CHRONIQUE ETRANGERE
si mars 1875.
Allemagne. — Le peintre Magnussen a trouvé chez le duc
Charles de Glucksbourg, dont il a été l'hôte il y a quelque
temps, un Albert Durer authentique qui semblait ignoré de son
propriétaire. Le tableau représente la Vierge et l'Enfant Jésus.
— L'ancien couvent des Augustins, à Nuremberg, édifice
à demi ruiné du xive siècle, a été démoli il y a quelque
temps pour cause d'agrandissement du palais de justice. Le
directeur du musée germanique, docteur Essenwein, a obtenu
l'autorisation de recueillir les matériaux, et il se propose de
le réédifier. Ce qui reste du couvent des Augustins devien-
drait une aile supplémentaire du vieux monastère carmélite res-
tauré où esc installé le musée germanique. La dépense excé-
dant les ressources de cet établissement, le directeur a recueilli
des souscriptions, et il organise une tombola d'objets d'art.
Angleterre. — Une exposition des œuvres de M. Frede-
rick J. Shields, un des membres les plus considérés de la Société
des Aquarellistes, a eu lieu à l'Institut royal de Manchester, du
24 février au 3 mars. M. Shields, qui habite Manchester depuis
quelques années, est sur le point de se fixer à Londres. L'expo-
sition, qui comprend cent quarante-six numéros, a été organisée
par un Comité dont faisaient partie, entre autres notabilités, le
maire de Manchester, le président de l'Académie locale, profes-
seur Ruskin et M. Alma-Tadema.
— La Galerie nationale d'Edimbourg a fait l'acquisition de
deux tableaux de David Allan, dont l'un, représentant l'origine de
la peinture, obtint en 1773 la médaille d'or de l'Académie de
Saint-Luc à Rome.
— Une pension annuellede 200 liv. st. est accordée à M. Wood,
en reconnaissance de ses travaux à Ephèse et des services qu'il a
rendus à la science, au préjudice de sa santé, par la découverte
de l'emplacement du temple de Diane et par l'acquisition d'une
importante collection de sculptures, d'ornements architecto-
niques et d'inscriptions grecques et romaines pour le British
Muséum.
— On annonce la mort du sculpteur John Birnie Philip, âgé
seulement de quarante-huit ans; il était l'auteur de plusieurs
figures allégoriques et de deux bas-reliefs du monument com-
mémoratif du prince Albert, dans Hyde-Park.
Belgique. — La polémique relative à la question Fritz Van
Kerkhove.— M. Jean Rousseau, dans l'Echo du Parlement, a donné
acte à M. Siret de la lettre publiée par ce dernier dans le Jour-
nal des Beaux-Arts ; mais M. Rousseau est loin d'abandonner
son opinion, peu favorable, comme on sait, à l'authenticité des
œuvres attribuées au jeune peintre (?) brugeois. Ses appréciations
viennent d'avoir un contre-coup académique assez intéressant.
Dans le compte rendu officiel de la séance de l'Académie royale
de Belgique (classe des Beaux-Arts), où M. Siret avait lancé son
phénomène, on lisait le passage que voici : « M. Siret présente
aux membres de la classe une vingtaine des tableaux du jeune
Frédéric, représentant des paysages peints avec un aplomb et un
talent qui provoquent dans l'assemblée une vive émotion et un
enthousiasme qu'elle n'hésite pas à exprimer en formulant, sur
la proposition de MM. Alvin et Fécis, le vau que les auvres de ce
génie, si prématurément enlevé aux arts et à la patrie, soient pu-
bliquement exposées à Bruxelles. » Ces expressions avaient été
relevées par AL Rousseau comme étant en contradiction mani-
este avec le feuilleton publié dans l'Indépendance, par M. Ed.
Fétis qui, sans contester l'authenticité de l'œuvre du petit Van
Kerkhove, déniait a l'auteur la qualité d'artiste véritable pour
classer son 1 génie » parmi les phénomènes tératologiques, c'est-
à-dire parmi les anomalies et les monstruosités. Or il se trouve
que le bulletin de l'Académie ne rend pas fidèlement compte de
la séance. Des protestations se sont élevées contre la rédaction
dans la dernière séance de la classe des Beaux-Arts. M. Balat a
constaté que l'Académie, sur la proposition de son directeur,
M. Balat lui-même, a refusé son patronage à l'exposition du petit
Fritz, parce qu'en l'accordant elle serait sortie de ses attribu-
tions et aurait assumé une responsabilité dont les conséquences
auraient pu être fâcheuses. M. Fétis a déclaré qu'il n'avait jamais
qualifié le jeune Fritz de t génie prématurément enlevé aux arts
et à la patrie ». Il s'est borné à émettre un vœu en faveur d'une
exposition qui ne pouvait manquer d'être intéressante, et qui,
d'ailleurs, était organisée au profit de la caisse centrale des ar-
tistes. Enfin, sur la proposition de M. Balat, le compte rendu a
été rectifié; mention du refus du patronage de l'Académie y a été
ajouté; et, malgré l'opposition de M. Siret, la note au sujet de
laquelle s'élevaient toutes les réclamations a été considérablement
modifiée et, pour ainsi dire, refroidie. Il n'est pas inutile d'ajou-
ter que M. Siret en était l'auteur.
— Une Société internationale d'aquafortistes vient de se fonder
à Bruxelles sous la présidence d'honneur de S. A. R. M™* la
comtesse de Flandres. Président : M. J. Savile Lumley, ministre
plénipotentiaire de la Grande-Bretagne à Bruxelles, amateur de
beaucoup de goût et peintre d'un certain mérite qui a exposé
avec quelque succès au Salon de 1869; directeur : M. Félicien
Rops ; secrétaires : MM. Camille Van Camp et le baron Jules
Goethals ; membres du comité : MM. Jean Rousseau, Sucrmondt,
Vervoort, ancien président de la Chambre; comte d'Ursel, séna-
teur; Joseph Gérard, Charles de Gravesande, Gustave Hase-
mans, député; comte Camille de Renesse, chevalier de Stuers,
secrétaire de la légation des Pays-Bas ; Eugène Smits, Tschar-
ner, le baron Fcrnand de Beeckman et plusieurs autres artistes
et amateurs. « La nouvelle Société, lisons-nous dans la Fédéra-
tion artistique, a pour but de développer le goût de la gravure à
l'eau-forte, par la publication d'un double recueil et par l'orga-
nisation d'expositions spéciales. Chaque livraison du premier
recueil contiendra au moins trois eaux-fortes originales choisies
par le comité, tirées sur papier vergé de Hollande et avec texte,
s'il y a lieu. Le second recueil, publié sous le titre de Cahier
d'études, renfermera toutes les planches qu'il plaira aux membres
de la Société de faire imprimer. »
— Une découverte intéressante pour l'histoire de l'art fla-
mand a été faite récemment par M. Edouard Colinct, auteur d'un
ouvrage curieux sur les anciens monuments des arts flamands,
spécialement chargé par le gouvernement belge d'exécuter les
moulages destinés au Musée des reproductions et à la Commis-
sion royale des échanges. Se trouvant le mois dernier à Heidel-
berg, M. Colinet fut frappé du caractère essentiellement flamand
des sculptures qui ornent la façade de l'antique château de cette
ville, le célèbre Olto-lIcinrichs-Bau. Il résulte en effet des
recherche* qui ont été faites à sa demande dans les archives de
Carlsriihe, que l'auteur de la plupart de ces sculptures est un
artiste flamand du xvi' siècle, Alexandre Colins, de Matines. On
a retrouvé une charte du 7 mars 1558 qui donne le détail des
travaux importants et nombreux confiés par le prince palatin à
ce statuaire. M. Colinet se propose de publier une monographie
du château, ornée de planches et enrichie des documents inédits
qu'il a recueillis.
États-Unis. — Le Century Club de New-York, le club
du siècle, club social, littéraire et artistique, dont font partie
presque tous les artistes notables de « la ville impériale i,se
réunit tous les mois en assemblée générale. A cette occasion les
salles sont ornées d'oeuvres nouvelles des membres artistes de la
Société. A la dernière réunion, le nombre des tableaux exposés
s'élevait à trente, sans parler des esquisses, dont plusieurs dues
à des artistes américains en renom. On cite particulièrement les
si mars 1875.
Allemagne. — Le peintre Magnussen a trouvé chez le duc
Charles de Glucksbourg, dont il a été l'hôte il y a quelque
temps, un Albert Durer authentique qui semblait ignoré de son
propriétaire. Le tableau représente la Vierge et l'Enfant Jésus.
— L'ancien couvent des Augustins, à Nuremberg, édifice
à demi ruiné du xive siècle, a été démoli il y a quelque
temps pour cause d'agrandissement du palais de justice. Le
directeur du musée germanique, docteur Essenwein, a obtenu
l'autorisation de recueillir les matériaux, et il se propose de
le réédifier. Ce qui reste du couvent des Augustins devien-
drait une aile supplémentaire du vieux monastère carmélite res-
tauré où esc installé le musée germanique. La dépense excé-
dant les ressources de cet établissement, le directeur a recueilli
des souscriptions, et il organise une tombola d'objets d'art.
Angleterre. — Une exposition des œuvres de M. Frede-
rick J. Shields, un des membres les plus considérés de la Société
des Aquarellistes, a eu lieu à l'Institut royal de Manchester, du
24 février au 3 mars. M. Shields, qui habite Manchester depuis
quelques années, est sur le point de se fixer à Londres. L'expo-
sition, qui comprend cent quarante-six numéros, a été organisée
par un Comité dont faisaient partie, entre autres notabilités, le
maire de Manchester, le président de l'Académie locale, profes-
seur Ruskin et M. Alma-Tadema.
— La Galerie nationale d'Edimbourg a fait l'acquisition de
deux tableaux de David Allan, dont l'un, représentant l'origine de
la peinture, obtint en 1773 la médaille d'or de l'Académie de
Saint-Luc à Rome.
— Une pension annuellede 200 liv. st. est accordée à M. Wood,
en reconnaissance de ses travaux à Ephèse et des services qu'il a
rendus à la science, au préjudice de sa santé, par la découverte
de l'emplacement du temple de Diane et par l'acquisition d'une
importante collection de sculptures, d'ornements architecto-
niques et d'inscriptions grecques et romaines pour le British
Muséum.
— On annonce la mort du sculpteur John Birnie Philip, âgé
seulement de quarante-huit ans; il était l'auteur de plusieurs
figures allégoriques et de deux bas-reliefs du monument com-
mémoratif du prince Albert, dans Hyde-Park.
Belgique. — La polémique relative à la question Fritz Van
Kerkhove.— M. Jean Rousseau, dans l'Echo du Parlement, a donné
acte à M. Siret de la lettre publiée par ce dernier dans le Jour-
nal des Beaux-Arts ; mais M. Rousseau est loin d'abandonner
son opinion, peu favorable, comme on sait, à l'authenticité des
œuvres attribuées au jeune peintre (?) brugeois. Ses appréciations
viennent d'avoir un contre-coup académique assez intéressant.
Dans le compte rendu officiel de la séance de l'Académie royale
de Belgique (classe des Beaux-Arts), où M. Siret avait lancé son
phénomène, on lisait le passage que voici : « M. Siret présente
aux membres de la classe une vingtaine des tableaux du jeune
Frédéric, représentant des paysages peints avec un aplomb et un
talent qui provoquent dans l'assemblée une vive émotion et un
enthousiasme qu'elle n'hésite pas à exprimer en formulant, sur
la proposition de MM. Alvin et Fécis, le vau que les auvres de ce
génie, si prématurément enlevé aux arts et à la patrie, soient pu-
bliquement exposées à Bruxelles. » Ces expressions avaient été
relevées par AL Rousseau comme étant en contradiction mani-
este avec le feuilleton publié dans l'Indépendance, par M. Ed.
Fétis qui, sans contester l'authenticité de l'œuvre du petit Van
Kerkhove, déniait a l'auteur la qualité d'artiste véritable pour
classer son 1 génie » parmi les phénomènes tératologiques, c'est-
à-dire parmi les anomalies et les monstruosités. Or il se trouve
que le bulletin de l'Académie ne rend pas fidèlement compte de
la séance. Des protestations se sont élevées contre la rédaction
dans la dernière séance de la classe des Beaux-Arts. M. Balat a
constaté que l'Académie, sur la proposition de son directeur,
M. Balat lui-même, a refusé son patronage à l'exposition du petit
Fritz, parce qu'en l'accordant elle serait sortie de ses attribu-
tions et aurait assumé une responsabilité dont les conséquences
auraient pu être fâcheuses. M. Fétis a déclaré qu'il n'avait jamais
qualifié le jeune Fritz de t génie prématurément enlevé aux arts
et à la patrie ». Il s'est borné à émettre un vœu en faveur d'une
exposition qui ne pouvait manquer d'être intéressante, et qui,
d'ailleurs, était organisée au profit de la caisse centrale des ar-
tistes. Enfin, sur la proposition de M. Balat, le compte rendu a
été rectifié; mention du refus du patronage de l'Académie y a été
ajouté; et, malgré l'opposition de M. Siret, la note au sujet de
laquelle s'élevaient toutes les réclamations a été considérablement
modifiée et, pour ainsi dire, refroidie. Il n'est pas inutile d'ajou-
ter que M. Siret en était l'auteur.
— Une Société internationale d'aquafortistes vient de se fonder
à Bruxelles sous la présidence d'honneur de S. A. R. M™* la
comtesse de Flandres. Président : M. J. Savile Lumley, ministre
plénipotentiaire de la Grande-Bretagne à Bruxelles, amateur de
beaucoup de goût et peintre d'un certain mérite qui a exposé
avec quelque succès au Salon de 1869; directeur : M. Félicien
Rops ; secrétaires : MM. Camille Van Camp et le baron Jules
Goethals ; membres du comité : MM. Jean Rousseau, Sucrmondt,
Vervoort, ancien président de la Chambre; comte d'Ursel, séna-
teur; Joseph Gérard, Charles de Gravesande, Gustave Hase-
mans, député; comte Camille de Renesse, chevalier de Stuers,
secrétaire de la légation des Pays-Bas ; Eugène Smits, Tschar-
ner, le baron Fcrnand de Beeckman et plusieurs autres artistes
et amateurs. « La nouvelle Société, lisons-nous dans la Fédéra-
tion artistique, a pour but de développer le goût de la gravure à
l'eau-forte, par la publication d'un double recueil et par l'orga-
nisation d'expositions spéciales. Chaque livraison du premier
recueil contiendra au moins trois eaux-fortes originales choisies
par le comité, tirées sur papier vergé de Hollande et avec texte,
s'il y a lieu. Le second recueil, publié sous le titre de Cahier
d'études, renfermera toutes les planches qu'il plaira aux membres
de la Société de faire imprimer. »
— Une découverte intéressante pour l'histoire de l'art fla-
mand a été faite récemment par M. Edouard Colinct, auteur d'un
ouvrage curieux sur les anciens monuments des arts flamands,
spécialement chargé par le gouvernement belge d'exécuter les
moulages destinés au Musée des reproductions et à la Commis-
sion royale des échanges. Se trouvant le mois dernier à Heidel-
berg, M. Colinet fut frappé du caractère essentiellement flamand
des sculptures qui ornent la façade de l'antique château de cette
ville, le célèbre Olto-lIcinrichs-Bau. Il résulte en effet des
recherche* qui ont été faites à sa demande dans les archives de
Carlsriihe, que l'auteur de la plupart de ces sculptures est un
artiste flamand du xvi' siècle, Alexandre Colins, de Matines. On
a retrouvé une charte du 7 mars 1558 qui donne le détail des
travaux importants et nombreux confiés par le prince palatin à
ce statuaire. M. Colinet se propose de publier une monographie
du château, ornée de planches et enrichie des documents inédits
qu'il a recueillis.
États-Unis. — Le Century Club de New-York, le club
du siècle, club social, littéraire et artistique, dont font partie
presque tous les artistes notables de « la ville impériale i,se
réunit tous les mois en assemblée générale. A cette occasion les
salles sont ornées d'oeuvres nouvelles des membres artistes de la
Société. A la dernière réunion, le nombre des tableaux exposés
s'élevait à trente, sans parler des esquisses, dont plusieurs dues
à des artistes américains en renom. On cite particulièrement les