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SYSTÈME GOTHIQUE. 75

qui pût me fournir les matériaux d'un pareil travail, lorsqu'il me tomba entre les mains une collec-
tion de gravures, représentant ce qui reste encore des monumens élevés par cette nation dans les
villes de Cordoue et de Grenade, qui furent les principaux sièges de sa domination en Espagne.

C'est de ce recueil, infiniment précieux par son authenticité, puisqu'il est formé de dessins faits
par les membres de l'Académie royale d'Architecture de Madrid, d'après les ordres du roi d'Espagne,
et qu'il devait être accompagné de dissertations sur la théorie et la pratique de l'Architecture chez
les Arabes, que j'ai emprunté les monumens qui» sur la planche XL1V, sont destinés à donner une
idée du caractère que l'Art présente, chez ce peuple ingénieux, pendant une des époques les plus
célèbres de son histoire. Je me suis aidé aussi, pour quelques uns des édifices dont il est ici ques-
tion, de gravures faites avec soin, quoique peut-être moins fidèles, qui accompagnent le Voyage
de M. Swinburne.

Avant d'en tirer aucune induction , commençons par examiner quelques uns des monumens qui,
dans les pays successivement conquis par les Arabes, paraissent leur avoir fourni des modèles, si ce
n'est pour les détails qui tiennent aux usages domestiques et aux besoins du culte, du moins pour
cette magnificence dans les inventions et cette richesse dans les oruemens, que leur imagination
ardente et leur goût pour le luxe devaient les disposer à adopter.

Dès le premier siècle de l'bégyre, le VIF de l'ère chrétienne, peu d'années après la mort de Maho-
met, les Arabes avaient d--ja porté leurs armes victorieuses, d'un côté, dans l'Asie, et de l'autre,
dans l'Afrique. Ceux qui se fixèrent dans les provinces conquises, las de la vie d'un peuple nomade
et toujours en guerre, songèrent d'abord à remplacer leurs tentes par des habitations solides et
commodes, puis ensuite se livrèrent à la construction de ces édifices de tout genre, qui deviennent
un nouveau besoin pour les peuples sédentaires.

Les fabriques antiques qu'ils avaient sous les yeux étaient encore remarquables par la grandeur
des plans, par la force des moyens d'exécution, sur-tout par la profusion et par la variété des orne-
mens dont elles étaient chargées au-dedans comme an-dehors. Tels sont les restes d'un édifice de
Pcrsépolis, fig. 8, l'une des villes les plus anciennes du monde. Il paraît que c'était un portique,
formé d'une multitude de colonnes qui s'élevaient sur un inâlc soubassement: peut-être était-ce
celui du palais qu'on a désigné sous le nom de Palais des quarante colonnes. Les figures 9 et 10 pré-
sentent le même emploi de colonnes dans un temple égyptien, assez semblable à la plupart de ceux
que l'on retrouve encore au milieu de ruines qui disputent d'antiquité avec celles de Persépolis.

Il est probable que- dans les autres cités de l'Orient dont les Arabes s'emparèrent, les principaux
édifices publics se distinguaient par une semblable richesse d'oruemens : les vainqueurs se hâtèrent
de l'adopter. liagdad, Bassora, Damas, fourniraient des preuves de celte rapide imitation; le vieux
Caire nous en offre une dans la mosquée Amrah, formée de près de quatre cents piliers ou colonnes,
dont on voit ici le plan sous le I>° 11.

J'ai présenté, sous le N° 1, celui d'une autre mosquée célèbre, qui fut commencée à Cordoue sous
le règne d'Abdoulrabmau 1", et terminée par son fils Hissem, vers l'an 800. Tous deux voulurent
que ce monument fût une preuve éclatante de leur magnificence vraiment royale et de leur respect
pour la religion: c'en est une en même tems du goût, sinon absolument mauvais, du moins très
bizarre, des architectes de leur tems. C'était un bâtiment large de 387 pieds, long de 53.^, dont la
voûte plate, appuyée sur de doubles arcs qui n'ont pas plus de 35 pieds de hauteur à partir du pavé,
était soutenue par sept cents, huit cents, et même mille colonnes du plus beau marbre; ce qui for-
mait dix-neuf uefs d'un côté, et vingt-neuf de l'autre. On entrait dans la mosquée par vingt-quatre
portes enrichies d'or et de bronze; quatre mille lampes l'éclairaient la nuit. Les Maures apportèrent
par la suite beaucoup de changemens dans cette étrange construction : en la destinant à former une
église cathédrale, qui porte encore le nom de la Mesquite, les chrétiens ont encore altéré davantage
sa forme primitive.

La bizarrerie des oruemens intérieurs et la variété de couleurs des marbres ajoutent encore à la
singularité de cette architecture, qui est d'ailleurs d'un style entièrement différent de celui que pré-
 
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