$86 RECUEIL DES LETTRES
-- Helvétius ; ne reviendra-t-il point sur les frontières?
1741- n’aurai-je point encore le bonheur de le voir et de
i’embrasser ?
LETTRE C L X X X I.
A M. LE MARQUIS D’ARG ENS ON , à Paris.
A Bruxelles, 8 janvier.
J’ai été un mois en route , Monsieur, de Berlin à
Bruxelles. J’ai appris, en arrivant, votre nouvel
établissement et vos peines. Voilà comme tout est
dans le monde. Les deux tonneaux de Jupiter ont
toujours leur robinet ouvert; mais enfin, Monsieur,
ces peines passent, parce qu’elles sont injusles, et
i’établissement reste.
j’en al quitté un assez brillant et assez avantageux.
On m’offrait tout ce qui peut ssatter; on s’est fâché
de ce que je ne l’ai point accepté. Mais quels rois,
quelles cours et quels biensaits valent une amitié de
plus de dix années ? A peine m’auraient-ils servi de
consolation si cette amitié m’avait manqué.
J’ai eu tout lieu, dans cette occasion, de me louer
des bontés de M. le cardinal de Fleuri s mais il n’y
a rien pour moi dans le monde que le devoir sacré
qui m’arrête à Bruxelles. Plus je vis, plus tout ce qui
n’cst pas liberté et amitié me paraît un supplice.
Que peut prétendre de plus le plus grand roi de la
terre? Voilà pourtant ce qui est inconnu des rois et
de leurs esclaves dorés.
-- Helvétius ; ne reviendra-t-il point sur les frontières?
1741- n’aurai-je point encore le bonheur de le voir et de
i’embrasser ?
LETTRE C L X X X I.
A M. LE MARQUIS D’ARG ENS ON , à Paris.
A Bruxelles, 8 janvier.
J’ai été un mois en route , Monsieur, de Berlin à
Bruxelles. J’ai appris, en arrivant, votre nouvel
établissement et vos peines. Voilà comme tout est
dans le monde. Les deux tonneaux de Jupiter ont
toujours leur robinet ouvert; mais enfin, Monsieur,
ces peines passent, parce qu’elles sont injusles, et
i’établissement reste.
j’en al quitté un assez brillant et assez avantageux.
On m’offrait tout ce qui peut ssatter; on s’est fâché
de ce que je ne l’ai point accepté. Mais quels rois,
quelles cours et quels biensaits valent une amitié de
plus de dix années ? A peine m’auraient-ils servi de
consolation si cette amitié m’avait manqué.
J’ai eu tout lieu, dans cette occasion, de me louer
des bontés de M. le cardinal de Fleuri s mais il n’y
a rien pour moi dans le monde que le devoir sacré
qui m’arrête à Bruxelles. Plus je vis, plus tout ce qui
n’cst pas liberté et amitié me paraît un supplice.
Que peut prétendre de plus le plus grand roi de la
terre? Voilà pourtant ce qui est inconnu des rois et
de leurs esclaves dorés.