<5
41S REMARQUES DE L ESSAI
on le croit, et il esfc très - probable qu’on se méprenait
beaucoup du temps de Philippe de Valois, quand on comp->
tait deux millions cinq cents mille feux dans ses domaines»
Au reste j’ai toujours pensé que la France renferme de
nos jours environ vingt millions d’habitans, et je les ai
comptés à cinq par feu , l’un portant l’autre. Je me trouve
d’accord dans ce calcul avec l’auteur de la Dixme attribuée
au maréchal de Vauban^ et sur-tout avec le détail des pro-
vinces donné par les intendans à la fin du dernier sicelé.
Si je me trompe , ce n’est que d’environ quatre millions,
et c’est une bagatelle pour les auteurs.
Hubner dans sa géographie ne donne à l’Europe que
trente millions d’habitans. Il peut s’être trompé aisément
d’environ cent millions. Un calculateur , d’ailleurs exact,
allure que la Chine ne possède que soixante et douze
millions d’habitans ; mais par le dernier dénombrement
rapporté par le père du Halde, on compte ces soixante et
douze millions , sans y comprendre les vieillards , les
femmes, les jeunes gens au-dessbus de vingt ans, et les
bonzes ; ce qui doit aller à plus du double.
Il faut avouer que d'ordinaire nous peuplons et dépeu-
plons la terre un peu au hasard; tout le monde se conduit
ainsi ; nous ne sommes guères fait pour avoir une notion
exacte des choses ; l'à peu près est notre guide, et souvent
ce guide égare beaucoup.
C’est encore bien pis quand on veut avoir un calcul
juste. Nous allons voir des sarces , et nous y rions ; mais
rit-on moins dans son cabinet quand on voit de graves
auteurs supputer exactement combien il y avait d'hommes
sur la terre deux cents quatre-vingt-cinq ans après le déluge
universel ? 11 se trouve, sélon le frère petau jésuite , que
la samille de Noé avait produit un bi-milliard, deux cents
41S REMARQUES DE L ESSAI
on le croit, et il esfc très - probable qu’on se méprenait
beaucoup du temps de Philippe de Valois, quand on comp->
tait deux millions cinq cents mille feux dans ses domaines»
Au reste j’ai toujours pensé que la France renferme de
nos jours environ vingt millions d’habitans, et je les ai
comptés à cinq par feu , l’un portant l’autre. Je me trouve
d’accord dans ce calcul avec l’auteur de la Dixme attribuée
au maréchal de Vauban^ et sur-tout avec le détail des pro-
vinces donné par les intendans à la fin du dernier sicelé.
Si je me trompe , ce n’est que d’environ quatre millions,
et c’est une bagatelle pour les auteurs.
Hubner dans sa géographie ne donne à l’Europe que
trente millions d’habitans. Il peut s’être trompé aisément
d’environ cent millions. Un calculateur , d’ailleurs exact,
allure que la Chine ne possède que soixante et douze
millions d’habitans ; mais par le dernier dénombrement
rapporté par le père du Halde, on compte ces soixante et
douze millions , sans y comprendre les vieillards , les
femmes, les jeunes gens au-dessbus de vingt ans, et les
bonzes ; ce qui doit aller à plus du double.
Il faut avouer que d'ordinaire nous peuplons et dépeu-
plons la terre un peu au hasard; tout le monde se conduit
ainsi ; nous ne sommes guères fait pour avoir une notion
exacte des choses ; l'à peu près est notre guide, et souvent
ce guide égare beaucoup.
C’est encore bien pis quand on veut avoir un calcul
juste. Nous allons voir des sarces , et nous y rions ; mais
rit-on moins dans son cabinet quand on voit de graves
auteurs supputer exactement combien il y avait d'hommes
sur la terre deux cents quatre-vingt-cinq ans après le déluge
universel ? 11 se trouve, sélon le frère petau jésuite , que
la samille de Noé avait produit un bi-milliard, deux cents