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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 1)

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Leroi, Paul: M. Auguste Lanc̨on: à Aug. de L.
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https://doi.org/10.11588/diglit.16670#0091

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78 L'ART.

bagage de l'enseignement officiel, tout cet absurde fatras qui se débite avec la manière de s'en servir
au profit de la routine, la souveraine de ce monde-là, et permet de fabriquer tous les ans, dans le
même moule inusable, les mêmes tableaux, les mêmes statues, qui ne sont ni pires ni meilleures une
année que l'autre1.

Quant à l'emporte-pièce du langage, vous me connaissez trop pour me croire capable de jamais
plaider les circonstances atténuantes; ie vous dirai donc tout franc, mon cher ami, que ce n'est pas en
trempant sa plume dans une bavaroise au lait qu'on déracine des abus invétérés, ni même qu'on
intéresse à les déraciner, mais en usant de bonne encre, et l'encre est un liquide corrosif. Au siècle du
Roi-Soleil, — il est convenu que c'est le siècle de la politesse par excellence, — encore une con-
vention de digestion difficile quand on a lu ce terrible duc de Saint-Simon, l'illustre justicier
désillusionneur du grand siècle, — l'académique Boileau n'y allait guère par quatre chemins pour

appeler « un chat un chat, » et \ oltaire,
sous le règne suivant, — un homme pour-
tant de quelque éducation, — n'a jamais
mis les manchettes à périphrases de .M. de
BufFon pour désigner clairement par leur
nom choses et gens à exécuter. De notre
temps, — au temps de notre jeunesse, —
Théophile Thoré, le tant sympathique
Burger, a soigneusement été proclamé un
épouvantai! à bourgeois par la cohue des
médiocrités intéressées à étouffer sa libre
voix; on en faisait non-seulement un
membre de l'extrême gauche de la cri-
ticpie, mais un révolutionnaire aveugle
inventant follement et Delacroix, et De-
camps, et Rousseau, et Dupré, et Diaz, et
Barye, pour ne citer que ceux-là; inventés
et inventeur étaient destinés à périr sous
la risée de tout homme de bon sens; —
l'avenir, un très-rapide avenir, — s'est
chargé de prouver que le voyant, c'était
Thoré, que la vraie incarnation du sens
commun s'appelait Burger, et que ceux
qu'il avait soi-disant créés pour les besoins
d^ sa thèse étaient l'honneur de l'école

ANE, croquis d'Aug. Lançon.

française, les seuls vivants et destinés à
vivre d'une vie immortelle.
Ces illustres exemples n'existassent-ils point, il serait impossible de traiter avec un calme
olympien des sacrilèges qui calomnient l'Antiquité et la Renaissance en les affublant de leurs
faux nez et de leurs masques. Je sais fort bien qu'on peut parler et écrire fort élégamment
sur les beaux-arts avec une inaltérable placidité, et les preuves abondent qu'on réussit même
à le faire sans connaître ce dont on parle en termes si choisis; seulement, dites-moi si c'est là avoir
l'amour de l'Art qui est une passion, la passion consolatrice par excellence des plaies les plus
saignantes de la vie? La passion arrache, indignée, et masques et faux nez: elle ne les dénoue
pas. Mais je prêche un vieux converti. Il vous coule plein les veines du sang de réformateur

i. L'F.cole des Beaux-Arts est dirigée par un statuaire de talent, par un homme intelligent, M. Guillaume, membre de l'Institut, un
directeur on ne peut mieux intentionné, — il a le sentiment des besoins de son temps ; — demandez-lui quelle terrible rorce d'inertie lui
opposent dame Routine et sa légion de fidèles — 11 a eu l'excellente pensée de créer un tours d'art décoratif, et a choisi pour le donner
le plus digne, M. Galland, un artiste de grand mérite; eh bien, parmi ses doctes collègues, il en est bon nombre que l'introduction de cet
enseignement révolutionnaire dans le programme de l'Fxole fait bondir et intriguer contre M. Guillaume.
 
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