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( 11° )

L'entreprise à laquelle deux ministères avaient eoneouru d'une manière aetive avait
donc réussi. Je n'avais été appelé à y prendre part que lorsqu'elle était déjà décidée;
mais je partais convaincu que tout homme qui n'aurait pas été initié comme je l'étais
aux usages, aux langues, et aux préjugés du pays n'aurait jamais pu arriver à un pa-
reil résultat.

UExpêditive allait directement mouiller au Pirée pour faire sa première quarantaine.
Pendant notre séjour a Athènes, je songeai à étudier sur les lieux une question qui m'a-
vait déjà longtemps préoccupé, et dont j'entretins en détail M. Lagrené, ministre plé-
nipotentiaire. La sécurité dont on jouissait dans la capitale de l'Attique permettait au
Gouvernement français d'envoyer à Athènes quelques pensionnaires de l'Académie de
France, notamment les architectes, qui trouveraient dans cette ville tous les éléments
de l'architecture grecque, et par conséquent un champ d'études encore peu exploré.

A mon arrivée, je fis part de ce projet au Ministre de l'intérieur; une Commission de
surveillance des écoles de Beaux-Arts fut créée, et ce projet fut adopté avec de grandes
restrictions, il est vrai; mais les bases ne demandent plus qu'à être élargies.

La corvette, à son arrivée à Toulon, fut dirigée sur le Havre, où elle arriva dans les
derniers jours de février i843.

J'avais pensé qu'un monument qui passait pour un des plus parfaits de l'antiquité
grecque, exhumé presque en entier et rendu à l'étude, aurait excité l'intérêt de l'Aca-
démie des Beaux-Arts. Avant de rendre compte de mon expédition, je désirais d'attendre
l'arrivée à Paris des bas-reliefs que je rapportais. Mais déjà il circulait une rumeur toute
défavorable aux sculptures de Magnésie. On allait dans l'Académie jusqu'à prétendre que
ce n'étaient pas les ruines du temple de Diane que j'avais découvertes, mais celles de
quelque temple romain de la décadence.

Les bas-reliefs amenés au Louvre, les inscriptions mentionnant le nom de Diane Leu-
cophryne, les fragments de chapiteaux et de cimaises, c'étaient trop de témoignages de
l'identité de l'édifice avec celui que décrit Strabon pour qu'un doute fût permis. Ce-
pendant, comme tous les bas-reliefs ne sont pas d'une exécution également parfaite, ce
qui n'existe pas même au Parthénon, des membres de l'Académie des Beaux-Arts, sans
connaître le système de construction qui avait été employé, prétendirent que ces sculp-
tures appartenaient à une restauration du temps de la décadence.

Je n'insistai pas, et je remis mon rapport au ministère. Ce n'est que plus tard que
je compris les motifs de cette manœuvre'1'. M. Clerget avait relevé tous les détails de l'édi-
fice dont nous avions étudié ensemble les dispositions primitives; guidé par la connais-
sance du temple pseudo-diptère d'Aizani que j'avais relevé quelques années aupara-
vant , et dont la construction paraît copiée sur celle du temple de Diane, je retrouvai
sans peine la place primitive de tous les morceaux épars que nous rencontrions.

En arrivant à Paris, je priai le Ministre de décider que les ruines de Magnésie se-
raient publiées, et je proposai de charger M. Clerget de cette publication. Je croyais, en
agissant ainsi, rendre service à cet architecte, et lui donner un moyen de se faire con-
naître. La décision fut prise, le crédit ouvert; mais jamais la première livraison ne pa-
rut. Je regrette de n'avoir pas conservé la direction de cet ouvrage, qui sans doute ne
paraîtra jamais: c'est ce qui m'a décidé à insérer ici le récit de cette expédition.

(i)

Voyez Clarac, Musée de Sculpture, ouvrage cité, tome III, page 119A
 
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