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LE PALAIS DE CRISTAL.

qui faisait grâce à un royaliste, et sans l'arrivée de
Paris à franc étrier du représentant du Peuple
Bourbotte, auquel Marceau, au péril de ses jours,
avait sauvé la vie à l'affaire de Saumur, c'en était
fait du général Marceau qui n'avait pas encore
vingt-quatre ans.

Le carnage dont il avait été témoin au Mans et
qu'il n'avait pu empêcher qu'en partie, lui lit sol-
liciter instamment sou envoi aux frontières. <■ Je ne
veux plus combattre des Français, disait-il dans
sa demande, je veux porter mes armes contre l'é-
tranger, c'est là où est l'honneur et la gloire. »
Il arriva à l'armée des Ardennes, en mai 4791, et
aussitôt il s'empara des villes de Thuin et de JNuy.

Après avoir été envoyé sur le clianip de bataille
de Fleures, où B reçut le nom du Lion de l'armée,
et avoir pénétré à Mayence, le malheureux Marceau
trouva la mort dans le fort d'Altenkirchen, où un
chasseur tyrolien l'ajusta et te frappa à l'âge où il
commençait sa carrière d'une manière si glorieuse.

M. Auguste Préault, statuaire, a été chargé de re-
produire les traits du jeune général. Marceau est
debout, la main gauche appuyée snr la poignée de
son sabre, et de la droite, il feuillette des papiers
et des plans posés sur un tronc d'arbre. La pose
est vaillante, la tête est flère, le corps est crâne-
ment posé sur les hanches. Tout dans cette figure
respire la force et le courage.

M. Préault a eu l'heureuse idée de représenter ce
Bavard des temps modernes, la tête haute et nue,
le chapeau posé près de lui, avec ce fameux plumet
coupé par une balle à la bataille de Limbourg, et
tenant sous la main droite la capitulation de Co
blentz.

Maintenant que nous avons à peu près décrit cette
statue que nos leeteurs ont devant les yeux, il nous
reste à dire un mot du sculpteur. M. Auguste Préault
est un de ces artistes d'inspiration, dont les œuvres
sont systématiquement admirées des uns et repous-
sées des autres. C'est un de ces hommes qu'on n'a
pas encore assez discuté pour leur valeur. Jusqu'à
présent, on l'a accepté ou on l'a nié. C'est un mal-
heur.

Aujourd'hui q:ie son talent est accepté de tous,
aujourd'hui qu'il a son droit de bourgeoisie au sa-
lon , qu'il y entre de droit, il faut qu'il entende la
vérité.

Il ne s'agit plus d'étonner le public, mais de le
captiver. Il ne s'agit plus de montrer ce qu'on peut
faire, mais de prouver qu'on sait, et de conquérir
ainsi sans conteste sa place au premier rang.
M. Préault est jeune, a de la fougue, de l'inspira-
tion , de la science ; il lui faut maintenant chercher
la beauté, la grâce ; car, pour nous, comme pour
tous ceux qui aiment l'art, il n'est point de réputa-
tion solide sans la beauté qui captive, la forme qui
attache et la grâce qui séduit.

Après cela, il ne nous reste plus qu'un mot à dire,
que la statue dugénéral Xarceau est une des bonnes
statues qui aient été exposées depuis dix ans.

Nouvelles conditions <l*aboniieiiierit.

Au journal LE PALAIS DE (IH^TAL.

A partir du 1er août courant, le prix de l'a-
bonnement est fixé de la manière suivante :

On an............ 25 fr.

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Abonnés, collection antérieure au 1er août, 12 fr.
50 c (Ajouter 2 fr. ou 3 fr. 50 c. pour la prime].

BULLETIN INDUSTRIEL.

L'élément le plus vif de la ferveur avec laquelle
on cherche le triomphe d'un principe, c'est, sans
contredit, l'honnêteté du but, et l'utilité générale.
Or, de toutes les questions qui peuvent préoccuper
les esprits, dans notre siècle, nous avons la convic-
tion qu'il n'en est pas une qui soit empreinte de ce
double caractère avec plus d'énergie et plus de vé-
rité que la question de la propriété intellectuelle.

Soit à l'intérieur, soit dans nos relations avec l'é-
tranger, plus le droit résultant d'une organisation
de cette propriété sera puissant, plus les liens qui
doivent rendre les relations humaines honorables
et durables prendront de consistance et de force.
Ainsi, vouloir constituer sur des bases larges et so-
lides le droit de l'intelligence, c'est résoudre défi-
nitivement le grand problème de la paix entre les
citoyens d'une même nation et entre les peuples
qui sont appelés â avoir entre eux des relations
commerciales et industrielles.

Nous aimons à pouvoir démontrer cette asser-
tion.

Examinons d'abord notre position sous son as-
pect intime, selon les relations qui s'établissent en-
tre les citoyens d'un même pays.

Evidemment, le but constant des efforts communs,
c'est l'amélioration du bien-être, le développement
de l'intelligence, l'appât d'un intérêt solidaire vers
le même résultat, la confiance mutuelle et le bon-
heur.

Or, il n'est pas, selon nous, de moyen plus effi -
cace pour réaliser le bien-être que le travail inces-
sant du génie qui dompte la nature, qui dérobe ses
secrets et y trouve les éléments les plus certains de
rendre la matière obéissante aux volontés humai-
nes; pas de principe plus fécond pour le développe-
ment de l'intelligence que cette communication des
idées qui étend la sphère large où se meuvent les
esprits dans le domaine des sciences, des arts et
du commerce ; pas de lien plus étroit pour unir les
hommes que le principe d'une fortune, dont les
ressources s'augmentent nécessairement par l'aug-
mentation des débouchés et par l'accroissement du
nombre des consommateurs; pas de mobile plus
certain de la confiance et de la paix que le succès
dans les affaires, c'est-à-dire, la réalisation des bé-
néfices dans l'exploitation.

Mais il arrive presque toujours que le bien-être
ou le succès, si l'on aime mieux, trouve un dissol-
vant, c'est la ruse et la fourberie : or, dans la cons-
titution du droit de la propriété intellectuelle, la
première de toutes les lois, c'est la probité. Pro-
bité de l'inventeur dans l'exposé de sa spécifi-
cation; probité de la société dans la protection
éclairée qu'elle lui assure ou dans l'évaluation de
l'indemnité qu'elle lui offre ; probité des industriels
dans la solidarité commune qui écarte la contre-
façon, en établissant une croisière contre les pira-
tes de l'industrie, comme les gouvernements hu-
mains et libres en ont établi une contre la traite
des noirs.

Mais, dira-t-on, ces beaux principes et cette re-
ligieuse reconnaissance du droit, c'est le beau idéal,
c'est l'utopie d'une âme confiante, qui croit à la
bonne foi humaine, pauvre niaise qui se laissera
duper par le premier fripon un peu adroit.

Et d'abord, la recherche du bien peut avoir assez
de charme pour que l'on se contente de poursuivre
ce but : c'est un genre d'amélioration qui vaut bien
la peine qu'on s'en occupe. Nous savons, nous
voyons chaque jour, dans le spectacle fort triste
des disputes humaines, qu'on s'imagine que le suc-
cès reste d'ordinaire au plus habile, et que c'est
surtout dans une ruse bien combinée, dans les mille
replis d'une tresse bien ourdie que l'on place sou-
vent le principal mérite d'un homme : beaucoup de
gens ont pris pour devise : •< Etre vertueux, c'est
être adroit »; et de là à la friponnerie la route est
courte et la pente facile.

Mais nous pensons, nous, que la plus grande ha-
bileté consiste à être honnête : nous croyons que le
breveté qui ne donne pas une description sincère
de ses procédés déprécie lui-même et comme à plai-
sir son invention, et s'expose à s'en voir enlever le
produit le plus clair et le plus légitime; nous esti-
mons que le commerce qui prélève sur la crédulité
un bénéfice provisoire se réserve dans l'avenir une
dépréciation radicale et se ruine en se perdant de
réputation ; que par conséquent, l'absence des mar-
ques de fabrique jette le discrédit sur la chose

vendue et que les mauvais fabricants détruisent la
bonne renommée des fabricants honnêtes en jetant
sur les marchés des produits qui déshonorent le
pays ou l'atelier d'où ils sortent. Nous avons la
ferme conviction qu'une maison connue pour sa
bonne foi, pour sa probité, trouve, s'il survient un
sinistre, mille ressources au lieu d'une pour y échap-
per; qu'on s'empresse autour d'elle; que les capi-
taux viennentà son secours, sauvent ses ateliers, en
laissant planer légitimement la belle réputation qu'il a
conquise; tandis que le négociant, qui n'a eu qu'un
succès éphémère au préjudice de ceux qu'il a trom-
pés, ne peut, une fois atteint par la ruine, se rele-
ver et se défendre contre les coups du discrédit qu'il
encourt et du déshonneur qu'il mérite. Voilà, selon
nous, les deux parts faites à l'homme probe et à
l'homme malhonnête. Où est l'habileté?

Ce n'est pas la première fois que depuis bien des
siècles on s'étudie à couvrir le malhonnête du man-
teau de l'habile ; et malheureusement, ou plutôt fort
heureusement pour la conscience humaine, les faits
sont là qui prouvent qu'on a bien souvent perdu la
partie que l'on ne jouait pas de franc jeu. Pourquoi
donc se figurer que l'industrie a le privilège sin •
gulier d'échapper à la règle commune? Pourquoi se
faire illusion à cet égard, et croire que la ruse et la
fourberie doivent faire le fond de cette affaire? Si
nous touchons à cette question si délicate, si nous
osons, contrairement aux principes du proverbe,
« parler de corde devant des pendus, » c'est que
nous avons sous les yeux l'exemple éclatant de
quelques peuples qui prospèrent, et se prêtent un
mutuel secours par la probité des transactions, au
lieu de se tendre des pièges dans lesquels ne tombe
pas seulement la dupe, mais dans lesquels le fripon
lui-même, et les gens honnêtes, qui vivent de la
même industrie, donnent tète baissée.

On dit beaucoup de mal de l'Angleterre. La foi
de la « perfide Albion » est passée à l'état de « foi
« punique » dans beaucoup de très-bons lieux. Or,
si l'on entend par mauvaise foi, ce sentiment de na-
tionalité qui permet aux Anglais de se montrer
parfois un peu trop faciles sur les moyens, quand
ils traitent avec l'étranger , c'est-à-dire avec le
barbare des temps modernes , il faut reconnaître
que les Anglais ne se trompent jamais entre Anglais.
Il est rare d'avoir à constater dans leurs relations
rien qui vienne en aide à ces menées qui compro-
mettent un peu leur réputation avec les étrangers,
et c'est d'eux surtout que l'on peut dire que « les
loups ne se mangent pas entre eux. »

Puis, s'ils se montrent loups vis-à-vis de certaines
nations, c'est, à leurs yeux, si l'on en croit à cet
égard leur propre excuse, qu'en la trompant ainsi,
ils s'imaginent user de représailles ; et c'est le mau-
vais exemple des tromperies qui les ont dupés, qui
leur fait prendre, à leur tour, le droit de duper les
autres.

C'est qu'en effet, l'industrie, dont le commerce est
le moyen, ne peut arriver à conquérir une véritable
force que par le respect des transactions internatio-
nales ; et c'est par l'honnêteté seule que se manifes-
tera ce respect qui doit s'exercer, dans sa double
carrière, au-dedans et au dehors.

Nous avons dit que c'est dans la garantie donnée
à l'inventeur que se trouve l'élément le plus certain
de son bien-être et le gage de la solidarité qui lie
les citoyens d'un même pays et les nations entre
elles.

Au moment où l'industrie est devenue le symbole
d'une alliance générale des nations, par l'Exposi-
tion de Londres; au moment où va commencer la
discussion des intérêts communs aux peuples qui
se sont présentés dans cette vaste arène du génie
ouverte dans Hyde-Park, il est de la plus haute im-
portance de développer cette pensée qui doit servir
de guide à tous les partisans de la réforme que nous
poursuivons.

Dans quelques semaines, en effet, quand la dis-
cussion s'ouvrira pour résoudre ce grand problème,
il faudra bien que l'on soit d'accord sur les éléments
même d'une alliance que nous regardons comme la
base de la nouvelle législation dont nous préparons
la formule.

Or, que se passerait-il à l'intérieur?

Que deviendraient les relations internationales à
la suite d'une mesure décisive prise en faveur des
droits de l'industrie ?

A l'intérieur, voyez ce qui paralyse les transac-
tions entre le génie qui produit et le capital qui est
 
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