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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 1)

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Véron, Eugène: Le style Pompadour
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https://doi.org/10.11588/diglit.16670#0045

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36 L'ART.

Quand, au bout de quelques années, il aura achevé de transformer les habitudes et de faire disparaître
le mobilier de l'époque antérieure, comme toujours on baptisera le style nouveau du nom de l'époque
où pour la première fois on en aura pris pleine conscience. Voilà comment le vrai style Pompadour
s'appelle dans l'histoire style Louis XVI.

L'influence de la marquise sur les arts s'est encore manifestée d'une autre façon, non moins
directe et effective, par la part qu'elle a prise à la nomination des directeurs des bâtiments du roi, qui
étaient de véritables surintendants des beaux-arts. 11 est impossible que le choix même de ces
directeurs ne nous fournisse pas quelques lumières sur les préférences artistiques de la favorite.

Lorsque mourut en 1751 le vieux Le Normant de Tournehem, après avoir déployé dans son
administration une activité, une initiative qu'on n'attendait pas de son âge, sa place fut donnée par
la marquise de Pompadour à son frère le marquis de Vandières — d'avant-hier disait-on à la
cour — qu'elle transforme en marquis de Marigny, pour le faire échapper au désagrément de cette
assonance. Mais il faut lui rendre cette justice, que, avant de lui confier la position de directeur,
elle prit soin de l'y préparer d'abord par un apprentissage de trois années, que couronna un voyage en
Italie, « la source où se puise la connaissance des vraies beautés de l'art ». Elle l'y tint deux ans,
du 20 décembre 1749 à la fin de septembre 1751.

Quels sont les artistes qu'elle choisit pour l'accompagner dans ce voyage d'études ? Soufflot,
que la construction du magnifique Hôtel-Dieu de Lyon et du Panthéon protège suffisamment
contre tout soupçon de maniérisme, et Cochin qui, très-sérieusement, se disait et se croyait un
fervent adepte de l'antiquité classique et du grand art italien. La chose n'était certainement pas aussi
vraie qu'il le pensait, mais elle l'était assez cependant pour qu'il ne soit pas possible de le confondre
avec les disciples de Meissonier.

Au retour de l'Italie, Cochin se trouva être devenu l'ami, l'inséparable de Marigny. Sans faire
injure à l'activité personnelle du directeur des bâtiments du roi, on peut dire qu'en réalité
c'est Cochin qui remplit le plus gros des fonctions dont son ami touche les appointements et
reçoit les honneurs. M'"1' la Marquise est pleine de bienveillance pour l'ami de son frère. Or il serait
étrange, on l'avouera, que le frère et la sœur, avec leurs prétentions artistiques, eussent tous deux
entouré de leur faveur un homme dont les goûts sur ce point se fussent trouvés en désaccord avec
les leurs, et surtout qu'ils lui eussent laissé exercer une sorte d'omnipotence dans un domaine qu'ils
s'étaient spécialement réservé.

Dès 1^37 Cochin publiait une suite d'estampes qui indiquaient clairement les tendances de son
esprit, et n'avaient rien de commun avec la recherche et l'afféterie qui avaient dominé jusqu'alors :
la Raraudeuse, la Charbonnière, le Maçon, YOuvrière en dentelle, la Blanchisseuse, le Tailleur pour femme.
De tout temps il avait montré un goût prononcé pour ce genre. 11 aimait à saisir les passants au
vol, à représenter la rue vivante. A seize ans, il avait déjà fait une" suite de dessins remarquables
par ce caractère, et auxquels il avait donné ce titre significatif : Diverses charges des rues de Paris.

Cochin jouit bientôt.d'une vogue immense ; les commandes lui viennent de tous côtés; sa verve et
sa facilité suffisent à tout. « Cependant, au milieu de cette production énorme et parfois un peu
lâchée, les artistes remarquaient quelques œuvres travaillées, des morceaux d'ambition plus sérieuse,
parmi lesquels il faut placer au premier rang des académies encore un peu taillées dans le type de
Boucher, mais d'une étude carrée et ressentie, remarquables par l'accentuation des méplats,
l'indication à la-fois nette et grasse des attaches de muscles, une savante distribution des lumières,
le détaillé des plans dans la masse : excellents, sains et agréables dessins de nature, dont Cochin
a fait les plus spirituelles et les plus savantes eaux-fortes, avec un travail simple et brillant, des
tailles larges et souples, mourant en traînées de pointillé sur le renflement de la forme, un modelé
de pointe qui donne à ces figures, à distance, le relief et comme le coup d'ébauchoir d'une terre »

Je trouve encore dans la biographie de Cochin par MM. de Goncourt un passage bien curieux par
la contradiction qu'il implique avec le jugement que les mômes auteurs ont porté sur le caractère de

1. L'Art xvme siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt, 2« édit., t. II, p. — 2 vol. in-8". Paris. Rapilly,

libraire et marchand d'estampes, 5, qua-i Malaquais, 1874.
 
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