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Viollet-le-Duc, Eugène-Emmanuel
Dictionnaire raisonné du mobilier français de l'époque carlovingienne a la renaissance (Band 1) — Paris, 1858

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https://doi.org/10.11588/diglit.1313#0444
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416 CONCLUSION.

avec l'Orient s'établirent, d'une part, entre les pèlerins qui se ren-
daient à Jérusalem et les Arabes qui visitaient la Mecque. Ainsi ces
pèlerinages religieux furent, pour les chrétiens occidentaux comme
pour les mahométans, une des voies les plus actives de commerce
qu'il y ait eu dans l'histoire du monde. Le but religieux n'était pas
le seul qui faisait affluer les Occidentaux vers les lieux saints. Beau-
coup certainement, dans ce mouvement qui dura plusieurs siècles,
pensaient à s'enrichir. Voyant sans cesse venir d'Orient tous les
objets précieux, les barbares dominateurs de l'Occident se sentaient
attirés vers ces régions privilégiées qui leur envoyaient l'or, la soie,
les épices, les parfums et tout ce qui constituait la richesse et le
luxe, comme autrefois les Gaulois s'étaient rués sur l'Italie et la
Grèce, mus par l'amour du pillage. Ces relations durent avoir et
eurent en effet, dans les premiers siècles du moyen âge, une grande
influence sur les arts industriels qui se formaient péniblement en
Occident.

Si donc nous voulons avoir une idée de ce que pouvait
être le mobilier des seigneurs dans les Gaules, la Bretagne et la
Germanie, jusqu'à la fin du xe siècle, il faut aller chercher les
types, les moyens de fabrication et les matières premières en
Orient. Certes les traditions romaines occidentales avaient, dans ces
contrées, laissé des traces profondes ; mais elles durent être peu à
peu altérées par l'importation d'une quantité prodigieuse d'objets
fabriqués en Asie ou à Constantinople et dans les villes grecques.
L'architecture elle-même subit cette influence ; mais on ne trans-
porte pas un édifice, et l'on transporte facilement un meuble. Ce
mouvement des arts d'Orient en Occident se prononce d'une manière
bien évidente déjà sous le règne de Charlemagne. Ce prince fait
venir d'Orient des manuscrits, des objets de toute nature, des
armes, des étoffes, et ce n'est véritablement qu'à partir de son
règne que l'on voit percer les premiers germes des arts industriels
de l'Occident. L'influence des manuscrits grecs et des étoffes orien-
tales fut considérable à partir du ixe siècle. Nous avons l'occasion
ailleurs de suivre pas à pas les traces de cette influence sur l'archi-
tecture ' ; nous devons nous borner ici à constater qu'elle produit
une véritable renaissance dans les arts industriels, tombés, avant
cette époque, dans la plus grossière barbarie.

L'architecture répond à des besoins tellement impérieux qu'elle
avait pu se soutenir tant bien que mal à l'aide des traditions

1 Voy. les Entretiens sur farchitecture, t. I.
 
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