantę de
la statuę.

Cette tradition de plis semblables a de gros
tuyaux perpendiculaires, generalement droits
et raides, se prolongera encore un certain
temps en France — non seulement a 1'Abbaye
mais ailleurs aussi — se perpetuant et contra-
stant par son aspect avec les costumes deja si
souvent agites, caracteristiques du XIVe siecle
en France 10. Ainsi drapes les gisants pren-
nent une position severement frontale; ils pre-
sentent une figurę reguliere, presque syme-
trique, que la position des bras viendra lege-
rement troubler, lorsque le gisant, saisira d'un
gęste mondain la ceinture de son manteau, te-
nant de 1'autre main les symboles de sa digni-
te et de ses devoirs accomplis le sceptre, le
globe, 1'eglise. Mais le plus souvent, le gisant
prie, les mains croisees sur sa poitrine, son axe
de symetrie passant entre ses mains et ses
bras.

Ces deux genres de position determinent
deux types d'expression de la statuę du de-
funt: le type mondain, courtois, et le type
d'orant, tous deux conformes a la conception
de l'avśnement celesteu. Des costumes de

8 Sauf le tombeau historie de Dagobert.

9 V. Lefroncois-Pillion, p. 82.

10 On trouve encore des plis semblables et meme
multiplies au nombre de trois dans la statuę de
Charles V a Amiens; celle-ci inspira a son tour le
gisant royal de Spityniew II dans le dóme de St. Guy
a Prague dans la deuxieme moitie du XVe siecle.
Une paraille solution de la draperie apparait encore
dans une des madones representatives du XIVe
siecle — Madone de St. Just a Narbonne—mais ses
plis flechissent ayant deja perdu leur ancienne rigi-
dite (v. Opitz, p. 72/3, Michel, t. II, p. 704, p. 721, fig. 454.

11 La dite distinction entre les deux types de gi-
sants d'apres les differentes positions des bras et

l'epoque — de longs surcots, des chapes et des
manteaux longtemps a la mode a la cour de
France au XIVe siecle — contribuent a faci-
liter cette manierę de styliser la figurę 12.

Une base ideologique et stylistique commu-
ne a contribue necessairement a une certaine
uniformite dans le sein de ce groupe compose
encore de mpnuments indivuduels. Mais cette
impression disparait lorsqu'on passe au deu-
xieme groupe des tombes dans 1'Abbaye. Ce
groupe fut construit tout entier a la suitę d'une
commande confiee par Charles IV, selon toute
probabilite a un atelier de cathedrales qui
l'executa apparemment d'apres modele redui-
sant les plis, arrondissant les tetes et aplatis-
sant les corps, d'une faęon qui, tout en conti-
nuant le type du premier groupe, semble pour-
tant traiter son sujet d'une manierę qui se
rapproche d'un travail d'artisan plutót que de
celui d'un sculpteur (tabl. VII, 2). Ce groupe
qui comprend les gisants de Charles IV, le
Bel, Philippe VI, Louis X le Hutin et Philippe
V le Long, ciot le premier ensemble — encore
idealistę —■ des tombeaux de St. Denis 13.

Parmi les formes de ce genre apparait sou-
dainement en 1298 1'effigie presque natura-
liste de Philippe III. II faudra attendre encore
les deux tiers d'un siecle pour voir a St. De-
nis une tete d'un semblable naturalisme, celle
du Connetable du Guesclin aux gros yeux
globuleux, avec une cicatrice saillante, tete
contemporaine des premieres statues royales,
en dehors des tombes, modifiees de la meme
manierę, comme celles du Vis du Louvre et du
fronton des Celestins.

Dans la periode qui s'ecoule entre ces deux
cas extremes, les tendances naturalistes ne dis-
paraissent pas completement; se manifestant
parfois faiblement par certaine traits plus in-
dividuels, comme on le voit par exemple dans
la statuę de Jeanne d'Evreux, femme de Char-
les IV. Le second courtant ne se manifeste pas
encore entierement et pleinement mais appa-

par conseąuent de deux types d'expression de toute
la statuę du gisant, permettrait d'appliquer dans une
certaine mesure la classification generale des sepul-
turąs medievales europeennes selon F r e y. Celui-ci
fit la distinction entre tombes representant d'une
manierę ecclesiastiąue (kirchlich reprasentativ), telles
pourraient etre les tombes avec orants et representant
d'une manierę laiąue {weltlich reprasentativ), telles
les autres de TAbbaye. Cette distinction ne pourrait
donc etre appliąuee a St. Denis qu'avec reserve, im-
posee par la convention escatologiąue (v. Frey I,
p. 113).

12 Contrairement a la mode des costumes collants
et raccourcis qui regnait generalement durant la
2-eme moitie du XIVe siecle, la Cour de France
retint encore longtemps 1'ancienne mode longue et
ample. Les gisants de St. Denis entre autres en ap~
portent la preuve. Ce conservatisme merite d'etre
souligne, d'autant plus que les cours europeennes
d'alors, qui suivaient souvent l'exemple de la Cour
des premiers Valois — surtout la Cour des rois
luxembourgeois a Prague — adopte la nouvelle mode
(v. Neuvirth, p. 215).

13 Reproductions chez Noel-Jehan, p. 3 et planche
VIII, § IV.

3 — Roczniki Sztuki Śląskiej, III.
 
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