4$ LETTRES DE HENRI IV;
tienne, mandez m’en votre volonté. Les ennemis sont
devant Montégu , où ils seront bien mouillés; car il n’y
a couvert à demi-lieue autour. L’assemblée sera achevée
dans douze jours. I) m’arriva hier force nouvelles de
Blois ; je vous envoie un extrait des plus véritables :
tout à cette heure me vient d'arriver un homme de
Montégu; ils ont sait une très-belle sortie , et tué force
ennemis; je mande toutes mes troupes, et espère , H
ladite place peut tenir quinze jours , y faire quelques
bons coups. Ce que je vous ai mandé ne vouloir mal à
personne est requis pour votre contentement et le
mien ; je parle à cette heure à vous-même étant mienne.
Mon ame, j’ai un ennui étrange de vous voir. Il y a
ici un homme qui porte des lettres à ma sœur du roi
d’Ecosfe ; il presse plus que jamais du mariage ; il s’offre
à me venir servir avec six mille hommes à ses dépens , szn)
et venir lui-même offrir son service ; il s’en va insaillible-
ment roi d’Angleterre ; préparez ma sœur à lui vouloir
du bien, lui remontrant l’état auquel nous sommes, la
'grandeur de ce prince avec sa vertu; je ne lui en écris
point , ne lui en parlez que comme difcourant, qu'il est
temps de la marier, et qu’il n’y a parti que celui-là,
car de nos parens c’est pitié. Adieu , mon cœur, je te
baise cent millions de fois. Ce dernier décembre.
' (m) Voilà une anecdote bien singulière , et que tous les hislonens
ont ignorée ; cela veut dire qu’il serait un jour roi d’Angleterre , parce
que la reine Elifabeth n’avait point dtenfans. C’était ce même rot
que Henri IV appela toujours depuis maître Jacques. Cette lettre doit être
de 1588.
CHAPITRE
tienne, mandez m’en votre volonté. Les ennemis sont
devant Montégu , où ils seront bien mouillés; car il n’y
a couvert à demi-lieue autour. L’assemblée sera achevée
dans douze jours. I) m’arriva hier force nouvelles de
Blois ; je vous envoie un extrait des plus véritables :
tout à cette heure me vient d'arriver un homme de
Montégu; ils ont sait une très-belle sortie , et tué force
ennemis; je mande toutes mes troupes, et espère , H
ladite place peut tenir quinze jours , y faire quelques
bons coups. Ce que je vous ai mandé ne vouloir mal à
personne est requis pour votre contentement et le
mien ; je parle à cette heure à vous-même étant mienne.
Mon ame, j’ai un ennui étrange de vous voir. Il y a
ici un homme qui porte des lettres à ma sœur du roi
d’Ecosfe ; il presse plus que jamais du mariage ; il s’offre
à me venir servir avec six mille hommes à ses dépens , szn)
et venir lui-même offrir son service ; il s’en va insaillible-
ment roi d’Angleterre ; préparez ma sœur à lui vouloir
du bien, lui remontrant l’état auquel nous sommes, la
'grandeur de ce prince avec sa vertu; je ne lui en écris
point , ne lui en parlez que comme difcourant, qu'il est
temps de la marier, et qu’il n’y a parti que celui-là,
car de nos parens c’est pitié. Adieu , mon cœur, je te
baise cent millions de fois. Ce dernier décembre.
' (m) Voilà une anecdote bien singulière , et que tous les hislonens
ont ignorée ; cela veut dire qu’il serait un jour roi d’Angleterre , parce
que la reine Elifabeth n’avait point dtenfans. C’était ce même rot
que Henri IV appela toujours depuis maître Jacques. Cette lettre doit être
de 1588.
CHAPITRE