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62

L’UNIVERS.

lorsqu’elle fut arrivée au plus haut degré
de prospérité. Une grande portion de
ces murailles s’élève à plus de deux
mètres au-dessus du sol. Les tours,
demi-circulaires, sont construites en
pierres de petit appareil, qui indiquent
évidemment un ouvrage romain ; mais
les soubassements sont formés d’é-
normes blocs de pierre calcaire , restes
de la construction primitive. Ces mu
railles descendent dans l’intérieur de
la ville moderne. On les reconnaît fa-
cilement au milieu des maisons ; Nico-
médie étant fondée sur une colline de
de grès, elles ne peuvent se confondre
avec les roches naturelles.
En descendant du côté ouest de la
colline principale, les murailles se per-
dent bientôt au milieu des jardins et
des groupes de maisons. Cependant, de
distance en distance, on remarque des
murs de soutènement construits en
grands blocs, qui formaient sans doute
de magnifiques terrasses sur lesquelles
étaient situées les habitations. Le der-
nier mur de ce genre est au pied de la
colline de l’ouest. Il était à cette époque
situé au bord de la mer; il est bâti de
briques , et soutenu, de trois mètres en
trois piètres , par de grands contre-forts
de pierre, entre lesquels s’ouvraient
les égouts, qui étaient aussi au bord de
la mer. Ces égouts sont encore en par-
fait état de conservation, et annoncent
les débris d’une opulente et vaste cité.
Ce sont de grands canaux dans lesquels
un homme peut marcher debout. Ils
pénètrent horizontalement dans l’inté-
rieur des terres. On conçoit, pour la
ville de Nicomédie, la nécessité d’avoir
eu des égouts nombreux et bien entre-
tenus. Située sur la pente d’une colline
rapide, sur un terrain très-ondulé, elle
eût été exposée aux ravages des eaux
pluviales, comme on le remarque au-
jourd’hui dans la ville moderne.
Par la seule observation de ses mu-
railles et des rares débris de l’ancienne
ville, on peut rapporter les ruines de Ni-
comédie à trois époques différentes, l’é-
poque de la Bithynie indépendante, l’é-
poque romaine et l’époque byzantine. Ni-
comédie ne resta pas longtemps au haut
de la colline; ses habitants se portèrent
naturellement vers la mer où les appe-
laient le commerce et la navigation.

Près des égouts et dans le terrain qui
est occupé aujourd’hui par l’arsenal, on
voit les débris d’un môle qui, semblable à
celui de Pouzzoles, était formé d’arcades
comme un pont. Cette invention des
Romains avait pour but de laisser un
passage aux courants sous-marins qui,
entraînant avec eux du sable et du li-
mon , auraient bientôt comblé les ports
exposés à leur action. Ce môle était bâti
de briques et couronné de larges assises
de pierre. Les piles des arches suffi-
saient pour rompre l’impétuosité des
vagues. Les débris de cette construction
sont encore baignés par les eaux de la
mer; mais la portion la plus considé-
rable se trouve au milieu d’un terrain
qui n’existait pas du temps de l’an-
cienne Nicomédie. En effet, le golfe
d’Astacus est soumis aux mêmes lois
que tous les autres golfes qui commu-
niquent avec des plaines. Des atterris-
sements considérables ont été formés
par les eaux des torrents, qui ont charrié
les terres sur lesquelles sont bâtis
maintenant les arsenaux de la ville
turque.
Non loin du môle, et sur la der-
nière terrasse, se trouve une construc-
tion dont la destination n’est pas facile
à expliquer. C’est une plate-forme dont
l’élévation varie de cinq à deux mètres,
sur la pente du terrain. Elle est bâtie
en grands blocs de pierre, appareillés
avec le plus grand soin, et forme un
carré de vingt et un mètres cinquante
centimètres de côté , sur trois desquels
sont placés des avant-corps carrés. On
ne voit aucune trace de porte ni d’es-
calier autour de ce massif qui est assez
bien conservé. Le couronnement est
formé de grosses pierres portant une
moulure et percées d’un trou carré,
comme si elles avaient dû supporter
une grille. Sa situation dominant la
baie conviendrait beaucoup à un temple ;
mais ce terre-plein paraît avoir été
primitivement inaccessible de tous côtés.
Etait-ce le piédestal de quelque colosse
ou de quelque trophée, c’est ce qu’il
est impossible de décider.
La ville de Nicomédie fut richement
dotée par les rois de Bithynie (1). Nico-
(i) Ammien Marcellin lui donne le titre
de mère des villes de Bithynie (liv, XVII,
 
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