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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 1)

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Véron, Eugène: Lazare Duvaux et la Marquise de Pompadour
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https://doi.org/10.11588/diglit.16670#0014

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travail fort long-. On peut, du reste, se faire une idée à peu près exacte de l'importance de ses achats
par les chiffres que nous avons donnés, car il ne semble pas qu'ils se soient ralentis à aucun moment
de son règne, —■ si ce n'est cependant aux dernières années, où ses finances se trouvèrent fort
embarrassées par suite à la fois de ses prodigalités irréfléchies et des libéralités décroissantes
du roi.

Duvaux était bijoutier en titre du roi, mais en fait il vendait à peu près tous les objets de luxe
qui peuvent servir à la décoration et à l'ameublement des résidences aristocratiques; il en fabriquait
même quelques-uns. Il appartenait à la 13e classe des marchands, car, en ce temps de corporations
fermées, chaque industrie était classée et numérotée. Il faisait partie de la grande catégorie des mer-
ciers, de ceux qui, selon le Dictionnaire du Commerce de Savary, « vendent des tableaux, des estampes,
des candélabres, des bras, des girandoles de cuivre doré et de bronze, des lustres de cristal, des figures
de bronze, de marbre, de bois et d'autre matière; des pendules, horloges et montres; des cabinets,
coffres, armoires, tables, tablettes, guéridons de bois de rapport et doré, des tables de marbre et
autres marchandises et curiosités propres pour l'ornement des appartements. »

La qualité de bijoutier était comprise dans celle de mercier. « La bijouterie, dit encore Savary,
c'est le commerce de toutes sortes de petites curiosités qui servent à orner les personnes ou les
appartements; bijoutier, c'est celui qui fait le commerce de toutes sortes de bijoux et curiosités.
A Paris, ce sont les merciers et les orfèvres, en qualité de marchands joailliers, qui font ce commerce. »

Duvaux tenait un registre très-exact de ses opérations, avec les noms des acheteurs; souvent
même il y ajoutait une description assez détaillée des objets vendus. C'est ce registre dont la
Société des Bibliophiles français a eu l'heureuse idée de confier la publication à M. Louis Cou-
rajod. Celui-ci a fait précéder le Journal du marchand d'une introduction remplie de renseignements
et de faits serrés et condensés. Malgré le soin qu'a pris l'auteur de ne s'arrêter qu'aux points
vraiment importants de son sujet, cette introduction prend à elle seule tout le premier volume,
qui, avec la table alphabétique des noms d'hommes, de lieux et d'objets mentionnés dans le journal
et dans l'introduction, n'a pas moins de 426 pages. A ceux qui veulent se faire une idée précise du
caractère et du développement d'une partie de l'art à cette époque, nous ne saurions recommander
de meilleure lecture que celle de cette introduction et du Journal qu'elle explique.

On évalue à environ 36 millions les dépenses de la favorite pendant ses dix-neuf années de
« règne ». Le tiers de ces dépenses se rapporte plus ou moins directement à l'art. Elle consacra des
sommes énormes à l'achat, à la construction, à la décoration d'une foule de châteaux, d'ermitages,
d'appartements à Versailles, à Paris, à Compiègne, à Bellevue, à Saint-Ouen, etc. Outre l'argent
dépensé pour ces acquisitions, on évalue à 3,288,403 livres 16 sous 6 deniers le compte des travaux
qu'elle fit faire dans ces domaines, de l'année 1748 à 1754. Elle avait en horreur le banal et le
commun; elle ne pouvait rien souffrir autour d'elle qui ne portât, en quelque sorte, le cachet
de sa personnalité, qui ne répondit à ses goûts particuliers; elle commandait aux meilleurs artistes
ou faisait elle-même le dessin des objets qu'elle voulait se procurer. Chose étrange! elle s'applique
à l'embellissement des résidences qu'elle loue avec autant de soin que si elles lui appartenaient.
En trois ans, elle dépense 200,000 francs à embellir la maison de Champs, qu'elle a prise en loca-
tion, toute meublée, pour 12,000 livres; et à Saint-Ouen, qui appartient au duc de (iesvres, elle
engloutit en cinq ans 500,000 livres.

Elle tient également à la décoration des meubles les plus intimes et les moins faits pour la montre.
Il lui faut des vases de nuit en porcelaine de Saxe ou de Chine. Elle aime le beau pour lui-même en
dehors de toute vanité. Le Journal de Duvaux nous en fournit des exemples singuliers :

« Du 25 août 1751, fourni à M'"c la marquise de Pompadour, un bidet à dossier, plaqué en bois
de rose et fleurs, garni de moulures, pieds et ornements de bronze doré d'or moulu, avec sa seringue
et la cuvette du fond en étain plané : 360 livres.

« Du 9 août I753? une chaise percée à dossier, plaquée en bois de rose, à fleurs, garni de bronze
doré d'or moulu : 715 livres. »

Ce luxe même ne lui suffit pas. Le marquis d'Argenson nous apprend, dans ses Mémoires, que,
voulant un meuble plus parfait, elle s'adressa à l'ébéniste Migeon, et que, dans son ravissement,
 
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