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Voltaire; Thurneysen, Johann Jakob [Bearb.]; Haas, Wilhelm [Bearb.]
Oeuvres Complètes De Voltaire (Tome Vingt-Unieme = Siecle De Louis XIV., Tome II): Siecle De Louis XIV. — A Basle: De l'Imprimerie de Jean-Jaques Tourneisen, Avec des caractères de G. Haas, 1785 [VD18 90794257]

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https://doi.org/10.11588/diglit.49768#0340
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334

P R O P H E T I Ë S.

en France le calvinisme. Mais clans la guerre de Igor
la rébellion et le fanatisme éclatèrent en Languedoc
et dans les contrées voismes.

qui joignaient les fureurs du fanatisme et de la vengeance à leur valeur
naturelle; la haine de la moitié de l’Europe , une guerre civile ajoutée
aux malheurs d’une guerre étrangère , la crainte de voir ses provinces
livrées aux étrangers par les Français, et l’humiliante/nécessité de faire
un traité avec un garçon boulanger.
Voilà ce que le clergé célébrait dans des harangues , ce que la
ssatterie consierait dans des inscriptions et sur des médailles.
Après lui , les protestans furent tranquilles et sournis. Albcroni forma
inutilement le projet absurde de les engager à sesoulever contre le régent,
c’est-ù- dire contre un prince tolérant par raison , par politique et par
caractère, pour se donner un maître, pénitent des jésuites, et qui s’était
sournis au joug honteux de l’inquisition. Pendant le ministère du duc
de Bourbon , l’évêque de Fréjus, qui gouvérnaitles assaires ècclésiastiques,'
fit rendre en 1724, contre les protestans , une loi plus sévère que celles
de Louis XIV', elle n’excita point de troubles, parce qu’il n’eut garde
de la faire exécuter à la rigueur. Aussi indifférent pour la religion que
le régent , il ne voulait qu’obtenir le chapeau de cardinal , malgré
l’opposition secrète du duc de Bourbon. Il trahissait par cette conduite
et son pays et le souverain qui lui avait accordé sa consiance ; mais
quand le cardinalat est le prix de la trahison , quel prêtre est relié
fidèle ?
Sotls Louis XV les protestans furent traités avec modération , sans
qu’on ait rien changé cependant aux lois portées contr’eux ; leur
fortune , leur état , celui de leurs enfans ne sont appuyés que sur la
bonne-foi. Ils ne peuvent faire aucun acte de religion sans encourir
la peine des galères ; ils sont exclus non-seulement des places honorables,
mais de la plupart des métiers. Nous devons espérer que la raison , qui
à la longue triomphera du fanatisme, et la politique, qui dans tous les
temps l’emporte sur la superstition , détruiront ensin ces lois. La tolé-
rance établie dans toute l’Europe, hors l’Italie, l’Espagne et la France;
l’Amérique appelle l’industrie et offre la liberté , la tolérance et la
fortune à tout homme qui , ayant un métier , voudra quitter son
pays ; et la politique ne permettra point de lailser subsister plus long-
temps des lois qui mettent en contradiction l’amour naturel de la
patrie, avec l’intérêt et la ’conscience, et elles pourraient amener des
émigrations plus funestes que celles du siècle dernier, et nous faire perdre
en peu d’années tous les avantages du commerce dont la révolution de
l’Amérique doit être la source.
 
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