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Les bas-reliefs de Magnésie arrivèrent à Paris au mois de mai 18/p. Conformément à la dépêche ministérielle en
date du 6 mai 1842, ils étaient destinés à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris. Ils furent cependant déposés dans une des dé-
pendances du Louvre, où depuis cinq ans ils restent exposés aux injures de l'air et à toutes les causes de destruction.
Si cette collection fût arrivée au Musée britannique, on eût été unanime en France pour en faire un pompeux
éloge; mais du moment que nous la possédons, elle ne doit plus avoir aucune valeur, et les artistes qui l'ont exé-
cutée il y a deux mille ans ont d'autant moins de talent, que les curieux de Paris ont éprouvé plus de difficultés
pour visiter ces bas-reliefs à leur arrivée.

Ce sont pourtant les pauvres raisons que donne un membre de l'Académie des Beaux-Arts, un directeur du Musée,
pour parler de ces monuments avec un dédain puéril. « Après ce qui vient d'être exposé sur Magnésie, nous es-
périons ne plus avoir à en occuper le lecteur, qui trouve peut-être que nous ne l'y avons arrêté que trop long-
temps et pour ne lui offrir que peu de choses (l). » Sait-on pourquoi l'auteur approuve la critique d'avoir jugé sévè-
rement les bas-reliefs de Magnésie? Je ne puis faire autrement que de rapporter ce passage, afin qu'on voie avec
quelle légèreté et avec quelle inconséquence certains membres de l'Académie des Beaux-Arts traitent ces questions
de l'histoire de l'art. Voici ce passage incroyable :

« Des circonstances s'étant opposées à ce que l'attente de la curiosité , si active et si exigeante à Paris, fût satisfaite
aussitôt qu'elle l'aurait désiré, elle a été comprimée, et force lui a été de se contenter de n'apercevoir ces monu-
ments que de loin et à la dérobée. Aussi la critique, impatiente de se voir ainsi retenue à distance et de ne pouvoir
à loisir et avec connaissance de cause exercer son imprescriptible autorité, s'est-elle montrée, et on ne peut pas dire
sans raison, de fort mauvaise humeur et très-disposée à traiter du haut en bas et à juger ah irato des productions
dont on la tenait éloignée (2). » Notez que c'est le directeur du Musée lui-même qui parle, lui qui pouvait mieux que
personne mettre la critique à même d'observer ces monuments.

Mais il me semble que la question n'est pas là. Tous ceux qui jusqu'à ce jour ont parlé de ces bas-reliefs ont voulu
établir une comparaison entre eux et ceux du Parthénon, et décider, d'après cette impression , de l'époque où les
bas-reliefs de Magnésie furent exécutés. Je dis qu'on connaît trop peu les monuments asiatiques pour pouvoir pro-
céder de la sorte. Les marbres du Parthénon font une exception dans l'histoire de l'art; il faut les prendre pour ce
qu'ils sont, pour des chefs-d'œuvre que les anciens n'ont jamais imités et dont aucun sculpteur de l'antiquité n'a
jamais pn approcher. Mais je maintiens, d'après l'étude particulière que j'ai faite de la construction du temple de
Magnésie, que tout est d'accord dans cette œuvre; et si la sculpture présente des incorrections, c'est qu'à cette épo-
que et dans cette contrée l'école de sculpture monumentale ne faisait pas mieux. Ceux qui ont écrit sur ce monument
me semblent donc avoir pris le contre-pied de la question en disant : Ce temple est du temps d'Alexandre, donc les
sculptures doivent être faites de telle manière.

J'ai déjà comparé la frise de Magnésie à celle de Phigalie. Je dis que l'un et l'autre ouvrage ont des rapports frap-
pants; dans l'un comme dans l'autre, il y a des parties très-bien traitées et d'autres assez négligées. M. de Clarac
lui-même en fait l'observation; il ne s'aperçoit pas que ce qu'il dit à ce sujet détruit toutes ses assertions relatives
au temple de Magnésie. J'applique à la frise du temple de Diane ce qu'il dit de celle du temple d'Apollon, et nous
serons complètement d'accord.

« On y retrouve la pensée et le génie de l'habile sculpteur qui en conçut la composition, mais qui dut en confier
l'exécution à plus d'une main ; elles n'étaient sans doute pas toutes du même talent. Aussi, à côté de figures d'un
beau style et de belles proportions, telles que l'on se représentait celles des héros, est-on étonné d'en trouver de

courtes et de lourdes qui n'ont rien de la beauté de la sculpture héroïque..... Ce défaut devait, par la perspective

et l'effet du raccourci, être plus sensible encore lorsque cette frise était placée à vingt pieds du sol (page 1195)(3). »
C'est en tout point ce que j'ai dit de la frise de Magnésie. Dans un autre passage (page 1227), M. de Clarac s'ex-
prime ainsi : « Charmants de composition , les bas-reliefs de Phigalie sont loin , pour le travail, de répondre à l'idée
qu'en donnent les dessins qui en ont été publiés. On les a flattés , car en général les figures y sont lourdes et

courtes de proportion, et l'exécution en est médiocre..... J'ai regretté d'être obligé de rabattre de l'estime que j'en

avais conçue, et de voir que , de même que les nôtres, ils ne pourraient se placer sur le même rang que les bas-re-
liefs du Parthénon. » Ces bas-reliefs sont cependant l'ouvrage d'Ictinus, contemporain de Praxitèle.

M. de Clarac, examinant le travail des blocs sur lesquels les bas-reliefs ont été sculptés, et les trouvant d'épais-
seur inégale, en conclut que l'édifice était exécuté avec peu de soin. Je lui avais pourtant bien expliqué que pas un
de ces blocs n'était dans sa véritable épaisseur, et que je les avais tous fait trancher à Magnésie; mais il paraît qu'alors
les feuilles de son livre étaient tirées w. Je n'ai pas besoin, pour combattre les opinions de M. de Clarac. de puiser
ailleurs que dans son livre, et en acceptant quelques passages de sa critique, nous tombons parfaitement d'accord.
J'ai déjà prouvé, par ses propres assertions, que les deux frises de Phigalie et de Magnésie présentaient des incorrec-
tions analogues; pour l'époque de l'exécution, le passage suivant exprime complètement mon opinion (B;.

w Clarac, collection citée, tome III , p. 1225. (4) Pages uo5, 1196.

(2! Musée de Sculpture, tome III, p. no3. (5> Loc. cit., page 1229.

(3) Musée de Sculpture, tome III, p. 1194-1195.
 
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