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Viollet-le-Duc, Eugène-Emmanuel
Dictionnaire raisonné du mobilier français de l'époque carlovingienne a la renaissance (Band 1) — Paris, 1858

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https://doi.org/10.11588/diglit.1313#0308
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RÉSUMÉ HISTORIQUE. 297

c'est-à-dire une mascarade grotesque. Cela est peu de chose encore
auprès des erreurs qui touchent aux habitudes, aux mœurs, aux
cérémonies, aux meubles, aux ustensiles, à la façon d'être, etc. La
bonne peinture n'a pas affaire de tout ceci, soit; mais alors mettons
de côté toute prétention à la vérité, que les peintres ne suivent que
leur fantaisie ou leur inspiration ; s'ils semblent rechercher la
vjjiïté sur un point, le public a le droit de l'exiger partout. Lorsque,
le peintre entre dans le domaine de l'archéologie, nous lui deman-
dons d'être archéologue, de ne point nous représenter saint Louis
dans une salle du xve siècle, de ne pas l'armer comme un che-
valier du temps de Charles VII, de ne pas l'entourer de nobles
du temps de François Ier, de ne pas surtout le représenter agissant
comme aucun grand seigneur de son temps n'eût agi ; tout saint
qu'il fût, Louis IX était fort grand seigneur. Les artistes ont rare-
ment le temps d'étudier les mœurs et les habitudes des personnages
historiques qu'ils veulent représenter : ils se fient à des compilations
erronées souvent, à des recueils de gravures faits sans critique et
sans méthode ; il en résulte les rapprochements les plus étranges,
ils perpétuent ainsi les erreurs dont ils sont les victimes. Depuis
Voltaire, qui, le premier, attacha une grande importance à la vérité
du costume sur le théâtre et fut l'inventeur de la couleur locale,
nous avons fait des progrès ; nous avons beaucoup à faire encore.
La vérité est un besoin de notre temps ; nous n'admettons guère les
à peu près ; le public en sait trop pour ne pas lui donner beaucoup :
il veut cpi'on lui montre le passé tel qu'ilétait. Blàmons-le, disons-
lui que l'art n'est pas là ; mais, tant que son goût n'aura pas pris un
autre cours, nos protestations seront inutiles : il courra voir une
mise en scène qui passe pour être la reproduction fidèle d'un fait
historique, il lira avec passion un roman qui rappellera les mœurs
et les usages d'un monde éloigné de nous, et il ne s'inquiétera pas
de savoir si ces œuvres sont conformes ou non aux règles immuables
de l'art. Or le devoir des artistes, à notre sens, dans ce cas, c'est
d'aller au-devant du public ; pourquoi l'art ne trouverait-il pas sa
place à côté de la vérité? Les anachronismes, ou l'ignorance des
mœurs appartenant aux personnages que l'on fait parler ou que
l'on représente, ne sont pas absolument nécessaires dans une œuvre
d'art ; celle-ci peut subsister malgré l'étude de ces mœurs, elle peut
aussi s'en servir ; quelques-uns de nos auteurs modernes nous l'ont
prouvé. Pourquoi donc les peintres et le théâtre resteraient-ils en
arrière f II nous semble que, pour une époque comme la nôtre, où
tout tend à se niveler, où les grands caractères disparaissent, il y au-
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