Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Hinweis: Ihre bisherige Sitzung ist abgelaufen. Sie arbeiten in einer neuen Sitzung weiter.
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 1)

DOI Artikel:
Genevay, Antoine: William Hogarth, [1]
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.16670#0141

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
i24 L'ART.

deux ou trois figures maussades, d'un admirable dessin géométrique, et l'évèque anglican, ravi
de cette bonne fortune, s'était empressé de suspendre le chef-d'œuvre à la place d'honneur,
sur le maître-autel. Mais voilà que, quelques jours après, à tous les étalages des marchands,
la foule s'arrête et se presse autour d'une parodie de la merveille de Saint-Clément; elle est
si vive, elle est si juste, que Londres entier fut pris d'un fou rire. Pauvre Kent! son tableau
fut caché dans une chapelle obscure; et, quant à lui, d'artiste universel il devint tout sim-
plement jardinier! Ce fut la première exécution d'Hogarth. Sir James Thornhill, peintre du roi,
qui, lui aussi, avait été importuné par la célébrité de Kent, voulut connaître Hogarth, il le vit et
lui ouvrit son atelier.

Il y apprit le métier; pour la composition et le reste, il se montra rebelle; les ensei-
gnements et l'exemple du maître furent totalement perdus ; l'élève s'en moquait au grand
scandale de ses camarades, et il eut peut-être tourné en charge les tableaux de Thornhill, si
Thornhill n'avait eu une jolie fille. Hogarth devint amoureux de Jeanne, sut se faire aimer de la belle,
et le roman finit par un mariage contracté, il est vrai, malgré la volonté paternelle, le peintre
du roi ayant espéré pour son enfant un parti plus relevé. Cette union fut célébrée le 23 mars 1729.
Hogarth comptait alors trente-deux années , sa femme vingt seulement.

Brouillé avec sa fille, Thornhill ne lui donna point de dot, cela va sans dire, c'est l'usage.
Pour soutenir son ménage, Hogarth se mit à exécuter des portraits. Ils n'étaient point trop mal
peints, quoiqu'il ne fût ni très-grand dessinateur, ni très-brillant coloriste, mais ils avaient tous un
défaut, ils étaient trop ressemblants : taches de la peau, verrues, rides, bestialité ou sottise de la
face, fausseté du regard, tout y était en pleine lumière; l'artiste n'avait pas le pinceau complaisant,
il n'escamotait rien. Déplorable système pour avoir des clients! A la solitude de son atelier,
Hogarth ne tarda point à le reconnaître. Non-seulement on n'y venait pas, mais encore ceux qui s'y
étaient hasardés refusaient de prendre et de payer leur trop sincère image. Ce fut le cas d'un
pair très-noble, mais très-laid. Le peintre, d'humeur assez rude et pressé par le besoin, lui
écrivit ce petit billet :

« M. Hogarth prie Mylord d'agréer ses respects. Il l'informe qu'il n'a point exécuté son
portrait pour son propre plaisir, mais dans le but de gagner de l'argent; qu'en conséquence il
croit devoir prévenir Sa Seigneurie que si, dans trois jours, elle n'a pas retiré et soldé ledit
portrait, il en disposera, après l'avoir agrémenté d'une queue et de quelques autres appendices,
en faveur de M. Hare, célèbre montreur d'animaux sauvages, M. Hogarth s'étant engagé, passé le
délai donné, à le livrer à ce gentleman "pour une exposition de peintures, u

Ce billet eut tout le succès que le peintre pouvait en attendre : au reçu de la sommation, Sa Sei-
gneurie, en chaise ou en carrosse, courut enlever son portrait et solder l'artiste. Mais ces misères
le dégoûtèrent du métier, il y renonça. « Je suis résolu, dit-il, à faire de la comédie sur la toile, à
peindre, non des sujets classiques, mais des personnages modernes, à leur donner un caractère moral.
Je ne ferai plus de portraits bourgeois, je ne peindrai plus des héros imaginaires; je se?*ai utile. »

Hogarth ne se tint pas strictement parole, car, depuis, il peignit des « héros imaginaires », il fit des
compositions classiques, religieuses, mythologiques, historiques, et brossa des portraits dont quelques-
uns ne sont pas indignes de figurer à côté des nobles productions des grands portraitistes. A l'exposition
de Manchester, qui fut pour l'Angleterre ce qu'a été chez nous l'exposition en faveur de l'Alsace-I .or-
raine, notre ami Bùrger — le regretté Thoré — ayant eu l'occasion d'en voir un certain nombre réuni,
s'exprime ainsi :

« L'hôpital des Enfants trouvés de Londres avait envoyé un excellent portrait du capitaine Coram,
peint en 1743 et gravé par Mac Ardell. C'est, suivant moi, le meilleur portrait qu'Hogarth ait exécuté.
Aussi le vante-t-il beaucoup dans un passage de ses écrits. Le petit portrait d'homme assis de face et
vu jusqu'aux genoux est cependant préférable. Il appartient au comte d'Ellesmère ( Bridgewater
Gallery). »

11 y a quatre autres portraits : « Les deux enfants du comte de Stamford,. de grandeur naturelle, en
pied, habillés de blanc; — Martin Sfolkes, peint en 1741 ; — une vieille femme, — et Garrick, dans le
rôle de Richard III, grandeur naturelle; la toile a huit pieds de largeur sur cinq de haut; peint, en 1746.
 
Annotationen