ELOGE FUNEBRE
DE LOUIS XV,
Prononcé dans une académie le mai 1774.
MESSIEURS,
I
J E ne viens point ici , au milieu d’une pompe
lugubre et éclatante , mêler la vanité d’un discours
étudié à toutes ces vanités établies pour faire illusion
aux vivans, sous le spécieux prétexte de la gloire des
morts.
Notre assemblée n’est point une de ces cérémonies
fastueuses inventées pour séduire les yeux et les
oreilles. Mon discours doit être simple et vrai comme
l’était le monarque dont nous déplorons la perte.
Quand la grande éloquence commença et finit
le siècle de Louis XIV, les oraisons funèbres pronon-
cées par les Bojjuet et par les Fléchier , subjuguaient
la France étonnée. Elles étaient les seuls ornemens
qu’on remarquât au milieu de ces superbes appareils
funéraires. On était transporté de ce nouveau genre;
il a diminué de prix dès qu’il est devenu commun.
Aujourd’hui que la recherche du vrai en tout
genre est devenue la pafîion dominante des hommes,
ce fard des déclamations, si imposant autrefois, a perdu
DE LOUIS XV,
Prononcé dans une académie le mai 1774.
MESSIEURS,
I
J E ne viens point ici , au milieu d’une pompe
lugubre et éclatante , mêler la vanité d’un discours
étudié à toutes ces vanités établies pour faire illusion
aux vivans, sous le spécieux prétexte de la gloire des
morts.
Notre assemblée n’est point une de ces cérémonies
fastueuses inventées pour séduire les yeux et les
oreilles. Mon discours doit être simple et vrai comme
l’était le monarque dont nous déplorons la perte.
Quand la grande éloquence commença et finit
le siècle de Louis XIV, les oraisons funèbres pronon-
cées par les Bojjuet et par les Fléchier , subjuguaient
la France étonnée. Elles étaient les seuls ornemens
qu’on remarquât au milieu de ces superbes appareils
funéraires. On était transporté de ce nouveau genre;
il a diminué de prix dès qu’il est devenu commun.
Aujourd’hui que la recherche du vrai en tout
genre est devenue la pafîion dominante des hommes,
ce fard des déclamations, si imposant autrefois, a perdu