e fut en 1566, pendant une nuit profonde d’hiver : la glace
couvrait la terre, et la grêle et la neige fouettaient les vitraux gothiques du château
de Bréda, palais-forteresse revêtu d’une double enceinte de bastions et de fossés.
C’était là, dans une des salles de ce somptueux édifice, que s’agitaient neuf jeunes
têtes nobiliaires à la lecture que leur faisait un homme à l'œil vif et saillant, à la
lèvre sardonique, au front vaste, et sur lequel rayonnait la flamme de l’intelligence
et des énergiques volontés. Cet homme était né à Bruxelles, en 1538, de Jacques de
Marnix, baron de Pottes, seigneur de Toulouse, et de Marie de Haimericour, dame
du Mont-Sainte-Aldegonde. Élevé à Genève, il avait puisé dans les leçons de Calvin
et de Théodore de Bèze les principes démocratiques du calvinisme, qui, s’incarnant
successivement dans les puritains, dans les indépendants, dans les déistes, dans