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LE PALAIS DE CEISTAL.

goût, de mode, d'un fini si délié, d'une délica-
tesse si imperceptible qu'on en peut juger en
quelque Sorte qu'à la loupe, auquel le jour
manque parce qu'ils sont mal exposés, et aussi
parce que tous les moyens d'en assurer l'équita-
ble exhibition n'ont pas été souvent égaux entre
Je* français et leurs voisins :

Ces remarques, ces révélations, le talais de
cftiSTÀi. les publiera avec sincérité e-
jamais rien dissimuler. Aucun fait ne sera avan-
cé par lui que les noms ne soient cités avec les
preuves à l'appui, de façon h faciliter au jury des
récompense. la tcrittlofi qui tul est dévolue.

La vérité à tous et pour tous, ce n'est que
justice, mais le malheur des derniers temps est
tel que la France est obligé d'en revendiquer le
bénéfice.

Nous comptons au surplus sur les communi-
cations de nos compatriotes pour venir à l'appui
de notre travail. Le palais de cristal les
accueillera toujours avec reconnaissance.

Le Palais de Cristal est partagé en deux par
le grand cintre dans lequel sont pratiquées au
sud et au nord les deux entrées principales.
L'Angleterre à elle seule occupe l'une des moi-
tiés entière du palais ainsi divisé, l'autre est
remplie par les diverses nations concourant à
l'exposition, Le plan typographique que nous
donnons plus loin représente les emplacements
occupés par les produits de l'Angleterre, de la
France et des autres peuples»

Ce plan, dont nous garantissons l'exactitude
mathématique, forme un véritable catalogue en
miniature des produits exposés ; il nous servira
à guider nos lecteurs dans les promenades nom-
breuses que nous leur ferons faire à travers le
bâtiment de l'exposition, afin de les amener à dé-
couvrir et apprécier les signes éclatants de l'état
du progrès du commerce et de l'industrie chez
les différent a peuples.

De justes appréhensions avaient été plusieurs
fois manifestées à propos du petit nombre de
dégagements ainsi que de portes de sorties mé-
nagées dans le Palais de Cristal. Nous devons
dire que les entrepreneurs du bâtiment ont pris
toutes les mesures pouvant assurer la facilité
des communications avec le dehors, aussi bien
que la commodité au dedans des promeneurs et*
des exposants. Quatre portes d'entrée existent
pour pénétrer dans l'intérieur de l'exposition.
Les deux principales, appelées Exïkee du Sud
et du Nord, sont placées an centre du bâti-
ment, là où est le transept. Les deux autres
sont situées, l'une à l'ouest à l'extrémité de la
partie anglaise; la seconde à l'est à l'extrémité
opposée. Quant aux portes de sorties elles sont
au nombre de treize, réparties également sur
chacun des côtés du palais.

inauguration du palais de l'exposi-
tion.

Sa Majesté la Reine Victoria à ouvert le pre-
mier mai l'exposition universelle de 185L Pour
rendre complet le dessin que nous reproduisons
de cette cérémonie, nous emprunterons aux jour-
naux anglais leur récit officiel.

Jamais le piiUfc de Saint-James n'avait présenté un
aspect si gai et si animé. Dès le matin, de bonne
heure, la foule avait envahi toutes les avenues. Elle
s'avançait comme une niaw compacte, par Constitu-
tion-fcîll et Green Park $efi ie Palais de Cristal. A
l'approche de l'heure fixée pat le programme pour îa
sortie de la Rebie du Palais de Buckingham, la foule
devint plu» compacte encore* et ce fut avec grand
peine que la police put ouvrir ie chemin au cortiègfe
roval. Il tant le dire, cette tâche difficile fut accom-
plie avec la plus grande prudence* avec le calme dont
îa police de Londres a tant de rois donné de» preu-
ves»

Quelques minutes avant onze heures, le Marquis
de Winchester, Lord Steward de la Maison.de la
Reine, te dirigea vers le Palais» Bientôt après arri-
vèrent la Duchewe de Sutherland, Grande Dame
d'Atours, et le Grand Chambellan. Marqua de Brea-
dalbane.

L'Archevêque de Cantorberry se dirigea vers Pall-
Mall et Constitution-hîll uft peu après 6»®e heures.

Bientôt après, un détachement du 1er régiment
des gardes, commandé par le colonel Sait vint s'é-
tablir en face du Palais, et prit rang dans le cortège.

L'escorte royale, sous les ordres du colonel Par-
ker, prit aussi position devant le Palais, suivie de
huit voitures de la cour, attelées de deux chevaux

chacune seulement, au grand désappointement du

Suhlic qui n'apprit que par cette circonstance, que la
Leine n'inaugurerait pas l'Exposition avec toute la
splendeur des cérémonies royales.

À onze heures vingt minutes le cortège sortit du
Palais. Les sept premières voitures contenaient les
principaux officiers de la Maison de la Reine, le
prince de Prusse et sa suite, puis venait une partie
de l'escorte, et, enfin, le carrosse royal, occupé par
îa Reine, le Prince Albert, le Prince de Galles et les
Princesses Royales. Sa Majesté, dont les traits an-
nonçaient la santé, fut reçue par la multitude aux
cris mille fois répétés de " Vive la Reine." Elle re-
mercia gracieusement la mule de ce témoignage de
" îoyalty " et d'affection. Un deuxième détachement
de gardes fermait la marche, et le cortège s'avança
rapidement vers Constitution Bill au milieu d'accla-
mations unanimes.

A partir de ce point la foule devenait plus com-
pacte. Jamais spectacle plus imposant n'avait été
offert à la curiosité. Ce vaste espace, rempli d'un
peuple animé, la gaie verdure du printemps, ie temps
magnifique qui favorisait la fête, la foule d'étrangers
venus cette fois en amis, et mêlant leurs acclamations
à celles des loyaux anglais ; les toilettes éclatantes
des femmes qui tranchaient sur le sombre aspect des
habits noirs, et, derrière cette foule, dominant du
haut des balcons de Grosvenor-place, la riche aristo-
cratie du pays mêlant ses cris et ses vivats à ceux du
peuple ; tout contribuait à donner à cette fête un ca-
ractère imposant, dont la population de Londres con-
servera longtemps le souvenir.

Malgré les nuages menaçants qui parcouraient le
ciel, malgré la pluie dont quelques gouttes commen-
cèrent à tomber au passage du cortège, la foule
conserva ses rangs et sa bonne humeur, et il est inu-
tile d'ajouter que dans cette partie de son parcours
le cortège royal fut reçu avec les mêmes acclama-
tions qui l'avaient accueilli à sa sortie du palais.

A la hauteur d'Hyde Park, le spectacle se présen-
tait sous une physionomie nouvelle. Depuis neuf
heures du matin les larges voies de Piccadilly étaient
sillonnées de voitures de toute espèce, amenant vers
le Palais de Cristal des milliers de spectateurs, et se
suivant sans interruption, sur plusieurs files, depuis
Long Acre et Régent Circus, c'est-à-dire sur une
longueur de plus de trois milles. Le même mouve-
ment régnait du côté de St. James's et de Knights-
brîdge ; de l'ouest comme de l'est toute la vie de la
grande cité convergeait vers un point unique : l'Ex-
position.

A onze heures et demie, le mouvement des voitu-
res cessa, le peuple envahit toutes les voies publi-
ques, et, comme dans toutes les occasions pareilles,
il charma ses loisirs par les lazzis et les rires ; il s'é-
gaya surtout des vains efforts que fit un constable
pour ramener à terre un gamin qui, semblable à un
écureuil, sautait de branche en branche sur un des
arbres du parc, pour échapper à son persécuteur.

Le cortège arriva ; mais sa marche fut si rapide à
son entrée dans le parc, qu'il fut impossible de re-
connaître les personnages que contenaient les voitu-
res, et Ton put lire le désappointement exprimé sur
tous les visages, lorsqu'au lieu de la voiture royale,
traînée par huit chevaux café au lait, l'on vit la Reine
et sa famille dans un simple carrosse à deux chevaux.
Pour beaucoup de spectateurs, il ne fallait rien moins
que le son du canon annonçant l'arrivée de la Reine
au Palais de l'Industrie, pour les convaincre qu'ils
avaient vu passer le cortège royal.

Dès le matin, la foule prenait position le long de
la chaussée, entre Hyde Park-corner et l'entrée sep-
tentrionale de l'Exposition. Vers dix heures, des
masses innombrables de curieux sont survenues, et
ont fontlë des deux côtés de la route une muraille
compacte et impénétrable, qui s'est prolongée jus-
qu'aux portes même du palais. Les maisons qui
avoisinent Albert-gate étaient chargées de specta-
teurs t les balcons, les fenêtres, les toits, tout était
plein. Les hauteurs, d'où la vue pouvait plonger
sur quelques parties de la procession, ont été rapide-
ment envahies par les nouveaux arrivants qui n'a-
vaient pas été assez heureux pour se poster le long
de la route, et bientôt le plus intrépide curieux, eût-
il été doué d'une vigueur herculéenne, n'eût pu
avancer d'un seul pas au milieu des rangs pressés,
qui garnissaient le terrain. Ce qu'il y avait de re-
marquable, c'était l'animation joyevise de la foule, et
l'air de contentement qui respirait sur tous les visa-
ges. Chacun se prêtait à la circonstance ; et la fati-
gue, la presse, la poussière, les petits accidents ordi-
naires dans ces multitudes réunies, rien ne pouvait
altérer la bonne humeur de tout ce peuple. Il est
vrai, aussi, que le spectacle animé qu'on avait sous
les yeux était bien propre à captiver l'attention. Ces
équipages somptueux qui se suivaient sans le moin-
dre intervalle, avec leurs livrées si variées et si ri-
ulen- un sujet perpétuel de distractions, de
questions, de ripostes et d'observations. Ici l'on
distinguait la voiture d'un ministre, là celle d'un
pair distingué ; plus loin c'était un des révérends
pasteurs de l'Eglise ou bien un étranger connu, ou
bien encore un membre du corps diplomatique. Ain-
si, l'on attendait avec ardeur, mais sans impatience,
l'arrivée de la cour et de la suite royale. De temps

à autre, un spectacle d'une autre nature détournait
l'attention et fournissait matière à de nouveaux su-
jets de gaieté. C'étaient des curieux déterminés qui
s'aventuraient à grimper sur les arbres pour jouir du
spectacle imposant que présentait cet océan de têtes
humaines, s'étendant jusqu'aux dernières limites que
la vue pouvait atteindre : mais ces amateurs de beaux
coups-d'ceil avaient compté sans la police; celle-ci a
fait son devoir. De-là des luttes et des ruses, des
marches et des contre-marches, qui produisaient les
scènes les plus comiques. Il y a bien eu, de temps
à autre, quelques chutes, et plus d'un, parmi ceux
qui s'étaient postés sur les branches, est tombé lour-
dement à terre ; mais il ne parait pas qu'on ait eu à
déplorer aucun accident sérieux.

Vers onze heures et demie on a commencé à voir
arriver au galop les officiers de police à cheval ;
bientôt après, est apparu un corps de Horse Guards,
épées nues, qui s'est rangé des deux côtés de la route
à distances égales, pour maintenir le passage libre.
Ces dispositions semblaient annoncer l'arrivée de la
Reine ; cependant l'opinion se maintenait dans la
foule qu'une salve d'artillerie aurait prévenu le pu-
blie du moment où la Reine aurait quitté le palais
de Buckingham. Bientôt, cependant, le doute n'a
plus été permis : à midi moins un quart, des accla-
mations lointaines se sont fait entendre ; peu à peu
elles sont devenues plus éclatantes, et en quelques
instants un chœur immense d'enthousiasme s'est éle-
vé dans toute l'étendue de Hyde Park, à l'aspect du
cortège royal qui s'avançait au milieu de la haie et
se dirigeait vers l'entrée septentrionale de l'Exposi-
tion.

A peine la procession avait-elle passé que la foule
rompait les rangs et se dispersait. Ce mouvement
se produisait avec une telle rapidité qu'il semblait,
en vérité, qu'elle n'était venue que pour s'assurer
par ses propres yeux do l'arrivée du couple royal.
Les groupes se sont répandus alors dans les parties
les plus éloignées du parc pour attendre le retour de
la Reine, et se délasser par la promenade de leur
longue et fatiguante station. Ce mouvement ne
s'est cependant pas exécuté, sans que sur quelques
points il n'en soit résulté un peu de confusion par
suite des nouvelles cohortes de curieux qui arrivaient
en sens contraire. Au moment où ces deux marées
se rencontraient, elles formaient, au point de jonc-
tion, un tourbillon dangereux où plus d'un habit a
été déchiré et plus d'un chapeau foulé. Un incident
de ce genre a eu lieu le long du pont de la rivière
Serpentine, à l'opposé d'Albert Gâte. Grande frayeur
s'en est suivie ; plusieurs femmes ont jeté des cris
perçants, et certainement, si les barrières n'avaient
pas été solides, un grand nombre de personnes au-
raient été précipitées clans les eaux.

Toutefois, par un accord admirable, et en quelque
sorte instinctif, chacun s'est admirablement déter-
miné à conserver sa position ; et cette salutaire inspi-
ration a permis aux gens les plus éloignés de se
reculer, de faire place aux groupes du centre, de
sorte qu'aucun accident, du moins à notre connais-
sance, n'est venu jeter du deuil sur cet instant de la
journée.

Les personnes qui s'étaient rangées aux abords de
l'entrée du Palais de Cristal pour voir descendre de
voiture le cortège royal n'ont pas été trompées dans '
leur attente, et ont pu doublement satisfaire leur
curiosité, car elles ont vu successivement arriver les
hauts personnages qui devaient se joindre à la Reine
dans la procession à travers les galeries du bâtiment.
Parmi les premières personnes qu'on a vu mettre
pied à terre, nous avons distingué le Lord Maire et
les Shérùîs, les membres et les officiers de la Corpo-
ration, lord John Russell, lord Stanley, le Chancelier
de l'Echiquier, Sir George Grey, le Marquis de Clan-
ricarde, et le Comte de Carliste. Quelques-uns de
ces nobles personnages étaient accompagnés de leurs
femmes et de leurs familles. Son altesse royale le
Duc de Cambridge, le Prince de Prusse, le Ministre
de Turquie, le Prince Henri de Hollande, et l'arche-
vêque d Oxford n'ont point tardé ensuite à descendre.
A ce moment les Yeomcn de la garde, un piquet
d'honneur des grenadiers de la garde, avec bannières
en tête et tambour, et un escadron des Horse-guards,
ont entouré les abords de la porte par laquelle la
Reine "devait entrer; et une petite pluie, qui est venue
très-à-propos pour éclaireir le temps, a été suivie d'un
soleil radieux.

Midi sonnait lorsque sa Majesté a quitté son car-
rosse. Le Prince Albert l'accompagnait avec le Prince
de Galles et la Princesse Royale. Les troupes ont
présenté les armes, et le cortège est entré dans le
Palais de Cristal au milieu des acclamations répétées
et enthousiastes de la foele. mêlées aux strophes de
l'hymne national, qui n'ofondeurs de l'édi-

fice, chanté par un chœur de 400 voix.

De même que toutes les autres parties du Palais, la
nef était remplie de spectateurs. Dès neuf heures du
matin, une foule immense sV précipitait, mais telle
est la vaste amplitude de ce bâiàmenï, qu'à peine
s'apercevait-on à l'intérieur de ce constant afflux ;
et, au moment même de la cérémonie, il était impos-
sible de se figurer que 24,000 personnes eussent pris
place à l'aise autour de l'estrade royale, laissant vides,
pour ainsi dire, et dans la solitude, les autres parties

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