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( Qtiïê )

La petite vérole ravageait la population grecque : le matin même, on avait enterré un
habitant du monastère. Sa veuve était sur la porte, chantant sa chanson de mort, et s'arra-
chant les cheveux par un mouvement cadencé; elle s'arrêtait à certains moments, et pous-
sait des cris aigus; après quoi elle recommençait une sorte de danse saccadée, s'accompa-
gnant d'un chant traînant et monotone. Nous fûmes installés dans une des cellules. Les
caloyers, au nombre de trois ou quatre, qui desservent ce couvent sont de pauvres moines
sales et ignorants; ils n'avaient pas vu d'Européens depuis plus d'un an. Us assurent que
saint Nicolas était évêque dans cette même église, et que son corps est déposé dans un
caveau. La cathédrale est dans le même style que celle que nous avons vue à Déré-
Agazi, mais le plan en est moins grand. Les chapelles latérales sont voûtées en pendentifs
et décorées de mauvaises peintures ; l'une d'elles représente la Passion.

Il est avéré, par les documents qui suivent, que depuis plusieurs siècles le corps de
saint Nicolas ne repose plus dans cette église; c'est une erreur des caloyers, qui du
reste paraît s'être modifiée depuis mon passage, car ils prétendent aujourd'hui que le
corps de l'évêque a été récemment transporté en Russie (1).

Saint Nicolas de Myra est regardé comme un des plus grands saints de la légende.
Il est né à Patare de Lycie, dans le me siècle; il fut ordonné prêtre par l'évêque de
Myra, du même nom que lui, et devint évêque à son tour sous l'empereur Dioclétien.

D'autres légendaires pensent que la naissance de Nicolas n'est pas antérieure au
ve siècle, attendu qu'il n'est pas nommé dans le dénombrement des évêques depuis l'an
420 jusqu'en 35o. Il ne paraît pas dans le concile de Ghalcédoine.

Le culte de saint Nicolas fut établi publiquement en Orient dès le commencement du
vie siècle. L'empereur Justinien lui consacra une église à Constantinople dans le quar-
tier des Blachernes. Il fut honoré en France, au ixe siècle, avant même que ses reliques
fussent transportées en Italie.

La légende raconte de la manière suivante l'enlèvement clandestin des reliques du
saint par des marchands italiens; ce récit sert à fixer d'une manière certaine la date de
la construction de diverses églises.

Le tombeau de Myra était le but de nombreux pèlerinages, et les Osmanlis ne se
faisaient pas faute de l'invoquer. Or, la ville de Myra fut prise , la sixième année du
règne de l'empereur Nicéphore, par Achmet, général du calife Haroun. Il voulut dé-
truire le tombeau de saint Nicolas : mais les chrétiens, pour conserver leurs reliques,
trompèrent l'Arabe par une fausse indication, et un tombeau voisin fut saccagé.

Depuis cet événement, le tombeau de saint Nicolas resta encore à Myra l'espace de
deux cent quatre-vingts ans, pendant lequel on fit diverses tentatives pour l'enlever.

Enfin, par une manœuvre dont les légendaires ne paraissent pas avoir compris toute
la déloyauté, les reliques tombèrent entre les mains des Latins.

Quarante bourgeois et marchands de Bari, en Pouille, se rendaient en Syrie dans
le dessein d'aller commercer à Antioche. Se trouvant dans les parages de Myra, ils con-
çurent le projet d'enlever les célèbres reliques; ils envoyèrent secrètement reconnaître
les lieux, pour prendre les mesures et sûretés nécessaires, et remirent à leur retour
l'exécution de leur projet.

(1) We were informed, by thepriest, that this precious tion. The emperor sent a gaudy picture as a substitute,

treasure (the shrine of the relies ) was taken to S'-Pe- and it is now an objeet of'great adoration... etc. Travels

tersburg by a russian frigate , during the greek révolu- in Lycia, by Spratt and Forbes, tora. I, p. 126.
 
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