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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 1)

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Guiffrey, Jules: L' Académie de France à Rome: le passé, l'avenir
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https://doi.org/10.11588/diglit.16670#0126

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I 10

L'ART.

testable progrès. La royauté venait d'affranchir, par la formation de l'Académie de peinture, les
artistes de la tyrannie tracassière et jalouse de la communauté de Saint-Luc; les membres de la nou-
velle compagnie savaient au prix de quelles difficultés et de quels dangers ils avaient pu dans leur jeu-
nesse, seuls et abandonnés à leurs propres ressources, aller demander à l'Italie ces leçons suprêmes,
regardées comme le complément de toute éducation d'artiste ; ils devaient donc chercher à épargner
à leurs élèves une partie des inconvénients dont ils avaient souffert. Pour cela, il était nécessaire de
créer dans la capitale des arts un centre où les jeunes voyageurs trouvassent asile et protection. Cet
établissement devait devenir une pépinière d'artistes qui affranchiraient la France du tribut qu'elle
payait aux arts et à l'industrie des nations étrangères.

On sait que Colbert avait fait venir non-seulement des artistes, mais encore des artisans de tous
les pays, et que, tandis qu'on attirait à grands frais le Bernin en France pour lui demander des plans
inutiles, une véritable École d'art industriel, où étaient réunis des sculpteurs, des fondeurs, des mo-
saïstes, venus pour la plupart d'Italie, se fondait aux Gobelins sous la direction suprême de Le Brun.

Le roi ou son ministre ayant alors le monopole et par suite l'initiative de toutes les institutions
utiles au développement de l'art et de l'industrie, l'enseignement officiel de l'Académie de Rome deve-
nait le complément indispensable de la direction également officielle imprimée à l'École de Paris.
La discipline passive à laquelle le roi a su réduire tous les corps de l'État, Le Brun est chargé de l'im-
poser aux arts, et son influence, moins pernicieuse et plus intelligente qu'on ne le croit généralement,
se fait sentir aussi bien à Rome qu'à Paris.

Tandis que les bases de l'enseignement ont été profondément modifiées d'un côté; tandis que
notre École des Beaux-Arts tend sans cesse vers l'émancipation et est depuis longtemps soustraite à
la règle inflexible que lui imposait le premier peintre par la bouche du directeur des Bâtiments, l'École
étrangère, l'Ecole de Rome reste toujours soumise à de vieilles traditions, à une organisation suran-
née. Les pensionnaires, moins libres là-bas après la constatation éclatante de leurs aptitudes, qu'ils ne
l'étaient à Paris pendant les années d'apprentissage, sont soumis à des règlements étroits qui disposent
de leur vie et de leur travail, comme on pouvait le faire du temps de Le Brun. Ils échappent à peine
au joug léger de l'École des Beaux-Arts, qu'ils retombent sous une discipline bien autrement exigeante.
Est-ce logique? Est-ce sensé?

Il faut l'avouer, malgré des améliorations incontestables, mais encore insuffisantes, l'Académie de
Rome subit toujours l'influence de l'esprit qui a présidé à sa formation. Les idées modernes n'admettent
plus l'ingérence d'une direction exclusive dans tous les actes de la vie de l'artiste. Cette règle inflexible,
contre laquelle viennent se heurter les tendances, les tempéraments des natures les plus diverses, qui
impose à tous les mêmes travaux, qui détermine, sans tenir compte de l'âge, des dispositions naturelles,
l'emploi du temps de chacun, n'est plus en rapport avec les besoins et les aspirations modernes.

En résumé, si l'Académie de Rome mérite une place honorable dans l'histoire de l'art en France;
si, malgré les critiques qui lui ont été adressées et qui ne sont pas toutes injustes, elle a rendu par le
passé et rend encore d'utiles, d'incontestables services, la nécessité d'une réforme complète dans son
organisation, dans ses règlements, s'impose de jour en jour davantage. Sans parler des éléments étran-
gers qui lui ont été ajoutés, on ne sait trop pour quelle raison, je veux parler des musiciens qui ne
trouvent en Italie aucun motif d'étude et dont rien ne justifie l'envoi à Rome, il y a nécessité de modifier
complètement les conditions d'existence qui sont faites aux pensionnaires peintres, sculpteurs ou
architectes.

L'État, qui assure leur existence pendant vin certain nombre d'années, a incontestablement le droit
de leur demander compte de l'emploi de leur temps, d'exiger d'eux, en échange de ses sacrifices, un
certain dédommagement; mais de là à les assujettir à des travaux auxquels répugne leur nature, il y a
loin. La surveillance doit donc être discrète, tout en restant protectrice et efficace. On traitait jadis les
pensionnaires de l'Académie de Rome comme des élèves qui n'ont pas fini leur temps d'école, qui sont
encore sous la férule du maître, et qui sont exclusivement préparés à exécuter les travaux qu'il plaira
au roi de leur demander pour ses palais, ses églises ou ses manufactures, quand ils auront l'honneur
de porter le titre de peintres du roi. Aujourd'hui l'artiste ne peut plus compter sur cette protection;
il doit chercher sa voie par lui-même et obtenir le succès de haute lutte bien plus par son originalité que
 
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