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Viollet-le-Duc, Eugène-Emmanuel
Dictionnaire raisonné du mobilier français de l'époque carlovingienne a la renaissance (Band 1) — Paris, 1858

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https://doi.org/10.11588/diglit.1313#0445
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CONCLUSION. Ml

romaines occidentales. Depuis l'époque de l'invasion des barbares
jusqu'à Charlemagne, l'architecture n'est plus un art, par le fait :
c'est une imitation grossière ou plutôt un pillage des arts du Bas-
Empire en Occident ; mais les types subsistaient et pouvaient encore
servir de modèles. Il n'en est pas de même du mobilier antique,
qui dut être promptement détruit, sa fabrication exigeant des
ouvriers habiles, instruits par des traditions non interrompues,
était tombée dans l'oubli. L'introduction d'un grand nombre de
manuscrits byzantins, d'étoffes et d'objets fabriqués en Orient, fut
le point de départ des nouveaux artisans occidentaux, qui s'effor-
cèrent, non sans succès, de reproduire ces types d'un art très-
avancé, assez mal connu chez nous encore aujourd'hui, malgré les
nombreux documents que nous avons entre les mains. C'est surtout
dans les contrées formant le centre du gouvernement impérial de
Charlemagne que l'on voit combien la renaissance byzantine des
vme et ixe siècles fut complète, et combien elle laissa des traces
profondes et durables. Le manuscrit d'Herrade de Landsberg, sou-
vent cité par nousl et qui date du xne siècle, nous laisse voir encore,
dans ce qui touche au mobilier et aux étoffes, l'influence très-pro-
noncée des manuscrits antérieurs de l'école byzantine. Les quelques
débris de meubles carlovingiens qui existent sur les bords du Rhin
sont également empreints des arts industriels de l'empire d'Orient.
Mais les manuscrits grecs des vie, vne, vnr5 et ixe siècles, bien qu'ils
soient nombreux, particulièrement dans la Bibliothèque impériale,
sont peu connus par les gens qui s'occupent d'art, ainsi que nous le
disions tout à l'heure ; cependant c'est en examinant leurs précieux
feuillets que l'on peut se former une idée de ce qu'était l'art
byzantin : c'était un art très-puissant, beaucoup plus fort et vivace
que ne l'était l'art romain sous les derniers empereurs de Rome.
L'art romain s'était évidemment retrempé en s'établissant à
Byzance, et quand on compare les manuscrits grecs des vne et
vine siècles avec les derniers débris des arts romains sous Constantin
en Italie, on constate mieux qu'un progrès : on reconnaît une
véritable renaissance, pleine de jeunesse et d'avenir, une verdeur
sauvage, plutôt que la décrépitude des derniers artistes de Rome.
Ces éléments, importés chez des nations barbares, devaient être
beaucoup plus fertiles que ne l'eussent été les traditions affaiblies
de l'art romain occidental. Aussi la renaissance carlovingienne a
cela de particulier qu'étant le résultat d'une importation étrangère,

1 Bib. de Strasbourg.

t. i. 53
 
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