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COMTE DE FLANDRE.
Un des privilèges de certains hommes illustres
c’est d’absorber en quelque manière dans le rayonne-
ment de leur gloire celle de leurs contemporains.
Parrains de l’époque où ils ont vécu, ils occupent de
U leur nom tous les échos de leur siècle; et, à travers
j l’éblouissement qu’on éprouve à les contempler, on
= n’entrevoit souvent les renommées rivales que dans
une sorte de vague pénombre. C’est ainsi que la figure de Godefroid de Bouillon
domine presque à elle seule toute l’épopée des guerres saintes.
Mais si 1 Iliade a son Agamemnon et son Achille, elle a aussi son Ajax, son Diomède
et son Patrocle. Robert de Flandre fut l’Ajax de la première croisade.
Lorsque l’idée de ce pèlerinage armé — double manifestation de l’unité chré-
tienne de l’Europe et de l’unité morale des nations — eut appelé les peuples à la
défense d’une cause commune, les Flamands furent au nombre de ceux qui s’asso-
cièrent avec le plus d’ardeur à cette glorieuse expédition ; car l’élan national n’eût pas