DE M. DE VOLTAIRE.
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loin de ressembler à celles d’un fermier général, et
sont presque aussi dérangées que celles d'un prince.
J’ai même été obligé d’emprunter deux mille écus
de M. Bronod, notaire ; et c’est de l’argent de madame
la marquise du Châtelet que j’ai payé ce que je devais
à Brault fils ; mais, sitôt que je verrai jour à m’arran-
ger, soyez très-persuadé que je préviendrai l’occasion
de vous servir avec plus de vivacité que vous ne pour-
riez la faire naître. Rien ne me sorait plus agréable
et plus glorieux que de pouvoir n’être pas inutile à
celui de nos écrivains quej’estime le plus. C’est avec
cessentimens très-sincères que je suis, Monsieur, etc.
LETTRE C L X L
A M. LE COMTE D’ARGENTAL
A Bruxelles, 12 juillet.
AÆon adorable ami, jamais ange gardien n’a plus
travaillé pour le mortel qui lui est confié. Vous avez
fait une besogne vraiment angélique. J’ai d’abord
mis par écrit quelques murmures qui me sont échap-
pés , à moi profane, et que j’ai envoyés sous le nom
de remontrances à M. de Pont-de-Veste { mais aujour-
d’hui j’ai esquissé le cinquième acte, et je l’ai joint à
mes murmures. Je tiens qu’il faut toujours voir les
statues un peu dégrossies pour juger de l’effet que
feront les grands traits. Mandez-moi comment vous
trouvez cette première ébauche de l’admirable idée
que vous m’ayez suggérée, et ce que vous pensez de
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loin de ressembler à celles d’un fermier général, et
sont presque aussi dérangées que celles d'un prince.
J’ai même été obligé d’emprunter deux mille écus
de M. Bronod, notaire ; et c’est de l’argent de madame
la marquise du Châtelet que j’ai payé ce que je devais
à Brault fils ; mais, sitôt que je verrai jour à m’arran-
ger, soyez très-persuadé que je préviendrai l’occasion
de vous servir avec plus de vivacité que vous ne pour-
riez la faire naître. Rien ne me sorait plus agréable
et plus glorieux que de pouvoir n’être pas inutile à
celui de nos écrivains quej’estime le plus. C’est avec
cessentimens très-sincères que je suis, Monsieur, etc.
LETTRE C L X L
A M. LE COMTE D’ARGENTAL
A Bruxelles, 12 juillet.
AÆon adorable ami, jamais ange gardien n’a plus
travaillé pour le mortel qui lui est confié. Vous avez
fait une besogne vraiment angélique. J’ai d’abord
mis par écrit quelques murmures qui me sont échap-
pés , à moi profane, et que j’ai envoyés sous le nom
de remontrances à M. de Pont-de-Veste { mais aujour-
d’hui j’ai esquissé le cinquième acte, et je l’ai joint à
mes murmures. Je tiens qu’il faut toujours voir les
statues un peu dégrossies pour juger de l’effet que
feront les grands traits. Mandez-moi comment vous
trouvez cette première ébauche de l’admirable idée
que vous m’ayez suggérée, et ce que vous pensez de