Voltaire; Thurneysen, Johann Jakob [Bearb.]; Haas, Wilhelm [Bearb.]: Oeuvres Complètes De Voltaire (Tome Cinquante-Septieme = Recueil Des Lettres, Tome II): 1737-1741 (A Basle: De l'Imprimerie de Jean-Jaques Tourneisen, Avec des caractères de G. Haas, 1788) [VD18 90793404]

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182 RECUEIL DES LETTRES
T) voyez peut-être (si on le peut), dans la postérité,
voyez, dis-je, s'il serait glorieux pour vous d’avoir
abandonné votre ami intime et la vérité, pour
Dessontaincs, et d avoir plus craint de nouvelles injures
de ce misérable , que la honte d’être publiquement
insidelle à l’amitié, à la vérité, aux liens de la sociéte
les plus sacrés ? non, sans doute, vous n’aurez
jamais ce reproche à vous faire. Vous montrerez
la fermeté et la noblesse dame que je dois attendre
devons; l’honneur même de prendre publiquement
le parti de l’amitié n’entrera pas dans vos motifs.
L’amitié seule vous fera agir, j’en suis sûr, et mon
cœur me le dit: il me répond du vôtre. L’amitié
seule, sans d’autre considération, l’emportera. Il
faut que l’amitié et la vérité triomphent de la haine
et de la perfidie. C’est dans ces sentimens.et dans
ces justes espérances que je vous embrasse avec plus
de tendresse que jamais.

LETTRE L X X X I.
A M. L’ A B B É M O U S S I N O T.

Cirey, 2 janvier.

Une compote de marrons glacés, de cachou, de
pastilles et de louis d’or, est arrivée avec tant de
mélange, de bruit et de salsement continuels, que la
boîte a crevé. Tout ce quin’estpas or est en cannelle,
et cinq louis se sont échappés dans les batailles; ils
ont fui si loin qu’on ne sait où ils sont. Bon voyage